QUESTION DE GENRE !

 

Le genre est l'expression du vouloir de l'esprit. Le moins que l'on puisse dire est que nous ne voulons pas tous la même chose!

Nous tous, esprits humains, devons cheminer vers la Lumière. Nous en sommes à des stades différents dans cette progression, mais nos cheminements aussi sont différents, de même que nos... genres!

Chacun est donc triplement différent de son prochain et chacune de ces façons d'être différent est respectable en soi. Un genre particulier, une expérience autre, un degré de maturité supérieur ou inférieur, tout cela doit être respecté.

A chacun sa manière; à chacun sa progression; à chacun son rythme propre d'évolution. Tout cela est conditionné par la nature spécifique du genre spirituel humain, bénéficiaire du libre vouloir de la décision.

Lorsqu'un esprit humain entreprend quelque chose, il le fait tel qu'il est, avec son genre personnel, ses expériences acquises, et son niveau de maturité.  Celui qui ne respecte pas cela ne peut prétendre au respect d'autrui pour ses propres entreprises.

Mais quelle est la condition d'un authentique Respect, non dicté, mais profondément ressenti? La Compréhension. Voilà pourquoi Celui qui manifeste tellement de Compréhension pour la nature humaine, exhorte les êtres humains à faire l'effort de se comprendre les uns les autres.

La "clef de l'incompréhension" entre les humains réside essentiellement dans la différence des genres.  Dans la mentalité de beaucoup, "différent" est trop souvent synonyme de "sans valeur" ou même de "négatif". L'époque n'est pas si lointaine où certains se posaient gravement la question: "comment peut-on être Persan?"

C'est sans doute cette étroitesse de vues qui constitue ce l'on peut appeler "le caractère bourgeois"[1].  Il s'agit là d'une notion d'autant plus difficile à définir qu'il fut une époque où le bourgeois était tout simplement l'habitant d'un bourg. Mais, aujourd'hui, l'on en trouve autant dans les campagnes que dans les mégalopoles. Le "bourgeois" des temps modernes est celui qui ne peut admettre qu'on soit différent de lui, celui pour qui ceux qui ont un style autre que le sien, ont "mauvais genre".

C'est ainsi que pour lui quantité de signes extérieurs sont jaugés à la mesure de la petitesse de son échelle de valeurs, qui de surcroît est considérablement déformée. "Être normal" équivaut alors à "être comme tout le monde" et non pas à "être naturel". Quand on considère où va le monde, il y a de quoi être inquiet. Car, enfin, depuis quand le port d'une cravate est-il un indice de moralité, alors que celui de la barbe serait un signe de régression?

L'on pourrait abondamment broder sur le thème et passer en revue tout le cortège des préjugés et des lieux communs chers à tous ceux qui ont perdu toute faculté d'élaborer une pensée personnelle, tous branchés qu'ils sont sur les mêmes centrales de pensées qui leur font, à leur insu, débiter constamment le même "disque", jusqu'à son déroulement complet; l'on pourrait, mais cela nous écarterait trop de notre sujet, et nous réserverons à des développements ultérieurs le soin de nous le placer sous les yeux.

Pour l'heure, nous voudrions simplement à la lueur de connaissances fondamentales, "creuser" la notion de genre, faire quelques distinctions, émettre quelques hypothèses, bref, essayer de comprendre pourquoi les humains se lient, s'apprécient, s'aiment ... ou pas!

Comme toujours, - lorsque l'on veut examiner une notion se rapportant à l'être humain - il faut se référer à la constitution fondamentale de l'être humain, à la triade de ses trois niveaux d'existence: Esprit, âme humaine, être humain terrestre.

Nous l'avons dit au commencement de cette étude, en premier lieu, le genre est l'expression du vouloir de l'esprit. Mais vu d'une façon plus vaste, ce concept s'adapte à toute chose, et il n'est rien dans la Création qui n'ait un genre. Chaque genre fondamental se subdivise en d'innombrables ramifications ou "sous-genres" et l'être humain lui-même est porteur d'une incroyable diversité due à la dissociation des genres.

Les attractions qui se manifestent entre les êtres humains incarnés sur Terre peuvent donc être d'ordre spirituel, animique (ou encore "psychique") - c'est-à-dire fin-matériel - ou corporel-terrestre, c'est-à-dire gros-matériel. Différentes dans les causes, elles le sont aussi dans leurs effets.  Ainsi le veut la Loi de la Pesanteur, qui tire son origine dans le Principe de Pureté et qui maintient entre les différents plans un cloisonnement absolu.

