LE PRÉSENT DU PRÉSENT

 

« Le présent, engendré du passé, est gros de l'avenir. »

- Leibniz -

 

Le {Temps} présent est un Présent, un Présent à vivre intensément à chaque instant, Ici et Maintenant.

Il faut être présent au {moment} Présent pour que le {moment} Présent nous offre son Présent. C’est cela vivre le Présent ou – plus justement dit – vivre au Présent.


Ce Présent est celui qui nous est offert par notre capacité à nous relier à notre « Lumière » ou « Flamme de Vie » intérieure, notre propre esprit.

Cette Lumière intérieure commence à percer, lentement mais sûrement, lorsque nous commençons à vivre au présent. Lorsque nous commençons à nous délivrer des milliers d’inutiles et néfastes tensions et même crispations de la rumination mentale[1], lesquelles sont destinées à posséder plus, devenir socialement plus, aller plus vite, plus loin, plus haut, mieux que les autres, produire plus que la concurrence, etc…

En premier lieu, au candidat à la vie présente s’impose la nécessité de ne plus fuir le présent, de rester là, muni de toutes les énergies d’une attention naturelle, entièrement concentrée dans la « momentanéité » de l’Instant présent. Simplement, sans ne rien attendre. Sans évoquer le passé. Sans avoir recours aux habitudes faciles de ce qui a déjà été vécu. Sans permettre à notre imagination de s’évader dans les projets d’avenir. En cela réside l’exigence essentielle du Vivre-au-Présent[2].

Le But de l’existence humaine consiste à creuser {dans} le Présent pour trouver {en lui} l’Éternité.

Il y a là une vérité rejoignant la parole de l’écrivain allemand Friedrich Hebbels, qui a dit :

« Il ne faut pas regretter que tout soit éphémère ici-bas, parce que l’éphémère, lorsqu’il nous touche vraiment, éveille en nous l’impérissable. »

« L’infini réside dans le fini de chaque instant », dit aussi la Sagesse chinoise.

Il se peut que, lors de nos premières tentatives de vivre au présent, nous éprouvions une impression de vide et que nous soyons déçus. S’il nous arrive d’être déçus, c’est uniquement parce que nous attendions quelque chose de particulier. Mais, en tous cas, une chose est sûre : aussi imparfaite que puisse être, au départ, notre tentative de « présence au Présent », nous n’aurons plus tenté de dissimuler notre pauvreté intérieure par des réminiscences d’un passé triste ou glorieux, ni par des projections rêvées en direction du futur.

Nous devenons alors déjà conscients de nos multiples dépendances extérieures, du bruit, des conversations autour de nous, des spectacles, de la fumée, des parasitages en tous genres, et ainsi naît la possibilité de s’en affranchir...

 

La Sagesse du Miroir

 

Le chemin qui nous conduit à la perception de la Lumière intérieure passe par l’Instant « t » - ou « I » - le moment présent. Nous ne vivons que rarement au présent. Le présent est, pour la plupart d’entre nous, un simple passage complètement inaperçu, alors qu’il devrait être constamment l’Être.

Nous devons être comme le miroir, dont Tchouang Tseu  a dit :

« Le parfait miroir voit tout mais ne prend rien. »

Ce qui veut dire qu’il ne compare rien, ne juge rien, n’attend rien. Il est et montre, tout simplement.

La clef essentielle de l’Éveil intérieur réside dans l’attention parfaitement présente, en laquelle n’intervient plus aucun élément du passé : des éléments tels que images, souvenirs, jugements de valeurs, choix, approbations, rejets, automatismes de parole, comparaisons entre alors et maintenant. Dans une telle attitude consistant à être-soi-même et à être-à-soi-même se réalise une convergence de toutes les énergies de la conscience dans la « momentanéité » de l’instant présent. Une telle attention constitue la Vigilance !

Cette attitude d’Attention ne comporte en soi rien d’extraordinaire ni de mystérieux. Elle nous oriente, à travers une nécessaire décantation du Je, vers un état naturel de perception globale et immédiate d’une grande clarté. Cet état est empreint d’une grande Sérénité et permet à notre conscience d’accéder à des niveaux d’énergie correspondant à des dimensions supérieures le plus souvent ignorées. En cela réside l’essentiel de ce que l’on peut appeler « être lucide », « voir clair », ou encore « la Vision pénétrante ».

