Le Neuvième Commandement.

« NE CONVOITE PAS
LA FEMME DE TON PROCHAIN !
 »

 

 


Le fait qu’il existe aussi le 6ème Commandement montre que les deux – le 6e et le 9e (même si le 9 est un 6 inversé et inversement) - ne doivent pas être confondus.

Le 6ème Commandement, comme déjà vu, vise la tentative de brisure du mariage – véritable sens du concept « adultère » (en allemand : « Ehebruch » : « brisure/cassure de mariage ») - intervenue de l’extérieur.

À noter, à ce sujet, que le verbe allemand « gelüsten » ici rendu par « convoiter » peut aussi vouloir dire « avoir envie »

La convoitise sexuelle peut, parfois, conduire, elle aussi, afin de pouvoir posséder tout à son aise l’objet de son désir, à tenter de briser un mariage, et donc occasionnellement relever, elle aussi, du sixième Commandement (c’est l’un des motifs possibles de l’adultère mais il y en a bien d’autres – notamment de la part des parents ! - n’ayant rien à voir avec la convoitise sexuelle), mais, de façon générale, sa condamnation relève du neuvième Commandement et non du sixième.

Ce qui est clairement visé par le 9ème Commandement c’est donc bien fondamentalement la convoitise sexuelle.
Celle-ci relève, en l’être humain, de l’instinct corporel, semblable en cela à celui des animaux.

Alors, qu’est-ce qui fait la différence dans le cas de l’être humain ? L’animal est soumis à ses instincts et demeure en cela entièrement naturel, car, même s’il est pourvu d’une âme entéallique (anima = âme ; entéallique = qui possède un être créé), le principe spirituel plus élevé - déterminant la faculté de libre vouloir et son inévitable corollaire, la responsabilité - ne l’habite pas.

Si l’être humain, par contre, a aussi des instincts il n’est pas ses instincts et se tient donc – en tant qu’être spirituel – au-dessus d’eux. Cela signifie qu’il doit toujours en être non l’esclave mais le maître.

Au lieu de cela, en cas de transgression du neuvième Commandement, l'être humain laisse surgir, lié au désir qu’il éprouve, l’instinct sexuel, aussitôt que l'occasion pour cela lui en est offerte !

C’est donc cela l’impure convoitise : des désirs et des instincts non maîtrisés ! Être devenu esclave de ses propres désirs corporels.

Cela peut, certes, concerner tous les êtres humains, hommes et femmes, mais cela concerne, comme il ressort de l’énoncé du Commandement, en premier lieu, les hommes, car le Commandement dit bien « Ne convoite pas la femme de Ton prochain ! » et non pas « Ne convoite pas l’homme ou le mari de Ton prochain ! » !

À ce sujet, notons au passage l’ambiguïté du mot « femme » en français. Une « femme » est souvent comprise comme l’« épouse », de même que, parfois, une femme dit aussi - mais cette fois plus familièrement - « mon homme » pour désigner son mari ou alors simplement son compagnon (ce sera, en effet, donc une appellation plus facilement utilisée en cas de couple non marié).

Le mot fille, lui aussi, est aussi ambivalent en français, car il désigne, à la fois (mais, cette fois, il n’y en a pas d’autre !), la jeune fille en elle-même (par opposition au garçon) mais aussi la fille de son père ou de sa mère (par opposition au fils).

Cette ambiguïté du mot « femme » n’existe pas en allemand. En effet, l’énoncé du Commandement en allemand dit : « Laß Dich nicht gelüsten Deines Nächsten Weibes ! ». C’est donc le mot « Weib » (d’usage moins courant que « Frau ») qui est ici utilisé et qui désigne la femme (comme dans « Das Weib der Nachschöpfung » = « La femme de la Création Postérieure ») en tant que telle et non spécifiquement l’épouse (qui, en allemand, se dit : « Die Gattin »).