La notion de genre relève principalement de la forme (verticalité), alors que la notion de valeur relève principalement du contenu (horizontalité). C'est ainsi que toutes les différences existant dans la Création et en particulier entre les êtres humains, sont l'expression de ces deux réalités:

- ce qui est tributaire de la nature des choses et qu'on ne change pas: le genre, la forme de l'être;

- ce qui est relatif à la valeur des choses et des êtres et qui peut être modifié, pour être amélioré ou le contraire.

Ce qui est en rapport avec la nature des choses ne peut subir de transformation qu'à l'intérieur de son propre genre, mais jamais en dehors. L'on ne sort jamais de son genre. Telle est la Loi.

Tout ce qui précède est en liaison directe avec la Loi de l'Attraction du Genre Semblable, Loi qui, en dépit de son extraordinaire Simplicité, est bien difficile à saisir par l'être humain égaré dans le labyrinthe des approches intellectuelles, tellement compliquées.

La Loi de l'Attraction du Genre Semblable règle toute chose dans la Création; il n'est rien qui soit en dehors de ses effets, et pourtant combien est-elle méconnue de nos savants, docteurs et érudits!

Elle règle donc tout spécialement les relations humaines et c'est sous ce jour particulier que nous désirons examiner ses effets. Toute la confusion en la matière vient du fait de la méconnaissance qui règne à son sujet; autrement exprimé, c'est parce qu'il y a sans cesse confusion entre ce qui est une question de genre et ce qui procède de la valeur, que la désolation règne en ce domaine en maîtresse d'une pitoyable souveraineté.

Le "genre", l'"essence", la "nature" des choses - appelons cela comme l'on voudra - constituent ce que l'on peut aussi appeler: les "données de base". Les données de base ne changent jamais. Les mêmes équations donnent toujours les mêmes résultats, quelle que soit la façon d'aborder le problème et de le résoudre. L'on peut secouer les dés tant que l'on peut dans le gobelet, il n'en ressortira jamais autre chose que ce qui y a été mis au départ. Les combinaisons peuvent varier, mais non le cadre dans lequel elles évoluent.

Ceci étant précisé, essayons de voir à présent quelles sont les "différentes manières d'être différent" qui s'offrent aux humains, et dans quelle mesure l'on peut appréhender quelque chose des différences de genres existantes et des différents genres d'attractions qui en résultent. La question des genres ne devient tangible et concrète que lorsque l'on dispose d'un support pour étayer ses représentations.

Or, cela est bien triste mais pour l'essentiel, ce support fait défaut. Nous n'avons pas d'instrument parfaitement adapté qui nous permette d'imager les phénomènes. Il n'y a en tous cas pas d'instrument dont nous ayons une parfaite maîtrise. Ceci est dû au fait que nous ne voyons dans le plan de matière grossière que l'envers de la tapisserie: les fils qui constituent la trame sont de l'autre côté!

Le renard du "Petit Prince" l'avait déjà dit: "L'essentiel est invisible pour les yeux" et nous restons sur notre faim. C'est bien la peine d'écrire un texte pour nous dire cela, songera le lecteur dépité.  Et bien, tout de même, il existe un instrument, mais un instrument dont l'utilisation ne va nous fournir d'éclairage que sur le côté extérieur des choses.

Son emploi n'en demeure pas moins extrêmement intéressant, mais il ne faut surtout pas demander à cet outil plus qu'il ne peut nous donner, car là réside le danger. Cette échelle d'évaluation procède de l'Art Royal, l'Astrologie, d'où dérivent maintes sciences annexes, telles que l'étude de la forme du visage, des lignes de la main etc...

L'Astrologie a certes ses limites, mais elle offre l'immense avantage de constituer quelque chose de tangible, tout en demeurant étonnamment vivante. Il s'agit là d'un merveilleux support. Dès lors où l'on a compris le principe de la Loi d'Attraction du Genre Semblable en général et ceux qui découlent de l'attraction des fractions de genres entre elles, il est bien tentant d'essayer de se représenter ce que cela peut donner en correspondances et inter-relations en regard des concepts astrologiques.

Elle peut donc nous aider à comprendre bien des choses. Mais il faut, au préalable, avoir pris conscience du fait que l'astrologie ne peut nous fournir d'indications sur le genre de l'esprit qui s'incarne. Le genre spirituel du natif demeure au-delà des investigations astrologiques les plus poussées. La meilleure preuve en est qu'il est impossible de reconnaître le sexe d'un natif sur le simple vu de sa carte du ciel de naissance (ou horoscope).

