JUSTICE DES HOMMES
ET
JUSTICE DE DIEU

 

 

 

Justice des hommes et Justice de Dieu

 

La Justice de Dieu et la justice des êtres humains devraient être une seule chose. Malheureusement, elles sont deux.

C’est déjà ce qui ressort de cette Parole du Fils de Dieu :

« Si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens,
vous n’entrerez certainement pas dans le Royaume des Cieux. »

(Matthieu V, 20)

C’est précisément ce que l’on peut constater lorsque l’on se livre à une rigoureuse observation autour de soi, l’on s’aperçoit très vite que la véritable Justice ne règne pas dans la « justice »[1] rendue par les êtres humains  ; il n’y a pas identité de l’une et de l’autre, mais, au contraire, un véritable abîme a été creusé par les êtres humains entre la véritable Justice – la Justice Divine – et leur justice à eux. 

Sans doute est-il opportun d’essayer de savoir pourquoi il en est ainsi et ce qu’il serait possible de faire pour réunifier ce qui devrait être Un.

Car la Parole de Jésus :

« Que l’être humain ne sépare pas ce que Dieu a uni ! »

(Matthieu XIX, 6)

peut aussi se rapporter à cela : l’application des mêmes Lois dans les mondes spirituel et matériel, dans l’Au-delà et l’En-deçà.

La première explication à ce « divorce »-là, c’est que l’être humain juge selon les apparences ; il peut, d’ailleurs, difficilement faire autrement, car :

« Dieu Seul sonde les reins (= la Pureté)
 et les cœurs. » (= l’Amour).

 

Pourquoi l’homme juge-t-il
selon les apparences ?

 

L’être humain - le juge – juge essentiellement avec l’intellect. Si l’on songe, par exemple, qu’en France le citoyen ordinaire « lambda » est soumis, d’après ce que les experts juridiques ont calculé, à quelques soixante dix mille textes de lois différents (qu’il ne peut tout de même pas connaître par cœur !), il est déjà évident que c’est l’intellect qui se taille la part du lion dans l’institution judiciaire ! (Il suffit de comparer, par exemple, l’épaisseur du seul « Code civil » en regard des « Dix Commandements » pour constater l’inflation intellectuelle !)

Or, c’est là quelque chose de « bien ennuyeux », car, ainsi que le dit le renard du « Petit Prince » de Saint-Exupéry :

« L’on ne voit bien qu’avec le cœur ;
 l’Essentiel est invisible pour les yeux. »

L’intellect, en effet, étant étroitement limité à l’espace et au temps terrestres, de par sa nature même, est parfaitement inapte à apprécier les motifs et les mobiles, les intentions et le vouloir intime de chacun, et en particulier, ici, de chaque « justiciable ».

De ce fait, tous les jugements humains (sauf exceptions rares, comme, par exemple, selon la Bible, en Israël lorsque le Juge s’appelait Salomon, ou, selon l’histoire de France, lorsque c’était Louis IX, dit « Saint Louis », qui rendait la vraie Justice sous un chêne au bois de Vincennes) rendus par l’intellect sont grandement faillibles.

D’où l’affligeant constat selon lequel, à cause de cela, une très grande proportion de « jugements » rendus par la justice humaine sont en opposition flagrante avec la Justice de Dieu.

Car, ainsi que le dit le proverbe issu de la sagesse populaire :

« Qui juge légèrement se trompe lourdement ! »

C’est, bien sûr, très fâcheux pour les « justiciables », mais ça l’est encore davantage pour les juges eux-mêmes, dont la responsabilité n’est assurément pas diminuée d’un iota du simple fait qu’ils sont juges !

Autrement dit, le juge est personnellement responsable pour toutes les injustices qu’il commet lorsqu’il rend des jugements injustes, c’est-à-dire non conformes à la Justice de Dieu !

Il ne peut nullement s’abriter derrière sa fonction pour tenter d’excuser ses erreurs !