C’est la raison pour laquelle, lorsqu’il est dit : « Ne convoite pas la femme de Ton prochain ! », cela ne se rapporte pas seulement à la femme mariée mais, de façon générale, à tout le sexe féminin. Donc également aux filles ! Par le mot filles (en allemand « Töchter »), ici, il ne faut pas {seulement} comprendre les filles par opposition aux garçons mais les filles (par opposition aux fils) – donc les enfants - de Ton prochain.

Cela permet de concevoir, plus précisément, que la transgression du 9ème Commandement ne concerne pas seulement la fille – ou la femme – convoitée – elle-même mais inflige aussi un préjudice à ceux – les parents ou le mari – à qui elle est liée par une appartenance filiale ou maritale. La souillure et le déshonneur de la convoitise rejaillissent alors sur la famille concernée.

Et quand une telle transgression se produit-elle ?

Cela se produit lorsqu’une occasion pour cela est donnée ! « L’occasion fait le larron » dit fort justement le proverbe, et c’est bien pourquoi il ne faut pas tenter le larron en laissant étourdiment sa porte ouverte en son absence !

Car, alors, s’il y a un vol, le volé en porte aussi une part de responsabilité !

Cela est, du reste, la même chose en cas de viol (lequel est aussi un vol !) : Si une femme se comporte de façon intentionnellement aguichante ou même simplement étourdie en dévoilant inconsidérément une part de ses « charmes » ou « appas » (lesquels sont aussi souvent des « appâts » !), bien que cela n’excuse en rien le violeur, elle porte aussi une part de responsabilité quant à ce qui lui arrive…

Voyons maintenant comme s’éveille l’instinct.

Beaucoup d’êtres humains, en particulier parmi les hommes, diront qu’ils ne sont pas « en bois » et aussi, reprenant une épître de l’Apôtre Paul, qu’« il vaut mieux se marier que de brûler ! » (I Corinthiens VII-9).

Pourtant, il est une chose de la plus grande importance et dont - bien que la plupart des êtres humains s’efforcent toujours de se leurrer à ce sujet - il faut absolument devenir conscient, c’est que l'instinct sexuel est exclusivement éveillé par la pensée ! C’est donc le fait d’« y penser » qui réveille l’instinct.

Rien que le mot « putain », sonnant, aujourd’hui, de façon très grossière, témoigne éloquemment de cela. En effet, il vient du verbe latin « puto, putas, putare, putaui, putatum », qui signifie : « je pense ». Que le nom désignant la fille – ou la femme – à laquelle « je pense » soit devenue synonyme de « prostituée » en dit long sur la nature et la valeur de mes pensées à son sujet !!!

Tout réside donc dans la pensée.

Le processus est donc le suivant : la vue et le contact (déjà la vue chez l’homme et plus le contact chez la femme) éveillent la pensée, qui, à son tour, éveille l’instinct !

Mais sans pensée préalable l’instinct ne peut absolument pas s’activer ! Prétendre le contraire c’est se leurrer soi-même ainsi que les autres !

Il n’y a à cela aucune exception. Le toucher, lui-même, ne peut, non plus, éveiller l'instinct. Ce n'est, à nouveau, qu'une illusion auto-entretenue. Le contact corporel n'éveille, éventuellement, que la pensée de la chose et c'est cette pensée relative au corps, « objet » du désir, qui, à son tour, éveille alors l'instinct !

Il est naturel de penser à la femme que l’on aime ! Et aussi, au cours du rapprochement, de penser à elle charnellement. Mais, vis-à-vis d’une personne qui n’est pas aimée d’un pur Amour, de telles pensées n’ont pas de raison d’être ! Elles ne peuvent alors être que des pensées de basse convoitise ! C’est cela que l’on appelle la concupiscence : le désir de la chair sans Amour !

Naturellement, de telles pensées s’éveillent bien plus facilement en certaines circonstances, en particulier lors d’un tête-à-tête, et surtout si la femme, délibérément ou par inconscience, offre aux regards une partie de son corps…

De telles circonstances peuvent se présenter sans les avoir voulues, mais elles peuvent aussi avoir été recherchées… Mais même si elles n’ont pas été délibérément voulues, les conséquences peuvent être les mêmes. Pour éveiller des pensées de convoitise, l'occasion qui se présente est donc ce contre quoi les êtres humains désireux de se préserver de toute faute doivent se protéger !