Le domaine de l'âme, quant à lui, semble déjà plus facile à entrevoir au travers de l'étude d'une carte du ciel, mais il faut savoir que ce n'est jamais l'image de l'âme elle-même que l'on peut voir dans l'horoscope, mais uniquement la somme des influences concordantes ou contradictoires, auxquelles le natif est soumis.

Cette influence des astres s'exerce principalement par l'intermédiaire du corps astral, qui ne s'appelle pas astral pour rien; c'est ce corps astral, modèle du corps gros-matériel, qui est la porte d'entrée et de sortie de l'âme, et c'est par lui aussi que s'opère la liaison de l'âme humaine avec les irradiations émanant des Médiateurs et des Guides spirituels des Plans supérieurs.

Il est de fait que le tempérament lié au corps terrestre est ce qui se reconnaît le plus facilement dans une carte du ciel, parce que c'est l'aspect le plus terrestre de la personnalité humaine. Cependant, lui aussi peut être modifié sans que la carte du ciel change pour autant, puisqu'elle est prévue pour toute l'incarnation.

La personnalité humaine, esprit/âme/être-humain-terrestre est un chantier où tout doit être modelé, travaillé, formé. Les influences des astres sont le traitement auquel le patient humain est soumis pour parvenir à la santé spirituelle, animique et physique. Elles déterminent le "programme" de l'incarnation en cours; programme qu'en bon écolier l'être humain doit assimiler au cours de sa classe ou de son stage terrestre. C'est l'Ordonnance (au sens médical du terme) prescrite par les Lois du Créateur pour l'amélioration de l'être humain, soit par rectification d'erreurs existantes, soit par stimulation à l'évolution vers le suprême degré de Perfection.

Il faut donc considérer la carte du ciel comme un instrument de connaissance du Né (ou "Natif"), de la même façon que l'ordonnance du médecin est un moyen de connaître le patient. Si sur l'ordonnance il est mentionné que le sujet devra prendre un dépuratif deux fois par jour avant les repas, l'on peut conjecturer que cet homme a le sang impur, et si par la suite, l'on observe que cet homme a des furoncles, les symptômes qui se manifestent ainsi viendront confirmer l'hypothèse émise.

Cependant, si l'Astrologie est simple, elle n'est pas simpliste, et la "loi d'analogie" qui la gouverne - et qui n'est, en fait, qu'une application de la Loi d'Attraction du Genre Semblable - ouvre la porte à une quasi-infinité de possibilités extrêmement subtiles. Une même position planétaire peut signifier toutes sortes de choses à bien des niveaux. Seulement, toutes ces choses auront en commun le fait qu'elles seront gouvernées par le même principe, et c'est précisément les effets de ce principe-là que le natif devra expérimenter, afin d'assimiler le principe lui-même dans son essence.

Si l'Astrologie ne peut nous renseigner sur le genre spirituel d'un être humain - et rien d'autre ne peut, du reste, le faire, non plus -, elle peut donc tout de même nous offrir maintes indications sur le genre terrestre de celui qui naquit sous un ciel bien déterminé à un moment bien précis et en un lieu non moins choisi (par les Lois). Et, en définitive, l'on s'aperçoit que c'est plus important pour une vie terrestre que d'essayer d'extrapoler sur le genre spirituel, de toutes manières complètement inaccessible aux investigations de l'intellect.[2] Il ne faut jamais oublier que l'intellect n'est adapté qu'à la compréhension de la partie la plus limitée de l'existence, celle qui est directement liée à l'espace et au temps terrestres.

Il est donc de multiples manières d'être en affinité avec son semblable (le mot convient particulièrement bien ici). Il est des affinités profondes et il est des affinités "périphériques". Toutes sont perceptibles, mais il en est de déterminantes et d'autres pas. Tout dépend du style de rapports que l'on envisage d'avoir avec tel ou tel de ses prochains. Le véritable système des castes n'est rien d'autre que l'application de la connaissance de la Loi d'Attraction du Genre Semblable à la vie sociale des peuples et des groupements humains.

Cela aussi est un vaste sujet nécessitant de vastes développements à lui tout seul, mais nous nous contenterons dans le présent exposé d'aborder la question des attractions se manifestant dans le cadre des relations individuelles. Si l'on parle d'Amitié, par exemple, il est clair que des affinités "périphériques" ne suffisent pas mais qu'il y faut des affinités profondes, engageant le Noyau spirituel. En d'autres termes, il faut que les êtres humains qui y participent fassent tous partie de la même famille spirituelle.