Certes, c’est pourtant bien ce qui se passe devant les êtres humains, rétorqueront certains, car, terrestrement, les juges seront rarement inquiétés au sujet des faux jugements qu’ils rendent, même lorsque ces jugements sont infirmés par une cour d’appel ou « cassés » par une juridiction encore supérieure (par exemple, en France, la cour de « cassation »), ce qui fait, pourtant, apparaître là, de façon évidente, la fausseté de nombre de jugements humains, mais lorsque le petit juge terrestre se retrouve, plus tard, le plus souvent après sa mort ou dans une autre vie, devant son Juge à lui, croit-il pouvoir s’en sortir aussi facilement en Lui débitant sa petite chansonnette selon laquelle il n’aurait fait, au cours de tous ses faux jugements (pouvant être nombreux au cours d’une longue carrière de juge !), qu’« accomplir son devoir » ?

Si l’on songe à tous les malheurs, à toutes les souffrances injustifiées causées à leurs prochains par tous ces juristes « spécialistes du droit » qui s’étaient imaginés, sur la base d’un savoir universitaire et de diplômes purement intellectuels, pouvoir se placer au-dessus des « communs des mortels » pour s’ériger eux-mêmes en juges au-dessus d’eux et, pour une large part de leurs décisions, souvent, sur la base de critères purement terrestres, condamner à tort leurs faits et gestes, ou donner, au cours des différends entre êtres humains, raison à qui a tort et tort à qui a raison, alors l’on se dit qu’il eut mieux valu pour ceux-là qu’ils n’aient jamais vu le jour ! Car le poids de leur culpabilité et la masse des dettes accumulées par eux envers tant de leurs prochains risquent d’apparaître pour eux sous la forme d’un immense boulet aux pieds (semblable à celui attaché à ceux de galériens, parmi lesquels ils y avaient des innocents – et pas que des célèbres, des reconnus comme Dreyfus ou des vraisemblables comme Seznek !), les entraînant dans une profondeur d’où ils risquent de ne plus pouvoir ressortir…

Les juges doivent, en effet, être bien conscients que les bons prétextes du style « je n’ai fait que servir mon pays » ou « je n’ai fait qu’accomplir mon devoir », sous lesquels ils s’abritent si volontiers, disparaissent, aussitôt une fois arrivée la fin de leur vie terrestre.

Car le juge - comme tout autre être humain – est et demeure personnellement responsable de toutes ses actions et de toutes ses décisions, donc de tous les jugements qu’il prononce, que ce soit « au nom du peuple » ou au nom de n’importe qui ou quoi d’autre.

Qu’il soit intellectuellement persuadé du contraire ne change rien à cet état de fait. Cette opinion terrestre erronée ne fait que le tromper lui-même. Ce qui entre toujours exclusivement en ligne de compte, c’est la manière avec laquelle il exerce sa fonction de juge.

Ce qui doit primer ici, ce sont les qualités humaines ; sa science juridique à l’égard de lois et de décrets humains constamment changeants n’a qu’une importance tout à fait secondaire.

La Base véritable de la Justice, c’est l’Amour. Le juge doit donc prendre l’Amour pour base, il doit aimer ceux qu’il a en face de lui et pour lesquels il doit prendre la meilleure décision, donc la plus juste, car ce n’est que dans l’authentique Amour que réside la véritable Justice. La Dernière ne va pas sans le Premier.

 

Mais, dira-t-on, puisque les juges humains, à l’inverse de la Justice Divine, sont si imparfaits et donc si faillibles, comment la Justice Divine peut-elle donc s’accomplir sur la Terre, puisque sur celle-ci l’on est (tout au moins en apparence) soumis à l’arbitraire des lois humaines et des jugements humains?

 

N’est-il pas exact, en effet, que maint juge est souvent bien plus coupable que la personne qu’il vient de condamner ? Et que les « palais de justice » sont, en fait, bien souvent, des « palais de l’injustice » !

Paraphrasant en cela Beaumarchais, l’on pourrait dire :

Aux vertus de pure forme que l’on exige d’un présumé coupable, bien peu de juges seraient dignes d’être justiciables !

Une vie terrestre de juge est vite passée ! Et alors, voilà le juge jugé par un autre Juge, infiniment plus grand et plus puissant que lui ! Et devant ce Juge-, ce sont d’autres Lois, tout à fait différentes, qui comptent ! Et alors, de quoi peut encore se prévaloir le petit juge de la Terre, qui se croyait au-dessus des autres, et peut-être même au-dessus des Lois de Dieu ?

