Qu’est-ce que la Fidélité ?

 

Le Concept de Fidélité est souvent mal compris.

De nombreux êtres humains considèrent, en effet, souvent la Fidélité comme une vertu en soi ou alors comme un simple trait de caractère, voire de tempérament. En est-il bien ainsi ?

Soyons plus concrets : Un homme quitte une femme ou une femme un homme, et beaucoup crieront automatiquement à l’infidélité. En est-il toujours ainsi ?

Certes, la Fidélité est bien une Vertu, mais elle n’est pas une Vertu isolée. Elle est, en effet, inséparable de l’Amour.

Il y a, bien sûr, la Fidélité à l’autre, mais il y a aussi la Fidélité à soi, la Fidélité à son Idéal, la Fidélité à {son} Dieu.

Serait-il possible d’être fidèle uniquement à l’autre sans être fidèle à soi ou fidèle à la conscience que l’on a de la Volonté de Dieu ?

Poser la question n’est-il pas déjà y répondre ?

Si un être humain reste {collé} avec un autre être humain, même si, intérieurement, il ne l’estime pas ou si de graves dissensions intérieures – donc spirituelles – existent entre eux (mais que personne ne voit à l’extérieur), beaucoup d’êtres humains jugeant en cela de l’extérieur diront automatiquement que ces personnes sont « fidèles » puisque extérieurement elles restent ensemble. Et pourtant

Et pourtant, si un être humain s’est trompé en épousant un autre être humain non réellement fait pour lui, dès lors où il en a{ura} pris conscience, la Fidélité consistera-t-elle à ne jamais réparer son erreur – selon la formule usuelle - « jusqu’à ce que la mort les sépare » ?

Mais que deviendrait, en cela, la Fidélité à soi-même et à son haut Idéal de Vie refusant les compromissions, la Fidélité à son Dieu, et même la vraie Fidélité à l’autre ?

Car cela voudrait aussi dire que, par exemple, deux homosexuel(le)s s’étant faussement unis ne devraient jamais non plus se quitter, même après avoir pris conscience de l’aberration de leur comportement ! Ce serait grave et triste s’il n’y avait ainsi aucune possibilité de réparer ses erreurs avant la mort, aussitôt que l’on en a pris conscience !

À quoi cela servirait-il de continuer à vivre ensuite sur cette Terre ?

Car si Jésus a dit : « Que l’être humain ne sépare pas ce que Dieu a uni ! », cela doit-il automatiquement se confondre avec « Que l’être humain ne sépare pas ce que l’église a uni ? » Cela voudrait dire qu’en cela Dieu et église seraient parfaitement équivalents, mais si l’on a souvent vu l’église unir ensemble deux grandes familles, deux grosses bourses, deux familles d’intérêt, en vertu de la « raison d’état » ou « d’intérêts supérieurs », pour lesquels on a demandé à deux jeunes êtres humains ne s’aimant pas d’Amour de se sacrifier, est-ce que cela veut dire que, pour autant, Dieu a, Lui, en de tels cas, effectivement uni deux êtres humains qui n’étaient pas réellement faits l’un pour l’autre ?

Qui pourrait prétendre soutenir cela sans ne pas, en même temps, gravement offenser Dieu en L’imaginant capable de tels actes arbitraires ?

La Parole de Jésus, hautement spirituelle comme tout ce qu’Il a dit, est nécessairement vue d’En Haut, et s’adresse, fondamentalement, en fait, non aux intéressés eux-mêmes (donc l’homme et la femme réellement unis dans un Couple voulu par la Lumière et à qui, étant donné le Bonheur qui est le leur, il ne viendrait jamais l’idée de vouloir se séparer) mais bien à des tiers qui, animés d’intentions impures, voudraient, quant à eux, de l’extérieur, tenter de les séparer. Ce sont eux qui ne doivent pas séparer ce que Dieu a uni, car deux êtres humains réellement faits l’un pour l’autre et dont le Mariage a été conclu au Ciel ne voudront jamais se séparer. Et c’est précisément cette réelle complémentarité spirituelle et animique qui garantit leur Bonheur et la constance de leur union.

