L’impudeur généralisée,
un affligeant constat

 

 

Tout particulièrement en période de vacances estivales, les corps se dénudent non seulement sur les plages mais aussi sur les places, dans les rues, et, de façon générale, la plupart des lieux publics

C’est l’occasion de faire un affligeant constat : L’impudeur est plus général{isé}e que jamais !
 

Qu’est-ce que la pudeur ?

 
Selon le « sens commun » ou plutôt « communément répandu », l’on pourrait se demander si la pudeur ne serait pas :

- Un aliénant défaut à corriger ?

- Une maladie à soigner et à guérir ?

- Une superstition d’un autre âge à balayer ?

- La même chose que la « pruderie » ou « pudibonderie » ?

Si l’on interroge l’homme – ou la femme – « de la rue », l’on ne pourra que constater que la notion n’est nullement claire dans les consciences.

En vérité, l’impudeur ne peut être ni guérie ni corrigée.

Car si l’on dit à une femme impudiquement dévêtue d’aller se rhabiller, l’on n’aura pas, pour autant, transformé une {femme} impudique en {femme} pudique, l’on aura juste transformé une impudique{ment} déshabillée [ou peu] en une impudique habillée.

Si des contraintes extérieures à eux-mêmes obligent les êtres humains à s’habiller et même à s’habiller de la même manière, ils n’auront pas la possibilité d’exprimer ce qu’ils/elles sont, ce qu’ils/elles portent en eux/elles.

Par contre, si la loi se montre « tolérante », voire même laxiste, et si la météo le permet, alors beaucoup qui n’auraient pas pu le faire autrement, vont alors exprimer extérieurement comment ils/elles sont, en réalité, intérieurement.

Et c’est que le constat va se révéler affligeant. Car l’impudeur, c’est tout simplement l’absence de pudeur, laquelle pudeur est destinée à protéger l’être intérieur.

Plus l’être intérieur est précieux, autrement dit, plus sa valeur est grande, plus la pudeur est grande. Il y a là une relation directe, quasi-mathématique, infaillible.

Quelqu’un qui affirme qu’il/elle n’a, à cet égard, « rien à cacher » indique, en fait, précisément, qu’il/elle n’a rien de précieux à cacher.
 

La pudeur de l’âme et celle du corps

 
Bien que de genres différents les deux pudeurs sont indissociables : Une absence de pudeur corporelle empêche la pudeur de l’âme d’exister, et qui exhibe son âme exhibera aussi son corps.

Et, bien souvent, inversement.

Étant donné que la pudeur n’est ni une vertu ni une qualité à développer, mais uniquement la naturelle caractéristique de l’être humain en lequel se trouve un esprit valeureux, l’on ne peut donc pas développer sa pudeur en « travaillant sa pudeur », encore moins en s’autosuggestionnant avec des assertions du style « il faut que je sois pudique ».

Être pudique pour faire plaisir à quelqu’un n’est pas être pudique, mais juste faire semblant d’être pudique.

Cela veut-il dire que si l’on ne ressent pas intérieurement la nécessité d’être pudique, l’on peut se laisser aller, sans complexes, en toutes sortes de lieux ou de circonstances (ce qui est dit là ne concerne naturellement pas la vie privée, dans l’intimité du foyer ou même d’une chambre conjugale, mais uniquement la vie plus ou moins publique), à se promener nu ou à demi-nu dans toutes sortes d’accoutrements plus ou moins extravagants ? Assurément pas ! Car, en attendant que cela devienne pleinement naturel, la nécessité de la protection, pour soi-même et pour autrui, demeure. En attendant, un salutaire « instinct d’imitation » de ce qui est ressenti comme juste et harmonieux chez autrui, analogue à celui existant chez les enfants, jouera un rôle salutaire.

La pudeur, en fait, se développe naturellement en conséquence de la valeur croissante de l’être intérieur, autrement dit en conséquence du développement spirituel personnel.
 

« Qui T’a dit que Tu étais nu ? »

 
La question biblique est une forte interpellation. Elle signifie déjà que lorsque l’on pénètre dans un genre étranger à soi-même l’on s’y sent obligatoirement nu et l’on éprouve donc alors le besoin de s’y couvrir avec une enveloppe de même genre que le milieu étranger.

Le mot « Stoff », qui, en allemand, désigne la matière (et, en français, rappelle le mot « étoffe ») se réfère à ce processus où l’être humain ressent intérieurement le besoin de se couvrir avec une enveloppe de même genre que celui du milieu ou environnement en lequel il se trouve.

Dans l’ordre d’apparition des concepts, ce n’est pas l’étoffe [« Stoff »] avec laquelle l’être humain s’habille qui a donné naissance au mot « Stofflichkeit » [« matière »}, mais c’est, au contraire, le concept de la matière, tout d’abord saisi par l’être humain - laquelle matière sert au nécessaire habillage de l’esprit/âme dans un environnement étranger – qui a, ensuite, été étendu à l’étoffe avec laquelle l’esprit humain se couvre pour se protéger dans ce milieu étranger.
 

Attentat à la pudeur

 
Cette notion encore retenue, de nos jours, par de nombreuses législations montre la violence qui peut être faite à l’égard de quelqu’un, éprouvant à l’égard de toute exhibition incongrue une saine et naturelle pudeur.

En ce cas l’on considère que la pudeur est offensée, non seulement lorsque l’intimité d’une personne peut se trouver violée, comme par le fait d’être déshabillée contre sa volonté, mais aussi lorsque l’exhibition des corps partiellement ou totalement nus des autres agit de façon gênante voire agressante sur celui ou celle qui n’a pas demandé à voir des corps nus étrangers.

À ce moment-là, c’est l’impudeur des autres envers leur propre corps qui offense le sens de la pudeur de celui qui l’éprouve.

