Le Troisième Commandement.

TU DOIS SANCTIFIER
LE JOUR DE SOLENNITé.

Louis-Jacques voulait être un bon Croyant et même un bon Chrétien.

À l’école il avait appris par cœur les Commandements de Dieu et savait bien les réciter, lorsque le maître l’interrogeait. Souvent, il avait même eu droit, pour cela, à des « bons points » ou à des « images pieuses »…

Il sentait déjà bien, toutefois, que cela ne suffisait pas. Car le maître exigeait seulement que les Commandements soient connus « par cœur » - ou, plutôt, « par tête » -, parce qu’en réalité le Cœur ne participait nullement à cela. Par contre, il ne faisait pas réfléchir dessus, de sorte que, en classe, Louis-Jacques aurait aussi pu y mettre son cœur…

Maintenant qu’il était adulte, il voulait, lui au moins, prendre la peine de ressentir de part en part les Commandements de son Dieu qu’il avait appris à l’école. La légèreté avec laquelle ses camarades et, à présent, les adultes, avaient l'habitude de considérer les Commandements de son Dieu – Qui, qu’ils le veuillent ou non, était aussi le leur ! - le heurtait profondément. Pour sa nature sérieuse et réfléchie, c'était même de l'horreur qu’il éprouvait, tant la Sublimité qu’il éprouvait face aux Commandements se trouvait ainsi blessée.

Oui, à l'école, il les avait, certes, tous appris ! Superficiellement le maître les leur avait expliqués. Par exemple, « Tu sanctifieras le Jour du Repos ! » voulait dire « Le Dimanche matin, tu iras à la messe et tu ne travailleras pas l’après-midi ». Avec cela, tout le monde était content et croyait en avoir assez fait, lorsque les élèves étaient capables d’énoncer le Libellé du Commandement et que, lors de l’interrogation, ils étaient capables de dire que « sanctifier le Jour du Seigneur » voulait dire « aller à la messe dominicale » ou assister au « Service-de-Dieu ».

Mais Louis-Jacques avait ultérieurement observé que lorsqu’ils sortaient ensuite de l'école pour entrer dans la « vie active », alors la teneur du Commandement était bientôt oubliée, et ainsi, encore en plus, son sens élevé. Si quelques-uns fréquentaient encore un office religieux le Dimanche matin, ils le faisaient de façon machinale, comme des zombies, et s’empressaient ensuite d’oublier ce qu’ils avaient entendu en allant ensuite jouer aux courses ou assister à un match de football.

L’école du Dimanche, tenue l’après-midi dans la salle du patronage, par le Révérend, n’en intéressait que très peu et Louis-Jacques doutait que le prêchi-prêcha du Révérend éveillât beaucoup d’âmes… Rapidement, il s’était rendu compte qu’ils atteignaient un bien meilleur résultat en demeurant à la maison l’après-midi !

Lui, il voulait savoir ce que son Seigneur et Dieu exigeait de lui. Il réfléchissait donc à cette Notion : Que son Créateur lui demandait-il vraiment ? En fait, plus il y réfléchissait, plus il se rendait compte que son Créateur voulait seulement qu’il soit, oui, heureux ! Dieu lui « commandait » d’être heureux ! Quelle Joie c’était, pour lui, d’obéir à un tel Commandement !

Ainsi les Commandements n’étaient pas ressentis par lui comme une Exigence en provenance d’un Dieu Qui, parce que Lui Seul est le Créateur – et donc le véritable Propriétaire ! – de tout ce qui existe, aurait été en droit d’exiger, mais, bien au contraire, uniquement comme des Dons supplémentaires, faits par Amour, à tous les êtres humains créés par Lui.

Et Il leur donnait à tous ce dont ils avaient si pressamment besoin ! Et ce dont ils avaient besoin, c’est de claires Directives leur évitant de se perdre ! Louis-Jacques connaissait, en effet, la faiblesse humaine ; il savait que sans la haute Guidance Divine les êtres humains – lui y compris – auraient tous déjà étaient complètement perdus. Un homme sans Dieu était pour lui un homme égaré.

C'est ainsi que Dieu, comme un bien meilleur éducateur que son ancien maître de l’école des frères, lui avait fidèlement montré, par Ses Dix Commandements à lui donnés par l’intermédiaire de Moïse, le Chemin conduisant vers le Paradis éternel dans Son lumineux Royaume – précisément là où Louis-Jacques voulait aller ! -, donc vers son bonheur absolu.