Bien souvent, un être humain peut, sur Terre, en effet, facilement tromper son prochain et même l’humanité terrestre entière. Par contre, dans le monde fin-matériel de l’Au-delà où il va après sa mort, la tromperie n’a plus cours ; elle est tout simplement impossible.

Et c’est qu’entre (enfin !) en vigueur la Parole de Jésus :

« L’être humain récoltera ce qu’il aura semé !»

Constatons donc tout d’abord que les jugements humains n’ont – fort heureusement - que des effets temporaires.

Aussi personne ne doit-il devenir complètement désespéré lorsque, sur Terre, comme bien souvent, il arrive que, passagèrement, l’injustice prévale.

Car celui qui a subi l’injustice et a donc injustement été terrestrement abaissé par de mauvaises gens ou de mauvais juges est, dans l’Au-delà, élevé par les Lois jusqu’à la hauteur qui est la sienne.

Mais celui qui s’est lui-même orgueilleusement élevé et érigé en juge au-dessus des autres, celui-là est rabaissé par ces mêmes Lois jusqu’à la hauteur – ou la bassesse – qui est effectivement la sienne.[2]

Pas une seule mauvaise pensée émise sur Terre ou ailleurs ne demeure impunie, même s’il n’en est résulté aucun acte ou aucune parole – orale ou écrite - dans la matière grossière !

Le Fils de Dieu Jésus, dans Sa Parabole sur « Le juge inique et la veuve importune », nous donna déjà à comprendre cela.

Voici cette Parabole :

« Jésus leur adressa une Parabole, pour montrer qu’il faut toujours prier, et ne jamais se relâcher  :

« Il y avait, dans une ville, un juge qui ne craignait pas Dieu et qui se moquait des hommes.

Commentaire : Situation aujourd’hui encore bien plus fréquente qu’à l’époque de Jésus : Qui sont les juges qui craignent encore Dieu ? Levez la main, s’il vous plaît !

Il y avait dans cette ville une veuve qui vint le trouver en disant :

"Rends-moi Justice contre mon adversaire !"

Situation toujours fort courante.

Pendant longtemps il s’y refusa.

Cela se produit toujours pareillement.

Puis, il se dit :

"J’ai beau ne pas craindre Dieu et me moquer des hommes, néanmoins comme cette veuve m’importune, je vais lui faire justice pour qu’elle ne vienne pas sans fin me casser la tête." »

A force de réclamer Justice, l’on finit, parfois, par obtenir satisfaction, même avec de mauvais juges…

Et le Seigneur dit :

« Ecoutez ce qu’a dit ce juge inique. Et Dieu ne fera-t-Il pas Justice à Ses Elus qui crient vers Lui, jour et nuit, et tardera-t-Il à leur égard ? Je vous le dis, Il leur fera prompte Justice. Mais le Fils de l’Homme, quand Il viendra, trouvera-t-Il la Foi sur Terre ? » »                                     - Luc, XVIII, 1-8 -

Celui qui garde donc la Confiance en Dieu ne sera jamais déçu, surtout s’il fait partie des Elus…

Mais lorsque le Fils de l’Homme arrive pour juger, il est bien triste qu’Il ne trouve pas la Foi sur Terre, la Foi en Lui ainsi que la Confiance en Dieu…, car c’est Lui le Juge Divin, Qui vient abaisser les mauvais juges et élever les victimes innocentes

Si aucune mauvaise pensée ne demeure impunie, l’on peut aussi ajouter que, bien évidemment, la réciproque est vraie : pas une seule bonne pensée ne demeure sans récompense, même s’il n’en est résulté, non plus, aucun acte dans la matière grossière.

La Récolte - en bien ou en mal - n’intervenant donc pas toujours immédiatement au cours de la même vie terrestre, dans un certain nombre de cas la Justice Divine ne s’accomplit donc qu’après le décès du corps terrestre, alors que l’âme est arrivée dans l’Au-delà fin-matériel. C’est là qu’elle est confrontée à ses œuvres véritables, celles dont parle l’Apocalypse, lorsqu’il y est dit :

« Car leurs œuvres les suivent  ! »

(Apocalypse XIV, 13)

Car certains dénouements exigent, en outre, des conditions particulières pour se produire, et ces conditions ne peuvent être remplies qu’au cours d’une vie terrestre ultérieure.