Il faut entendre par affinités périphériques, des affinités de situation terrestre: par exemple, être de la même génération, avoir subi la même éducation, avoir fait le même genre d'études ou suivi la même formation, exercer un métier dans la même branche, avoir une situation familiale comparable, avoir en commun le goût des arts, de la littérature, etc..., constituent autant d'indices d'affinités périphériques.

Les affinités périphériques, précisément parce qu'elles se trouvent à la périphérie de l'être, sont les plus facilement décelables. Elles sont les premières à entrer en ligne de compte et provoquent les premières rencontres de par l'attirance immédiate dont elles sont la cause. Cependant, elles ne sauraient suffire pour engager des relations qui doivent durer toute l'existence terrestre. L'on peut même dire qu'en l'absence d'affinités plus profondes, compte tenu du manque d'affinités fondamentales, les relations qu'elles ont suscitées, si elles ont été trop intenses, devront sérieusement se ralentir, voire même disparaître complètement.

En effet, il n'est pas bon de tisser des liens trop forts par une fréquentation assidue, l'usage trop hâtif du tutoiement, la mise en commun de l'intimité, du cadre de vie etc... si la présence d'affinités "centrales" n'est pas manifeste. Au bout de quelque temps, les liens qui ne tirent plus vers le Haut n'aident plus à progresser, deviennent rapidement des entraves, qui freinent l'évolution et tirent vers le bas.  Il y a donc les bons liens qu'il faut entretenir et... les autres qu'il faut laisser dépérir ou trancher.

Le cas existe aussi où il y a des affinités du Noyau mais pas où peu d'affinités d'enveloppes entre les êtres. Il convient là de beaucoup nuancer, car en règle générale il est logique de penser qu'il y a une certaine identité du dedans et du dehors; cependant des Noyaux très semblables peuvent néanmoins progresser à des rythmes très différents et avoir des cheminements terrestres tout aussi différents. Dans ces cas-là, l'attraction résultante n'est pas toujours évidente, elle peut fort bien être très mélangée et constituer un curieux cocktail à base d'attirance et de non-attirance, voire de répulsion.

A ce moment-là, de prime abord, l'on ne ressent pas d'attraction, étant donné que les genres terrestres ne s'attirent pas. Il faut parfois de curieux concours de circonstances pour que les parties en présence découvrent, à leur grand étonnement, qu'au-delà des apparences de l'écorce grossière, existent d'extraordinaires affinités profondes, grâce auxquelles les âmes et même les esprits peuvent communier intérieurement en une merveilleuse intuition d'unité. Il arrive aussi parfois que l'une des parties pressente, grâce à une intuition plus affinée, l'ineffable symbiose spirituelle à venir...

Pour ce qui est de l'Amour humain, union de l'homme et de la femme, l'on concevra comme tout naturel qu'une totale attraction de genre spirituel existe entre les deux conjoints. Cependant, cette affinité ne se fait pas ici par similarité mais bien par complémentarité, la complémentarité étant elle aussi un effet de la Loi d'Attraction du Genre Semblable. Être complémentaires implique, en effet, que l'on appartienne à un même genre, ou à une même subdivision de genre, dont chaque partie peut constituer une moitié. Ce sont ainsi les facultés positives et négatives de l'esprit qui se complètent harmonieusement.

Mais cela ne suffit pas! Car les âmes, elles aussi, dans le cas de l'union homme-femme, doivent se compléter intégralement de par leurs caractéristiques. C'est même cette attraction psychique, cet Amour de l'âme, qui constitue, dans ce cas, l'élément déterminant. La vie de l'âme - l'âme étant en quelque sorte la "caisse de résonance" de l'esprit - est en effet prépondérante (par rapport à la vie de l'esprit, encore trop faible) dans les mondes de la matière (l'enveloppe extérieure de l'âme est de matière fine). La complémentarité et l'attraction qui en résultent ne sauraient diminuer au fil de l'existence, puisqu'elles sont liées aux caractéristiques innées des êtres en présence.

C'est le caractère total, intégral, entier de l'Union qui, en même temps qu'il en atteste la valeur en regard du Ciel, en assure la pérennité en procurant aux deux parties la garantie d'un bonheur qui doit durer toute l'incarnation (et même après).