 

Perception de l’Univers autour de nous

 

De nombreux savants prennent maintenant conscience de l’existence d’un Univers pluri- ou multi-dimensionnel, voire même à sept dimensions. Nous vivons bien dans un tel Univers pluri-dimensionnel, mais le niveau d’énergie le plus fondamental – celui de l’esprit - est précisément celui que, dans le vécu quotidien, nous ignorons, hélas, le plus. Vivre au Présent doit nous permettre de nous connecter à l’esprit en nous !

Vivre l’Instant présent doit aussi souvent être associé au Silence. Pourquoi ?

Parce que l’Univers, dans son entier, doit être considéré comme un Tout, englobant En-deça et Au-delà, Extérieur et Intérieur. Il est animé par une seule et même Force, à l’origine d’un unique Mouvement englobant et dominant tous les mouvements se déployant dans tous les niveaux d’énergies et toutes les dimensions. Un tel Mouvement global – ou holistique - est à l’origine de tous les mouvements plus petits que nous connaissons. Ceux-ci s’inscrivent dans des coordonnées de temps, d’espace, de causalité. Ce sont des mouvements linéaires. Le Mouvement Global est un Mouvement créateur, présent en tous points de la Création, bien que se trouvant hors de l’espace et du temps terrestre, et dont la Cause se trouve en dehors de la Création. Il peut être considéré comme le Battement de Cœur du Grand Vivant, impulsé à partir de la Source qu’est le Cœur de la Création : le Saint Graal !

Telle est la raison pour laquelle l’expérience spirituelle authentique vérifie la nécessité du Silence. De plus, nous ne soupçonnons pas à quel point l’emploi du langage commun peut négativement influer notre vie intérieure. Un constant flot de paroles en trouble la quiétude. Difficile, sur Terre, de penser sans mots. Ces échos du passé, porteurs - pour la plupart - de concepts absolument faux, font obstacle à la perception du Présent. Nous subissons presque tous, sans réagir, le vacarme d’un langage négatif qui se limite à la mesquinerie des petites occupations de notre ego.

Mais le Silence n’est fondamentalement pas l’absence de bruits extérieurs, de paroles. Le Silence véritable est, par excellence, déjà lui-même le Présent. Le seul obstacle au Silence, c’est le vacarme permanent de la pensée, qui fait du bruit dans la tête !

L’on pense souvent mal, parce que l’on pense trop ! L’activité continuelle du mental a pour objet principal des faits liés à notre occupation de nous-mêmes. Et les échos résiduels de notre pensée antérieure viennent toujours encombrer le mental au temps présent. De tels échos proviennent, pour une large part, des centrales de formes-pensées qui forment, en quelque sorte, l’« ego de l’humanité », aussi appelé par certains « inconscient collectif »[3].

En l’absence de ces mouvements pour la plupart répétitifs, mesquins, inutiles et destructeurs, nous accédons alors naturellement à l’état de Silence formateur, en lequel l’Inspiration peut s’activer. Dès cet instant, la nécessité d’avoir recours à un autre langage que le Silence lui-même disparaît.

Dans le Silence véritable se révèle la Présence d’une Plénitude de Force, de Conscience, d’Amour abolissant toute nécessité d’un langage. Une Plénitude que nous recevons dans le vide de notre Je. Un tel vide – lequel n’a rien à voir avec le néant - n’est rien d’autre que la totale absence de toutes nos références habituelles faites de conceptions, d’images, de souvenirs intellectuels, de mots, constituant toutes sortes d’échos en provenance du passé.

Nous abreuvant d’instant en instant à la Source de Force et de Lumière à laquelle nous ne pouvons accéder que dans le Présent, nous sommes à tel point comblés de Richesse intérieure qu’il est naturel que celle-ci déborde dans notre conscience terrestre et nous suggère de la partager.

C’est là que commencent les difficultés de communication inhérentes aux limites du langage usuel. Il sera très difficile de faire part d’un tel vécu à nos proches avec des mots, et encore plus difficile lorsqu’il s’agira d’en témoigner devant des inconnus. Ils n’y seront ouverts que s’ils y trouvent un écho suffisant de leurs propres expériences.

 

L’Unicité du Moment présent

 

En quoi chaque Instant présent est-il unique ?