Car si, dans un couple, ne serait-ce qu’un seul des deux veut la séparation, n’est-ce pas déjà la preuve que l’union ne peut avoir été accomplie par Dieu ? Car que serait un mariage uniquement unilatéral n’apportant la Joie et le Bonheur que d’un seul côté ? Jamais cela ne pourrait être un vrai Mariage voulu de Dieu, car tout ce qui est unilatéral est malsain et contre Nature ! Si l’un complète l’autre, alors l’autre complète forcément l’un ! Il ne peut en être autrement.

Il n’y a jamais, non plus, de réel conflit entre le Devoir et la Fidélité, car le Devoir, pas plus que la Fidélité, ne commande jamais d’accomplir quelque chose allant contre la conviction personnelle. C’est aussi pourquoi un être humain ayant intérieurement pris conscience de la fausseté de son union ou de ses liens est non seulement autorisé à y mettre un terme mais en a même le devoir, en particulier lorsqu’il ne veut pas succomber au danger de stagnation et même de régression spirituelle.

La Fidélité, tout bien considéré, ne nous apparaît donc pas comme une Vertu isolée, encore moins comme un trait de caractère ou de tempérament, mais bien comme l’indissociable caractéristique fondamentale du véritable Amour, la véritable qualité de l’Amour.

Cela veut dire qu’un véritable Amour sera toujours automatiquement fidèle – sinon, c’est que ce n’est pas un véritable Amour ! - en apportant toujours à l’autre le meilleur, pour autant que l’autre soit capable de le recevoir ! Un tel Amour est fondamentalement spirituel et animique et évite tous les pièges posés par le sentiment, qui n’est, trop souvent, qu’un senti-menteur.

Gardons-nous donc de juger trop vite notre prochain selon les apparences ! Car, ainsi que le dit le proverbe, « Qui juge légèrement se trompe lourdement ! », de sorte que l’on se crée, au pire, d’inutiles fils de culpabilité que l’on n’aurait pas eu besoin d’endosser, et, au mieux, d’inutiles tourments de l’âme.

La Fidélité n’est pas quelque chose d’aussi petit et rigide que le considèrent de nombreux êtres humains ; elle est, avant tout, un élan de l’âme vers les Hauteurs, où tout n’est que Lumière et Pureté. Et c’est précisément cette aspiration même qui dicte à chaque être humain aspirant à l’Amour et à la Pureté quel doit être, en tout, son juste comportement, car le But d’une union spirituelle voulue par Dieu entre deux êtres humains n’est pas de rester collés l’un à l’autre jusqu’à la fin de l’incarnation mais bien de s’élever ensemble vers la Lumière ! Et là où un tel But ne peut être accompli, non seulement le lien n’a plus de raison d’être mais il ne peut même être que préjudiciable à l’accomplissement du But de toute vie terrestre : l’Ascension vers la Lumière !

Or, la plus grande Fidélité de toutes, avant d’être la fidélité à un être humain, est la Fidélité envers son Dieu et Seigneur, laquelle commande de ne pas demeurer dans un lien terrestre lorsque l’authentique Fidélité, faite des fines vibrations intuitives de l’âme, y fait défaut.

La Fidélité n’est donc pas une chose en soi en dehors de l’Amour, mais elle est, au contraire, l’Amour même ! Car l’Amour sans Fidélité ne serait pas l’Amour ! La Fidélité doit être vivante, ce qui veut dire qu’elle doit être entièrement ressentie par toute la personnalité.

Augustin, dit « Saint Augustin », a dit : « Aime et fais ce que tu veux ! » En cela il a bien dit, car celui qui aime vraiment ne fait jamais que ce qui est juste, mais la condition est d’aimer d’abord. Alors, tout ce que l’on veut est forcément juste, parce que c’est l’authentique Amour qui y préside. Celui qui aime vraiment peut faire ce qu’il veut, car s’il aime vraiment, il n’en résultera toujours que du Bien.

Parce que dans l’Amour il y a, indissociable, la pure Fidélité ! Celui qui aime est fidèle et qui est infidèle n’aime pas. Libérons-nous des faux concepts, afin d’appréhender la Vérité ! Ce que l’être humain juge pur ne l’est souvent pas, alors que ce qu’il juge impur ne l’est pas toujours !


Pierre Le Dantec