Il nous faut noter ici, une fois de plus, que les Lois sont "impitoyables", et c'est pour cela qu'elles sont promotrices. Elles promeuvent, soutiennent et protègent ce qui est basé sur elles et c'est ainsi qu'elles sont pour les esprits humains de véritables Amies, mais elles rappellent durement leur existence à qui les ignore. Celui qui n'utilise pas les Lois comme des facultés de son esprit, celui qui entame sa construction en n'en tenant pas rigoureusement compte, bâtit sur du sable. Dans le cas d'une union quelle qu'elle soit, les deux parties qui la constituent doivent s'emboîter totalement, car seul 'total' est ici synonyme d'hermétique, c'est-à-dire: qui ne présente pas de faille. Faille est, quant à elle, synonyme de faiblesse et là où il y a une faille il y aura toujours la possibilité à quelque chose de plus fort de pénétrer et de se manifester. Il n'en va pas de même lorsque l'"emboîtement" est intégral, il n'y a plus alors de place pour rien d'autre, étant donné que sur le plan qui est celui de l'union, chaque partie s'investit totalement dans l'autre et ne conserve plus d'ouverture particulière en tant que partie du tout. L'ouverture individuelle demeure alors intérieure à l'union; c'est exclusivement le tout qui s'ouvre alors au monde extérieur et non plus la partie. Les affinités intégrales qui ont présidé à la naissance de l'union peuvent alors être qualifiées de choisies, ce sont les célèbres "affinités électives"[3].

L'Intuition que Gœthe en eut, dans son roman qui porte précisément ce titre, est tout simplement saisissante. Parti de l'observation d'une loi chimique (l'"attractio electiva duplex"), Gœthe en comprit la portée universelle et en illustra le principe sur le plan psychologique. L'on conçoit sans peine que la puissante sensibilité de l'auteur de "Faust" soit requise pour "toucher" aussi juste, plus d'un siècle avant que le Savoir de la Création soit apporté sur la Terre. L'axiome de départ des "Affinités électives" ("die Wahlverwandtschaften") est simple: Plus l'affinité est grande, plus l'attraction est forte. Cet énoncé, dans sa simplicité, revêt une précision mathématique. L'affinité la plus forte détermine l'attraction la plus forte. Il faut donc que les liens qui sont établis entre les humains tiennent compte de cette importante réalité, sinon le destin met en pièces l'existence de tous ceux qui ne sont pas capables de déployer un libre-vouloir suffisant pour se libérer de l'enserrement des liens qu'ils ont eux-mêmes tissés. Le roman de Gœthe, plutôt pessimiste, est suffisamment symptomatique à cet égard. Si les liens qui enserrent une âme humaine et qui sont ressentis par elle comme une entrave à la réalisation d'une union basée sur des affinités électives sont néanmoins trop forts pour être dénoués, il est possible à l'âme en question de combattre les effets de l'attraction en maintenant avec l'"objet" de l'attraction une séparation artificielle voulue de l'intellect, mais il ne lui est pas possible de faire cesser l'attraction elle-même, parce qu'étant spirituelle et animique, elle se trouve au-delà de sa capacité de volonté cogitative, pas davantage qu'il ne lui est possible d'abolir en elle les effets provoqués par la révélation de l'attraction. C'est ce dramatique combat que l'héroïne du roman engage contre elle-même, combat pour lequel la victoire n'aurait pu résider que dans une "capitulation sans conditions" devant les intransigeantes exigences du Principe des "Affinités électives".

Mais, pour concrétiser et imager la théorie, revenons à l'Astrologie. Comprenons ce que, grâce à elle, nous pouvons reconnaître: le genre terrestre du titulaire d'une carte du ciel, les attirances qui en résultent et, suite à ces attirances, le destin possible du natif. Il y a pour cela plusieurs méthodes d'observation qui correspondent chacune à des genres d'attraction différents. L'on peut, par exemple, considérer une carte du ciel rien qu'en elle-même, et voir vers quels genres astrologiques notre natif risque de se trouver attiré.