Mais ce n’est pas toujours le cas. Bien souvent, heureusement, il arrive aussi que la Justice de Dieu S’accomplisse déjà sur Terre au cours de l’existence même où la faute a été commise. La Bible fourmille de tels exemples. Que l’on songe, par exemple, au sort du tortionnaire des frères Maccabées.

Nous ne pouvons, bien sûr, que nous en réjouir, car c’est grâce à ces cas-là qu’il nous est possible de voir et reconnaître clairement la Loi de l’Effet de Réciprocité (aussi dite « des Semailles et des Moissons ») en action. Autrement dit, de « faire le rapprochement » entre l’acte et sa rétribution.

 

Les châtiments injustes

 

Prenons, maintenant, le cas où, tel le héros d’Alexandre Dumas : « Le Comte de Monte-Cristo », un homme est l’objet d’une conspiration et alors qu’il est terrestrement innocent, il est condamné - parce que toutes les apparences sont contre lui - à une lourde peine de prison à vie.

Lorsque c’est le cas inverse - que c’est un coupable qui est innocenté - il est relativement facile de concevoir qu’ainsi qu’on le dit familièrement, « il ne perd rien pour attendre » et que la Justice Divine qui le guette s’accomplira quand même plus tard en dehors de la justice des hommes, dans cette vie ou dans une autre ou bien dans l’Au-delà, mais lorsque l’homme est innocent et qu’il est condamné et qu’il subit la peine, où réside alors la Justice de Dieu ?

Il n’y a pas ici une seule réponse possible mais plusieurs.

Tout d’abord, posons comme remarque préalable le fait qu’

aucun mal ne peut s’approcher d’un être humain,
 s’il ne lui a lui-même tendu la main.

Cela signifie que l’on peut être juridiquement innocent, mais quand même en affinité avec le mal et ainsi l’attirer de par la Loi Universelle d’Attraction du Genre Semblable.

Premier cas possible : Prenons, comme exemple, le cas des Incas.

Les Incas, les « Fils du Soleil » étaient débonnaires. Pourtant, le cruel Pizarro leur infligea une fin horrible. Comment l’expliquer ?

Il résulte de l’examen attentif de leur cas que :

       il est vrai que les Incas étaient innocents,

       mais, spirituellement, ils dormaient,

       ils eurent donc l’occasion d’un Réveil,

       ils saisirent, d’ailleurs, cette opportunité,

       ils auraient donc dû être vigilants,

       c’est leur absence de Vigilance qui causa leur perte terrestre,

       par leur Vigilance, ils auraient même pu prévenir l’attaque de Pizarro, avant même qu’elle ne se déclenche.

L’affinité avec le mal résidait donc dans ce cas dans leur faiblesse et leur indolence. C’est par leur insouciance qu’ils tendirent, involontairement, la main au mal.

Cela ne signifie nullement que l’agression de Pizarro était justifiée et cosmiquement voulue pour eux. En l’occurrence, même si la chute de l’Empire Inca pouvait être astralement prévisible, cela n’était, très certainement, pas le cas.

Mais la Justice Divine l’autorisa, et S’en servit pour permettre, pour rendre possible, le Réveil spirituel des Incas.

Car, s’ils avaient été vigilants, ils n’auraient nullement souffert de Pizarro et de ses hommes, car soit Pizarro n’aurait alors pas osé les attaquer, soit l’attaque aurait tourné court à l’avantage des Incas, car ils auraient été prêts à toute éventualité.

Certains demanderont peut-être alors :

« Mais comment les Incas pouvaient-ils se réveiller spirituellement, puisque, soit ils furent assassinés, soit ils disparurent en tant que Peuple ? »

Ce qui compte ici, ce sont les esprits et non les enveloppes. Les esprits furent durement secoués par cet événement et purent ainsi connaître le Réveil et s’incarner ensuite, de nouveau, dans d’autres Peuples…

Deuxième cas possible : L’innocence terrestre actuelle cache une culpabilité cosmique antérieure : « le Comte de Monte-Cristo est coupable », coupable oui, mais sa culpabilité est une histoire ancienne et non pas nouvelle et, comme « Les Meules de Dieu tournent lentement mais sûrement », le dénouement lui arrive maintenant à un moment où il ne s’y attend plus. Ne s’étant pas purifié entre-temps ou, en tous cas, pas suffisamment, il a laissé passer les possibilités de Rachat symbolique, il doit donc expier, afin de reconnaître ce qu’il y a eu jadis, dans une vie antérieure, de faux dans son comportement et qu’il porte encore en lui, sans quoi ce dénouement n’aurait pas pu l’atteindre.