Prenons le cas de quelqu’un qui ressent de la pudeur, mais qui s’imagine faussement que c’est quelque chose qui doit être « surmonté », puisque résultant uniquement d’une éducation « puritaine » ou même d’un conditionnement remontant à l’enfance. En luttant contre son intuition de pudeur et en n’en tenant pas compte, donc en la transgressant, la personne en question va d’elle-même rendre son être intérieur sans valeur, car elle permet alors à tous d’entrer en elle « comme dans un moulin »…
 

Le But de l’évolution humaine

 
Or, le But de l’évolution humaine est l’acquisition d’une personnalité propre, consciente d’elle-même.

Cette personnalité ne peut se constituer que par opposition au monde extérieur. Pour cela, il est nécessaire de tracer de rigoureuses limites entre ce qui est le « Je » et ce qui ne l’est pas. La pudeur est précisément faite pour cela. Sans pudeur, pas de maturation possible du Noyau intérieur.

Ce processus est bien mis en lumière dans l’ouvrage « Le Petit Prince » de Antoine de Saint-Exupéry, lorsque le Petit Prince est obligé d’attendre que sa Rose (symbolisant la conscience) en bouton fabrique, tranquillement refermée sur elle-même et dans le secret du bouton, tous ses pétales avant de pouvoir, fièrement, se présenter, ouverte, comme une Rose épanouie.

Sans ce mystérieux processus accompli dans l’intimité et le secret de l’être intérieur en gestation, jamais un réel développement ne peut s’ensuivre.

La présence obligatoire de l’embryon devenant fœtus dans le sein maternel pendant neuf mois ne nous dit pas autre chose…
 

« A-pudeur » naturelle

 
Les enfants ne sont pas pudiques. Cela veut-il dire qu’ils soient impudiques ? Non pas ; ils sont justes, comme les animaux, a-pudiques, encore en dehors de cette Notion-là. Donc, aucune déficience en cela aussi longtemps qu’ils sont encore des enfants. Car la pudeur n’apparaît naturellement, de façon progressive, qu’à {l’âge de} la maturité corporelle, autrement dit à la puberté, donc à l’adolescence. À ce moment-là, en effet, grâce à la « force-sexuelle » [« Sexualkraft »], une parfaite liaison est établie entre l’esprit habitant dans le corps et le monde extérieur, et c’est ce phénomène qui est à l’origine de l’apparition de la pudeur, car, sans présence effective de l’esprit dans le corps, la réelle pudeur ne peut se manifester.

C’est aussi précisément la raison pour laquelle les animaux ne sont, eux non plus, pas pudiques, mais, vis-à-vis de cela, « à l’état d’innocence » ; ils sont, eux aussi, en dehors de cette Notion, car, tout comme les êtres de la Nature, ils ne portent pas l’esprit en eux.

Peut-être est-il encore possible de dire de quelques peuples qu’ils sont, eux aussi, encore « à l’état d’innocence », bien que, à vrai dire, un tel état devrait déjà être dépassé depuis longtemps, de sorte que ceux qui s’y trouvent encore ou de nouveau sont, en réalité, pour le moins, même si « innocents », en état de grande stagnation, voire de régression spirituelle.
 

Affligeant constat actuel

 
Lorsque l’on regarde autour de soi, l’impudeur s’affiche partout, et aussi sur les murs et les écrans. Il y a celle des inconscients qui « se montrent comme ils sont » ou, plutôt, « comme ils ne sont pas », puisqu’un(e) impudique n’est fondamentalement « rien » ou à peu près rien…, et il y a ceux qui distillent consciemment et volontairement une impudeur provoquée, dont le but, avoué ou non, est une stimulation artificielle permanente de l’instinct sexuel.

L’impudeur ambiante permet d’établir formellement à quel bas niveau spirituel est parvenue la société actuelle dans son ensemble, dans la plupart des pays, sinon tous…

Seuls quelques êtres humains individuels, par-ci par-là, échappent encore à ce lamentable état de fait et apparaissent comme des étrangers dans un monde qui ne les comprend plus et qu’ils ne comprennent plus.

Ils sont en quête d’une Patrie de Lumière sur la Terre et ne la trouvent plus nulle part, dans aucun pays, chez aucun peuple

C’est, cette fois, Sodome et Gomorrhe généralisées à l’ensemble de la planète. La ténébreuse publicité, dont nous re-parlerons plus en détail une autre fois, flattant à mort les bas instincts, exploite sans vergogne le filon. Le corps – surtout le corps féminin – est exhibé à hue et à dia et exploité à tire-larigot. La vanité célèbre des triomphes sans pareils. Et comment tout cela va-t-il finir ? Y en a-t-il encore pour se poser la question ?

Seul un cri de terreur marquera la fin de tout cela.

Le constat de l’impudicité généralisée ne peut donc être que le constat de la fin qui s’approche, car lorsque l’impudeur se généralise au sein d’un peuple son effondrement n’est pas loin. Grecs, Romains, et bien d’autres encore, avant de s’effondrer, sont déjà passés par-là.

Il s’agit, toutefois, cette fois, non plus de l’effondrement particulier d’un peuple précis, mais bien de l’effondrement généralisé – lui aussi – de l’humanité terrestre entière, car il n’est pas besoin d’être grand « clerc » pour se rendre compte que les nuages qui s’amoncellent vont, dans un avenir se comptant non plus en millénaires ou en siècles mais en décennies, déclencher un Orage véritablement cosmique, provoquant ainsi une grande Purification à l’échelle planétaire.

Heureux, alors, les peu nombreux qui, suscitant autour d’eux, par leur comportement noble et fier, un puissant ressac, auront, tels des rocs dans {le déferlement de} la Tempête, tenu jusqu’au bout !

 

Christian Perrac