Chaque Instant présent est unique parce que l’Univers n’est pas seulement une gigantesque Mécanique dont les rouages tourneraient toujours de la même façon. Au contraire, rien ne s’y répète jamais exactement pareil ! L’Histoire de l’Évolution est celle d’une prodigieuse Aventure, dont les rythmes se situent en dehors des règles connues régissant les processus de hasard…

L’Évolution obéit précisément aux Lois Fondamentales en vigueur dans la Création. Cela a pour conséquence que les Processus de la Nature sont, le plus souvent, irréversibles, dans la mise en place de nouvelles formes de vie. L’Évolution n’avance pas en marche arrière ! Chaque Instant présent, comme le montre bien l’Astrologie, vécu à des coordonnées précises, donc à un point déterminé de l’Espace et de Temps, se réfère à une somme de données absolument unique, qui ne se reproduira plus jamais de façon exactement pareille. Le contenu de chaque point de l’espace change constamment en fonction du Temps. Et un seul point du Temps abrite de nombreux points d’Espace. En plus de ce qui précède, chaque instant est à la croisée de changements qui se produisent dans d’autres sphères ou plans de la Création.

 

Le Temps a tout conservé.

 

Les intuitions des Sagesses antiques sont confirmées par les sciences nouvelles, lesquelles enseignent que tous les événements illustrant l’histoire d’un Univers sont mémorisés sous forme d’indestructibles enregistrements. Les Collections du Temps – que la Tradition orientale appelle « Annales Akashiques » - ont tout conservé, ce qui fait que, en vertu de l’indestructibilité des enregistrements mis en mémoire, le Patrimoine d’informations relatives aux événements s’étant produits dans l’Univers s’accroît constamment. Chaque Instant du Présent, différent et unique, est, une fois vécu, stocké dans la Mémoire du Temps, de laquelle il peut être ressorti à volonté, à chaque fois qu’un besoin de consultation se fait sentir.

Grâce à cela se produit un enrichissement de la Mémoire Cosmique, visible dans cette sorte d’écran de télévision que l’on appelle le « Miroir du Temps », ce qui fait que l’on peut dire : « Ainsi va le Monde » et qu’« il y a là un certain Progrès ».

Le Progrès est dû à l’enrichissement des expériences collectives du Passé, de sorte que, dans la conscience de l’humanité, il est aussi possible d’éviter la répétition de certaines erreurs…

La soudaineté apparente que l’on peut observer lors des changements évolutifs importants dans l’histoire des êtres humains, comme, par exemple, sur la Terre, l’abolition de l’esclavage, l’effondrement du communisme, l’émancipation des femmes, la protection de l’enfance, est la manifestation d’un constant processus de mémorisation se poursuivant depuis l’origine, certes relativement lent mais non moins réel pour autant.

La Musique de l’Univers, en apparence, s’improvise au fur et à mesure, aussi longtemps que l’on n’a pas encore pleinement reconnu le Chef d’Orchestre. Car il y a dans ce processus un But, une Finalité certaine, même si l’on n’en perçoit pas encore distinctement le Point terminal.

La Résultante de ce grand Mouvement ascensionnel est faite de l’unicité de chacun des Instants se suivant au Présent et agissant, l’un après l’autre, comme autant de Marches ou de Degrés successifs sur la grande Échelle de l’Ascension Spirituelle.

À Dieu, accordons l’Honneur de la Perfection, c’est-à-dire les caractéristiques spécifiques de l’Infinitude, sans vouloir constamment Le rapetisser et Le restreindre dans les limites de nos concepts anthropomorphiques de temps, d’espace et d’objectif à atteindre.

L’Univers, en tant que Grand Vivant, est immensément différent des constructions mentales sophistiquées élaborées par la plupart des théologiens. Chaque Instant présent du Grand Vivant, considéré dans la totalité des dimensions de notre Être, est, assurément, une Plénitude à soi tout seul.

L’Instant présent est un constant renouvellement échappant à toute possibilité de représentation mentale et de discussion. Il est l’Essence même de la vie que nous vivons. Il est, toutefois, plus facile de dire ce qu’il n’est pas. L’Univers manifesté s’enrichit constamment de la mémoire des événements vécus dans l’Instant présent.

 

Dialogues 

 

- Écoutez en vous, cela seul peut ouvrir le Chemin intérieur. À quoi bon, en effet, regarder vers l’extérieur? Tout ce que vous voyez ce ne sont que des objets ! Retournez-vous ! Regardez vers l’intérieur !

- Verrai-je alors le sujet au lieu de l’objet ?

- Si c’était cela, vous regarderiez de nouveau un objet. Un objet est un objet, quelle que soit la direction où vous regardiez.

- Donc, je ne peux pas me voir, moi-même ?

- Vous ne pouvez pas voir ce qui n’est pas là !

Que verrai-je donc ?