En un tel domaine il ne faut pas craindre d’avoir comme mot d’ordre : « Courage !, fuyons ! » Car le vrai courage sera ici de fuir la tentation, dont Oscar Wilde, avouant sa faiblesse, avec son humour et son culte du paradoxe, disait : « Je résiste à tout, sauf … à la tentation ! »

En l’époque présente, il convient donc d’ainsi se prémunir contre le danger de pêcher. En effet, l'humanité actuelle, dans son ensemble, est bien trop faible pour résister aux tentations de ce genre ! Bien rares sont ici les exceptions ! Un être humain capable de résister aux tentations, quelles qu’elles soient, doit, tout d’abord, suffisamment se renforcer, de sorte qu'il soit devenu capable de garder le foyer de ses pensées pur, ce qui, de nos jours, hélas, vu l’ambiance délétère, est devenu mission quasiment impossible ! Mais avec des êtres humains devenus capables de maintenir le foyer de leurs pensées pur une transgression du Commandement est devenue impossible !

Pour cette humanité, la véritable Moralité ne viendra que plus tard, lorsque de nombreuses tempêtes purificatrices auront déferlé sur elle, mais, d’ici là, éviter l’occasion permettra à chaque aspirant au Beau, au Noble et au Pur de se préserver s’il s'efforce rigoureusement de ne jamais susciter l'occasion de se retrouver seul avec une personne de l’autre sexe !

En particulier si cette personne est, à cet égard, dotée d’indéniables attraits physiques et si elle n’a pas largement dépassé l’« âge canonique » !

Si un viol est commis, cela n'est pas forcément facile de libérer son âme du poids de cette faute, puisque, en l’occurrence, les conséquences négatives ne touchent pas seulement soi-même mais aussi un autre être humain, sans même parler d’éventuels « dommages collatéraux », en particulier lorsque la personne convoitée appartient déjà à quelqu’un d’autre. Le danger que le plus élevé demeure longuement lié au plus bas est donc grand. Et pour ce qui est de pouvoir s’élever ensemble d’un même pas, il c’est là l’exception et non la règle.

Il n’est, toutefois, pas interdit – et heureusement ! – de se rapprocher d’une personne de l’autre sexe en vue d’une légitime recherche d’âme duelle (aussi appelée « âme-sœur ») en vue, pour le moins, de la formation d’un couple ou même du mariage.

Il n’y a donc pas de confusion possible. Lorsqu’un homme aime véritablement une femme il veut, tout d’abord, la respecter, ne pas la souiller par des désirs purement corporels ou même seulement excessifs. Le désir doit donc être bi-latéral et non seulement uni-latéral. Chacun doit y trouver son compte pour que l’abandon soit total. L’équilibre doit aussi en cela régner.

Le 9ème Commandement se réfère donc à la rigoureuse Loi de Dieu contre la séduction (fait d’écarter quelqu’un du droit chemin) et le viol (abus de l’autre). Bien sûr, du fait de sa position active dans le couple et aussi de sa force physique généralement plus grande, c’est l’homme qui est, ici, le premier concerné. Bien que le « harcèlement sexuel » puisse aussi exister dans ce sens-là, l’on imagine mal une femme violer un homme. Par contre, elle pourra déployer tous ses « charmes » pour tenter de le séduire

La souillure, toutefois, n’intervient pas seulement lorsque l’acte est commis, mais des pensées issues d'une secrète convoitise agissent déjà de façon flétrissante. La pensée de convoitise est, en effet, déjà à l’origine de tout le mal pouvant résulter d'un acte sexuel illégitime, elle est déjà la transgression du Commandement, qui, nécessairement, donne lieu au châtiment se manifestant ensuite à travers un karma, ce qui devra ensuite, d’une manière ou d’une autre, dans cette vie ou une autre, inévitablement être dénoué avant que l'âme puisse de nouveau s’en trouver libérée.