Donc, à la place du sentiment intellectuel d’injustice immédiat doit se substituer la reconnaissance spirituelle que ce qui lui arrive est mérité et lui permet de spirituellement se libérer enfin des liens anciens de la faute et de la culpabilité.

« Faux coupable » ? Pas si sûr. Peut-être plutôt : « faux innocent » !

Reconnu, au cours d’une injustice actuelle, coupable d’une faute ancienne par la Justice Divine !

Pour résumer notre interrogation, formulons-la d’une façon plus lapidaire : Lorsqu’un être humain est confronté à une épreuve, à une souffrance, « est-ce un karma ou n’est-ce pas un karma ? »

1°) Premier élément de réponse : Il faut savoir que toutes les adversités ne sont pas forcément les conséquences d’un karma préexistant. En effet, le karma doit bien avoir un commencement lui aussi. Par conséquent, en ce qui concerne tous les malheurs susceptibles d’arriver à un être humain, il faut considérer que « tout n’est pas karmique ». C’est donc à lui de discerner, à chaque fois, si ce qui lui arrive est karmique ou non, ce qui n’est pas toujours si facile…

Parallèlement au karma en cours, il faut aussi savoir que non seulement des fils karmiques, à toute heure, se dénouent mais encore que, avec chaque nouveau vouloir spirituel, chaque nouvelle pensée émise, chaque nouvelle parole prononcée, chaque nouvel acte accompli, de nouveaux fils, aussi, constamment, se nouent.

En conséquence, le mal est alors attiré par une quelconque faiblesse chez la victime. Or, il est bien connu, surtout depuis Jean de La Fontaine[3] que « les agneaux et les loups ne peuvent co-exister ».

La Justice de Dieu permet ici au mal de s’accomplir en tant que thérapie violente et préventive en vue d’éviter ensuite un mal plus grand. Il s’agit, en quelque sorte, d’une « vaccination ». Guérison du mal par le mal.

2°) Deuxième élément de réponse : La Justice de Dieu utilise toutes les circonstances terrestres pour s’accomplir.

Y compris les apparentes injustices résidant dans les jugements humains. L’injustice est, à l’intérieur d’un laps de temps donné (par exemple, la durée d’une vie terrestre), réelle, mais pas à l’échelon du périple complet d’un esprit humain, lequel s’étale sur des millions d’années et des dizaines d’incarnations

Si un homme terrestrement innocent est condamné, il n’est peut-être pas, avec la vue-haute embrassant l’ensemble de son parcours, aussi innocent que cela.

Toute circonstance peut d’ailleurs se retourner et Edmond Dantès peut aussi s’évader de sa prison et faire fortune grâce à sa rencontre avec l'abbé Faria.

Ce qui est important à considérer ici, c’est que tous les êtres humains, qu’ils le veuillent ou non, qu’ils le sachent ou non, sont soumis à la Loi, enserrés et pénétrés par la Loi. Ils ont, du reste, comme toute créature et tout ce qui dans la Création existe, eux-mêmes été créés par la Loi, selon la Loi. Ils vivent donc dans la Loi, sous l’empire de la Loi. Et c’est par leur libre vouloir uniquement qu’ils tissent eux-mêmes leur « tapis de vie »[4], la trame de leur destin qui va, à son tour, déterminer leurs chemins.

Ces chemins tracés par eux-mêmes les conduiront infailliblement, au moment de leurs incarnations ici sur Terre, vers les parents qui leur conviennent pour leur enfance. Ils s’introduiront ainsi dans les conditions idéales pour leur évolution spirituelle, parce que c’est ainsi qu’ils récolteront précisément les fruits mûrs résultant des fils de leur propre vouloir antérieur.

Dans les expériences vécues qu’ils vont être amenés à vivre, ces êtres humains vont continuer à mûrir ; car si leur vouloir antérieur était orienté vers le mal, les fruits récoltés seront exactement du même genre. Cette nouvelle incarnation, avec tout ce qui va avec, correspondra donc toujours à l’accomplissement des désirs de jadis. Car de tels désirs sommeillent toujours secrètement en chaque vouloir humain et en sont, en fait, le mobile. Le temps qu’ils mûrissent, il arrive souvent que de tels fruits ne viennent à tomber qu’au cours de l’existence terrestre ultérieure de l’intéressé, mais, patience ! car ils finiront toujours par tomber, assurément !