- Vous verrez peut-être l’absence de votre ego. C’est Cela – le « Je » - qui regarde. On l’appelle aussi le « Vide ». Mais le « Vide », ce n’est pas le vide. C’est la Plénitude, cette Plénitude qui est Amour, Félicité, la Paix qui dépasse la compréhension. Le Savoir absolu, c’est l’Amour absolu.

 

La grande Aventure de la Vie

 

Chaque Instant présent contient la Plénitude de Force, de Conscience, de Lumière et d’Amour du Grand Vivant.

La pleine Reconnaissance de nous-même nous permet une participation sans limite aux Merveilles cachées de la Grande Aventure de la Vie.

Ceci requiert le complet dépassement de l’ego. Nous devons nous affranchir de la pesanteur des mémoires accumulées. La pleine Reconnaissance de nous-même nous révèle l’emprise considérable de l’« ego de l’humanité » fait de toute la somme des centrales de formes-pensées interconnectées entre elles.

Libérés de cette chape de plomb formée par les échos résiduels du passé - le nôtre et celui des autres - c’est dans l’ineffable Joie de l’Instant qu’est vécue notre participation à l’incroyable Aventure du Grand Vivant.

Nous sommes, dès lors, en mesure de fournir la seule réponse valable – et surtout efficace – aux immenses problèmes que sont la souffrance, la cruauté, la violence et la décadence morale du monde. Efficace, parce que les solutions apportées, provenant de l’Esprit, sont, de ce fait, un fait de durée et de stabilité.

 

De marche en marche

 

Une grande et toute simple Vérité a, jusqu’alors, fort peu été considérée ; c’est le Savoir que la Marche qui nous permet de progresser en nous élevant est absolument indispensable à la formation de la Marche suivante. L’Escalier Cosmique – ou Échelle de Jacob - n’est donc pas pré-fabriqué(e). Chaque Marche nouvelle se constitue dans l’intense expérience-vécue de la Marche précédente.

Il est donc totalement impossible de gravir une Marche supérieure si toutes les Marches inférieures n’ont pas déjà été gravies, une à une. Il suffit de grimper l’escalier de sa maison pour accéder à l’étage pour se rendre compte de cette simple évidence. Pourtant, dans le Domaine spirituel, une telle évidence échappe à beaucoup, ce qui, dès lors, rend l’Ascension espérée, de prime abord, tout simplement impossible.

 

Ouverture à la Force Spirituelle

 

Un Savoir de l’efficacité de l’ouverture à la Force spirituelle a toujours existé. L’être humain ne possède pas la Force en lui, mais, par son intuition spirituelle, inhérente à lui-même, il en possède simplement la Clef. Et ainsi Elle lui est accordée, pour qu’il L’utilise.

Le fait nouveau réside dans la confirmation inattendue provenant de grands scientifiques actuels, notamment dans le domaine de la physique. Cela n’amène rien de plus, c’est juste une reconnaissance expérimentale venue d’en bas allant à la rencontre d’une Révélation venue d’En Haut

Rien au monde n’est plus simple et naturel qu’une totale et constante ouverture à la Flamme toujours renaissante et vivante du Phœnix du Présent.

C’est dans cette Présence que se situe l’accès à la plus haute Source de Force existant dans tout l’Univers. L’Éveil à la Vie est la réalisation d’un vécu de l’Instant, réalisant une simultanéité entre le présent spatio-temporel lié aux phénomènes et le Présent intemporel de la Chose-en-soi.

Vivre pour la Chose-en-soi parmi les contingences de la matière, tout est là.

Dans le vécu authentique de ce processus naturel, la conscience renaît comme le fait, chaque matin, le Feu du Soleil au cours de sa montée au-dessus de l’horizon. Cette Lumière de l’Aurore est impossible à délimiter ; cependant elle se déploie, presque imperceptiblement, pareille à un éventail et elle efface les ombres du ciel nocturne. Si intense est l’Éclat de ce moment unique de la Conscience que toute impression de durée s’évanouit : le passé, la mémoire, la pensée de l’ego et de son futur sont abolis dans la fulguration de l’Éclat de l’Instant « I ».

Cela répond aux questions « Qu’est-ce que vivre ? » et « Qui est-ce qui vit ? ». Mais ces réponses n’ont de valeur que pour autant que nous n’en fassions pas ensuite des concepts fossilisés mais demeurions toujours dans la perpétuelle Fraîcheur de l’Instant vécu.

 

« Qui vit en nous ? »

 

Les questions les plus essentielles de la vie se posent rarement.