Louis-Jacques savait que, si jamais ils devaient les « oublier », l'inobservance des divins Commandements, pour lui, sa femme Rosita et leurs enfants Pierre, Jacques, André et Noémie, devrait automatiquement les conduire au malheur et à la perdition ! C'était précisément pour cela qu’il ressentait fortement que ces « Commandements » étaient, en fait, pour eux tous comme pour tout être humain vivant sur cette Terre et ailleurs, l’Aide la plus sûre et la mieux intentionnée.

En fait, il s’agissait, bien davantage, de judicieux conseils, les mieux intentionnés qui soient ! Par eux, Louis-Jacques & Rosita pouvaient connaître le juste Chemin à suivre à travers la matière, et le désir d'apprendre à connaître ce merveilleux Chemin lui était déjà venu alors même qu’il était encore tout petit. Dans cette conscience, Louis-Jacques & Rosita se sentaient très solitaires. Heureusement qu’au moins ils la partageaient tous les deux et que leurs enfants y semblaient aussi réceptifs !

Les anciens camarades de Louis-Jacques et Rosita, toutefois, s’étaient beaucoup trop enfoncés dans leurs propres processus de pensées et ne voulaient rien entendre ni voir d'autre en dehors des conceptions qu’ils s’étaient eux-mêmes édifiées. La vie, c’était, pour eux, jouir dans le sens uniquement terrestre, sans aucune recherche vis-à-vis d’un But élevé.

Ils ne se rendaient pas compte à quel point Babylone, le poison de la fausse pensée matérialiste, les avait inoculés, de sorte que, dans le cycle de la matière - auquel, inconsciemment, ils participaient -, la matière la plus grossière de leurs corps terrestres, plus loin, toujours plus loin les portait, jusqu'à atteindre la limite où, alors, pour eux, pour la dernière fois, ils auraient une dernière Décision à prendre.

Ce serait la décision de leur vie, laquelle serait déterminante pour leur Existence tout entière, en fonction de laquelle, sans, encore une fois, pouvoir revenir en arrière, ils auraient à suivre leur chemin librement choisi par eux-mêmes jusqu'à ce que la Fin arrive…. Pour finir, ils seraient, eux aussi, contraints de reconnaître l’Intangibilité des Commandements Divins. Mais Louis-Jacques savait aussi que lorsque la Reconnaissance n’est pas volontaire, alors elle arrive trop tard, de sorte qu’elle ne sert plus, pour les trop insouciants retardataires, telles les vierges folles de la Parabole, qu'à accroître encore plus leurs tourments.

Afin d’éviter, à tous, le mortel engourdissement spirituel, de sorte que, à eux, malgré leurs regrettables égarements, encore à temps, la Reconnaissance puisse échoir, Dieu avait donné aux êtres humains, dont Louis-Jacques et Rosita faisaient partie, le Troisième Commandement, c’est-à-dire le précieux conseil de sanctifier le jour de Solennité !

En s’efforçant de mettre en pratique ce si important Commandement, dans les cœurs de Louis-Jacques et de Rosita, au fil du temps, peu à peu, avait surgi la nostalgie d'aspirer à la Lumière, et avec cette ardente nostalgie s’était finalement, aussi, encore montré le Chemin qui les conduisait vers le haut, en Accomplissement de leurs désirs qui, devenant toujours plus forts, s’étaient concentrés en une prière. Alors, en cette décisive époque du Grand Virage, ils se tenaient là, debout, d’une manière bien différente ! Ils étaient, oui, pénétrés par l'esprit, mûrs pour le Royaume qui, alors, était sur le point de commencer…

Ils avaient écouté l’écho du Commandement en eux et s’étaient efforcés d’agir en conséquence, afin que l'accomplissement de ce si important Commandement prépare leur chemin ! Ils devaient sanctifier le jour de Solennité ! Oui, eux ! Ils devaient donner au jour de Solennité hebdomadaire sa haute consécration, le rendre, pour eux-mêmes, sacré !

Le jour de Solennité, c'était certes l'heure de Solennité du Dimanche, lorsque Louis-Jacques se reposait du dur travail de goémonnier que son chemin sur la Terre lui imposait. Mais pour consacrer ce Jour de Solennité, ce jour de repos, à Dieu, il était nécessaire qu’il ne songe pas seulement à soigner que son corps ! Et lorsqu’il voyait ses anciens camarades de classe qui, avec lui, avaient si bien appris « par tête » leur catéchisme à l’école, uniquement rechercher la distraction dans la télévision, le tiercé, les jeux, les bars ou les dancings, il était horrifié !