En ce domaine, peut-être encore moins qu’en aucun autre, il n’est permis de jouer en pensées, car la pensée est formatrice et forme aussi le lieu de séjour des âmes, lorsqu’elles doivent s’être libérées du corps gros-matériel. Non les pensées ne sont pas « exemptes de taxes », et il n’est pas permis de rêver en se représentant en imagination le corps d’une personne qui ne vous appartient pas !

Mais si la séduction en arrive à être consommée, donc aboutisse à l’acte sexuel, alors les transgresseurs doivent, à moins de pouvoir réparer, sur Terre, corporellement et animiquement, le mal occasionné, craindre la rétribution alors encore à venir…

La notion de séduction pouvant aboutir à un viol suppose, toutefois, le non-consentement de l’autre, la femme alors considérée comme un simple objet de désir et de plaisir n’ayant pas son mot à dire… Que cette femme soit ou non mariée, là est, vis-à-vis de ce Commandement, la faute fondamentale. Là est l’abus, là est la violence.

Et cela vaut même si, au dernier moment, la femme, initialement résistante, s’abandonne, elle aussi, pour finir, dans l’instant, à l’intensité du désir charnel.

Si, en plus, quelque chose est, là, pris (donc volé !) à un mari ou à une épouse (cela est effectif lorsqu’il s’agit d’un Mariage véritablement conclu au Ciel – voir en cela les conditions d’application du 6ème Commandement), alors cela relève, en plus, du 6ème Commandement.

L’authentique Chasteté (laquelle n’empêche nullement l’accomplissement des légitimes désirs sexuels) est ici la meilleure garante, car elle cultive la pureté des pensées et évite de causer du tort à autrui pour réaliser - qu’il soit ou non de genre gros-matériel - un quelconque désir personnel.

L’homme chaste, même s’il est sûr de ne pas succomber à la chair, évite toutes les occasions, car ainsi il ne se met jamais, non plus, en danger de se laisser aller à des pensées coupables. Il se soucie et donc il veille ! Il maintient, en toutes circonstances, le foyer de ses pensées pur ! Alors il est assuré de ne jamais violer ce Commandement ni aucun autre !

La pensée courante, jadis régnante, relativement à ce genre de transgression, était qu’il fallait ensuite « réparer »… L’on entendait par là que l’homme devait ensuite épouser la fille qu’il avait séduite, surtout si celle-ci risquait, encore en plus, sans l’avoir voulu, de se retrouver enceinte. Pourtant, comme « réparation », cela ne valait que rarement. En effet, un mariage sans Amour de l'âme n'est, devant Dieu, pas valable. Et ce n’est pas parce qu’un homme s’est trouvé attiré par le corps d’une jeune fille qu’il va ensuite nécessairement aimer son âme. L’inverse est beaucoup plus probable…

Cela ne vaut pas non plus comme excuse si un séducteur ou une séductrice cherche ensuite à se faire croire à lui-même ou à elle-même que le mariage était ensuite probable.

Lorsque l’on désire épouser une jeune fille, l’on ne commence pas par la violer !

D’abord, vous lui demandez sa main et ensuite, si elle veut bien vous la donner, alors vous vous hasardez à attirer doucement cette main vers vous afin de provoquer progressivement un rapprochement encore plus grand…

Une femme désirant qu’un homme la demande en mariage n’essayera pas, non plus, de, d’abord, le séduire en lui faisant valoir ses atouts corporels, mais elle attendra tranquillement que l’homme s’approche délicatement d’elle en se réjouissant de chaque petit pas fait par lui vers elle…

Le véritable amour de l'Âme est, en fait, la meilleure protection vis-à-vis de la transgression du 9ème Commandement, puisque un être réellement Aimant, pour l'autre être aimé de lui, ne veut toujours que le meilleur.

Et le meilleur pour l’être réellement Bien-Aimé, cela ne sera jamais des désirs ou des exigences contraires à l’honneur ou même carrément avilissants, des désirs qui, au lieu de l’élever, abaissent l’autre, ce à cause de quoi, précisément, pour la protection de tous les êtres humains, femmes ou hommes, ce Commandement, comme tous les autres, fut donné par Dieu !

 

Pierre Le Dantec

 

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