« Qu’est-ce que vivre ? » et surtout : « Qui vit ? ». Pour Monsieur et Madame Toutlemonde, vivre consiste à être moins que les animaux, selon l’expression de Léonard de Vinci, « des sacs où passe de la nourriture », à jouir des plaisirs du soi-disant « amour » qui n’est que du sexe, affronter les souffrances de la maladie, de la vieillesse et de la mort. Vivre consiste, pour la plupart, à se débrouiller au cours de toutes les circonstances en luttant pour s’assurer des possessions matérielles conférant non seulement la sécurité mais aussi le pouvoir, la prestige, la renommée. Pour d’autres, nettement moins nombreux, vivre consiste à se comprendre et à essayer, par la Recherche spirituelle, de percer les mystères de la Nature et de l’Univers.

Très rares sont ceux qui se posent les questions : « Qui vit ?», « Qui voit ? », « Qui écoute ? ». Nous nous sommes à tel point exclusivement identifiés au corps, à l’image que nous avons de nous mêmes, à l’ego, que ces questions sont considérées comme absurdes, inutiles. Beaucoup d’êtres humains d’intellect, s’affichant fièrement comme des « intellectuels », répètent solennellement l’affirmation cartésienne du « Cogito, ergo sum », et haussent les épaules. En fait, c’est plutôt : « Je pense… donc je détruis ». C’est cela qui se passe, sauf si l’on pense correctement, ce qui est plutôt rare.  

Les questions fondamentales précédemment évoquées impliquent un autre « Qui suis-je ? ». Depuis des millénaires, la Spiritualité pose cette question fondamentale. Elle y a donné des réponses riches d’Enseignement. Un contraste saisissant existe entre ces réponses et celles, pleines de suffisance, données par de nombreux intellectuels et intellectualistes, qui pensent : « Puisque je pense, je vis, et cela me suffit amplement. Je pense donc je suis, et je suis bien dans ma peau. La programmation des gènes, chromosomes, des informations de l’ADN que m’ont léguées mes parents me suffisent et permettent de répondre amplement à mes interrogations. »

Monsieur et Madame Toutlemonde ne se doutent guère de l’imposture du « Je pense, donc je suis ». Car chacun de nous est tout autre chose que ce corps né il y a quelques années et mourant dans quelques années, après avoir manifesté et épuisé le potentiel légué par ses géniteurs !

La pensée humaine est toujours vieille ; elle ne fait que nous répéter quelques vieux souvenirs ou bien, recombine et organise leurs éléments anciens en des structures apparemment nouvelles. Pourtant, la pensée seule est incapable de produire du réellement Nouveau. Avec elle, même le soi-disant nouveau n’est que répétition. Plus ça change et plus c’est pareil !

La pensée – fait de l’intellect - est inséparable de l’activité physiologique, biochimique et micro-électrique du cerveau. Or les situations de vie sont constamment nouvelles et le cerveau n’a rien à dire face à cette Nouveauté, qui le dépasse.

La pensée est insuffisante pour répondre correctement aux stimulations de l’Instant « I ».

Il y faut l’Intuition de l’Esprit, seule Réalité réellement vivante en l’être humain.

Et, pour l’Esprit, l’espace et le temps terrestres sont trop étroits ; ils ne valent que pour l’intellect et la vie terrestre.

 

Conclusion

 

Tout ce qui vient d’être dit peut être résumé en quelques mots. Ou les mots – qui, comme l’a écrit Johann Wolfgang von Gœthe, sont {semblables à} des portes - éveillent la Vie dans le lecteur ou l’auditeur, ou ils n’éveillent rien.

C’est le Rythme de tout Mouvement circulaire dans la Création que l’esprit doit s’efforcer de capter, pour pouvoir vivre en Harmonie avec lui. On peut le désigner par le « Mouvement dans la Création », résultant, pour nous germes d’esprits humains en cours d’Évolution, de l’ouverture aux Courants parcourant la Création de Haut en bas.

Ce Mouvement rythmique s’activant dans les Courants de la Création constitue, en quelque sorte, le « Battement de Cœur » du Grand Vivant qu’est l’Univers. La Plénitude de la Vie consiste à nous rendre disponibles à l’Énergie de ce Mouvement de la Création et à le laisser agir en nous, à tous les niveaux et de toutes les manières. réside le plus grand Présent que le Présent ait à nous apporter et qui consiste en la Plénitude de l’Être.

 

 

Pierre Le Dantec

 



[1] À ce sujet, lire sur ce site « Le calvaire d’un ruminant ».

[2] Que d’autres appellent « Zen », « Wu Wei », etc…

[3] Appellation provenant du philosophe et investigateur de l’âme humaine suisse Jung.