Ceci peut se faire simplement au niveau des principes, en considérant, par exemple, que les Signes de même élément étant en affinité de similarité entre eux, un natif du Lion (signe de Feu) a certaines chances d'être en affinité terrestre avec un natif du Bélier (signe de Feu) ou du Sagittaire (signe de Feu) ("être natif du ..." veut dire que le Soleil se trouve dans le Signe au moment de la naissance). Ceci peut aussi se faire en considérant plus particulièrement les maisons, planètes et signes qui régissent spécialement ces choses, en l'occurrence dans le cas de l'Amitié par exemple, la maison XI, la planète Uranus et le signe du Verseau. Pour ne donner qu'un exemple (la diversité des possibilités est phénoménale) un natif qui "a" la cuspide (la pointe) de "sa" maison XI dans le signe des Gémeaux sera éventuellement attiré vers les personnes Mercuriennes (Mercure, planète maîtresse des Gémeaux) avec qui il aura probablement la possibilité de se lier d'Amitié. Cependant, l'étude de la carte du ciel ne permet pas de préciser si cette amitié sera de style "périphérique" ou "central". Le genre terrestre qui préside à la rencontre et la rend possible n'est que le canal de choses plus fines, pour la perception desquelles il faudrait être clairvoyant. Et il en va ainsi pour tout. Les principes agissent en eux-mêmes dans l'absolu, cependant qu'une carte du ciel reflète l'actualisation particulière qui est faite de ces principes relativement au destin particulier d'une personne bien précise.

C'est ainsi que l'on peut étudier l'attraction au niveau des principes qui va pouvoir exister entre deux cartes du ciel, en les rapprochant l'une de l'autre. Seulement, tout ceci risque de ne rester que théorique dans la vie des deux natifs si ... ceux-ci ne se rencontrent pas! Mais cela n'est pas encore suffisant; il faut que, dans chacun des deux thèmes, plusieurs (dans la plupart des cas) positions planétaires rendent possibles non seulement la rencontre mais aussi l'"accrochage" et il ne suffit pas encore que les planètes en offrent la possibilité, mais il faut aussi que les fils du destin qui passent à travers les rayonnements sidéraux existent pour ce faire. Ceci dans le cas où l'expérience ainsi offerte voire même "imposée" au natif est le fruit d'un karma antérieur, positif ou négatif. Car il se peut aussi que l'expérience vécue ne soit pas amenée en dénouement de fils existants, mais qu'elle soit un pur fruit de l'activité du libre-vouloir et que ce soient de nouveaux fils qui soient tissés à ce moment-là. Mais le cas est très rare. Le comportement des êtres étant le plus souvent la résultante d'un mélange de libre-vouloir et de déterminisme.

Comme toujours, il faut "voir et reconnaître", mais c'est très difficile, car il faut beaucoup de discernement pour distinguer avec une certitude absolue l'authentique attraction émanant du magnétisme de l'esprit, de l'attirance à caractère karmique qui tend à nous plonger dans une situation que, si on pouvait le reconnaître, l'on fuirait en courant de toute la force de ses jambes! A moins, bien sûr que le karma ne soit "tout bénéfice", ce qui correspond au cas où il existe une adéquation parfaite entre l'attraction spirituelle et l'attirance terrestre. Il est d'une nécessité impérieuse que le Spirituel occupe toujours la place qui lui revient, c'est-à-dire la première. Il faut résister à une attirance physique si elle n'est que physique. Il faut résister à une attirance psychique, si elle n'est que psychique et physique mais pas spirituelle. Il faut vivre une attraction spirituelle si elle est aussi psychique (elle sera aussi physique).

 

Voyons d'un peu plus près les différents genres astrologiques tels que la tradition nous les présente. Chaque signe représente un principe qui, vécu à la perfection, confère au natif la possibilité d'acquérir durant son incarnation les vertus correspondantes au suprême degré. On dit que les "Bélier" sont ceci, les "Taureau" cela... etc... mais en définitive, ne devons-nous pas tous acquérir toutes les qualités représentées par l'ensemble du Zodiaque?

[...]

[Essai complet disponible aux Editions de Cristal]

Pierre Le Dantec



[1]Dans le sens péjoratif du terme, car le mot a aussi des connotations positives...

[2]Le genre spirituel - dans la mesure où il serait possible de l'appréhender à l'aide de données objectives - ne semble pouvoir être mis en relation qu'avec le nom ("Vous êtes le Nom que vous portez" dit l'Enseignement Universel) de la personne, et encore, en ce qui concerne le Noyau spirituel, le prénom seul (le nom de famille est plus terrestre, il est lié au karma et au genre semblable avec les parents et les frères et sœurs) parait devoir être retenu, ainsi sans doute que son équivalence chiffrée. Encore faudrait-il pour cela que la personne porte sur la Terre son "Nom d'éternité", celui qui figure dans le Livre de la Vie, qui est l'exception et non la Règle...

[3]En langue allemande "die Wahlverwandtschaften".