Lui, dans la tranquillité, allait se recueillir, avec Rosita, dans leur petit oratoire privé en pleine Nature. Ils se concentraient en pensée de sorte à mieux ressentir et ils contemplaient leur vie terrestre écoulée jusqu'ici, et, en particulier, tout ce qu’ils avaient vécu et accompli, du Lundi au Samedi, au cours de la semaine précédente. Leur but était d’en retirer une utilisation-profitable pour l’avenir. Ces six jours ayant immédiatement précédé, ils arrivaient toujours à se les remémorer, avec leurs joies et belles expériences vécues, mais aussi leurs manquements et, en découlant, leurs peines, leurs frustrations, leurs heurts mutuels ou avec d’autres, alors que les semaines précédentes s’étaient déjà largement évanouies dans leurs souvenirs…

De ce fait, ils arrivaient à ressentir plus profondément, de sorte à progressivement s’élever vers de plus hautes Réalités. Louis-Jacques se souvenait de la Nostalgie qu’il avait ainsi éprouvée envers la Vérité. Il avait conscience de s’être ainsi gagné un statut de chercheur, ce par quoi, à lui aussi, un chemin avait été montré en images.

En ces jours-là, les Dimanches, il examinait, explorait attentivement le nouveau Chemin spirituel s’ouvrant à lui et sur lequel il avait commencé à marcher. Il avançait posément, pas à pas, afin de toujours garder un solide terrain sous ses pieds. Rosita lui disait : « Toi, au moins, Tu ne risques pas de faire de bonds ! ». Il lui répondait : « C’est parce que je ne veux pas tomber ! ». Ils savaient tous les deux qu’en avançant ainsi prudemment, un pied après l’autre, au cours des heures de Solennité du Dimanche, ils ne perdraient jamais rien, mais, au contraire, ne feraient qu'y gagner.

Le matin, ils s’en allaient à l’église pour l’office de 10 Heures et écoutaient attentivement la Proclamation de la Sainte Parole. Puis, l’après-midi, ils réfléchissaient, d’abord tous les deux, puis ensuite en famille, au sujet de ce qu'ils y avaient entendu, pour l'accueillir correctement en eux et le vivre. Ils savaient que le prêtre, à lui tout seul, ne pouvait pas, à leur place, sanctifier leur journée de repos, s’ils ne le faisaient pas eux-mêmes.

Au fond d’eux-mêmes, ils s’efforçaient, chaque Dimanche, de soupeser avec leur Intuition spirituelle, afin de savoir si leur activité ayant précédé les six jours précédents se tenait complètement en accord avec le véritable sens de la Parole de Dieu qu’ils avaient entendue. C’est de cette manière qu’ils sanctifiaient le Jour de Solennité, le Jour du Repos, le septième Jour. Grâce à leur calme rentrée-en-eux-mêmes, ils arrivaient à atteindre ce contenu correspondant au but pour lequel le Troisième Commandement avait été instauré.

Chaque nouveau jour de Solennité – et pas seulement les Dimanches ! - devenait ainsi une Pierre-marquante sur leur chemin, une Pierre qui, aux journées « ordinaires » de leur activité gros-matérielle normale, conférait aussi, rétroactivement, cette valeur que celles-ci, pour le mûrissement de leurs âmes, devaient avoir. Elles n’étaient pas vécues en vain et ils progressaient constamment…

« Sanctifier », pour eux, voulait dire, « ne pas gaspiller », ne pas gâcher le précieux temps de Liberté par des choses vides et futiles mais travailler au mieux au Perfectionnement de leur être intérieur. Ce Temps leur avait été offert pour le mûrissement et ils savaient qu’un jour prochain il ne leur serait encore donné qu'un bref laps de temps pour rattraper tout ce qu’ils avaient négligé au cours de leurs vies antérieures…

Pour cela, ils utilisaient toute la force dont ils disposaient encore. Et ce faisant, ils étaient conscients de réellement sanctifier le jour de Solennité ! Lorsque le temps était froid, brumeux ou pluvieux, ils se recueillaient dans leur petite maison en paille recouverte de terre ocre, ou, mieux encore, lorsque le Soleil arrivait encore à darder ses feux, en pleine nature, de préférence près d’une source ou au pied d’un arbre multi-centenaire, ce qui contribuait grandement, de par l’effet exercé dans leur pensée et leur ressenti, à les faire devenir complètement éveillés comme le Bouddha !

Ils accomplissaient ainsi le Troisième Commandement du Seigneur et c'était pour leur plus grand Bien !

Lorsque le Temps de la Fin fut achevé et que le Grand Virage fut entré dans sa phase décisive, ayant retiré un Profit maximal du temps qui leur avait encore été concédé en vue de surmonter leurs handicaps initiaux, ils étaient enfin fin prêts à pénétrer dans le Royaume de Dieu sur la Terre !

 

Jacques Lamy


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