Le nouveau vécu de l’âme, selon la façon avec laquelle il est accueilli, peut alors apporter le rachat de toutes les mauvaises semences antérieures de l’âme humaine considérée, de même qu’il apporte aussi la récolte des bonnes. Dès qu’elle en tire les leçons qui l’amènent à la connaissance de soi-même, cette âme y trouve une occasion certaine de s’élever, et cela à tout instant comme dans toutes les situations de sa vie.

Considérons que rien n’est jamais assez grave au point de ne pouvoir être changé en bien sous l’effet d’un sincère bon vouloir.

La trame de la destinée humaine est donc si bien tissée que, à quelques variantes près, les conditions de la naissance d’un être humain déterminent déjà rien qu’à elles seules une grande partie du destin à suivre, de sorte que la part d’arbitraire est vraiment réduite au minimum. Elle est donc certainement loin d’être aussi importante que l’intellect aurait tendance à se l’imaginer.

 

La sanction des actes par la justice humaine
selon leur genre

 

Il nous faut, aussi, ici examiner plus en détails le mécanisme de la justice humaine afin de savoir pourquoi certains actes sont plus sévèrement sanctionnés que d’autres.

A ce sujet il convient de remarquer que les lois humaines sur Terre sont élaborées et appliquées par l’intellect. C’est la raison pour laquelle les desseins prémédités par l’intellect, donc les actes réfléchis, sont – en tant que tels - plus rigoureusement sanctionnés et plus sévèrement jugés que les actes affectifs, donc irréfléchis. Bien souvent, les actes impulsifs – tels les « crimes passionnels » - bénéficient de circonstances atténuantes.

La raison pour cela est, le plus souvent, totalement imperceptible aux êtres humains. C’est le genre semblable de l’activité de l’intellect qui fait ici que celui qui a péché par l’intellect est aussi puni à proportion par l’intellect. C’est tellement évident pour les êtres humains d’intellect qu’une autre alternative n’arrive pas à s’imposer à eux.

La conséquence spirituelle de cela est que, lors d’un acte affectif - sans que personne ne s’en rende compte - la majeure partie de la réparation demeure réservée au domaine spirituel.

Autrement dit, devant les Lois de Dieu, un « crime passionnel » n’est nullement moins grave qu’un « crime calculé », c’est même le contraire.

Lorsqu’un tel crime est commis sur Terre et que le jury, tout ému par la « pauvre femme » qui, « par amour », a poignardé son amant pendant son sommeil parce que celui-ci était sur le point de la quitter, se résout soit à lui donner une peine purement symbolique (prison avec sursis) soit même, « pour toute forme de procès », à purement et simplement l’acquitter, la meurtrière n’ayant que peu ou pas {du tout} expié son crime du fait de la justice humaine, l’expiation de celui-ci, nullement abolie pour autant, ne se produit alors, inévitablement, que nettement plus tard, dans l’Au-delà et/ou, de nouveau sur Terre, à la faveur d’un contexte tout différent.

Car aucun être humain ayant deux sous d’Intuition de Justice ne peut s’imaginer que parce qu’un être humain réellement coupable se trouve, que ce soit par méjugement, sentimentalité ou pour des raisons d’opportunité terrestre, acquitté par la « justice » humaine, il va être, simultanément, tout aussi blanchi « aux Yeux » de la Justice Divine !

Législateurs et juges ne prennent pas garde au haut Point de Vue spirituel, pourtant le seul juste, car ils se basent sur des principes tout à fait différents, donc tout à fait faux, purement intellectuels. Mais si l’on réfléchit bien - lorsque l’on a fait l’effort d’apprendre à connaître les Lois qui régissent la Création – force est de reconnaître qu’être acquitté tout en étant coupable, donc sans l’avoir mérité, n’est, tout bien considéré, nullement une Grâce !

Car, lors des « sentences », « arrêts » et « jugements » terrestres, l’on peut être bien assuré que les vivantes Lois de Dieu agissant dans la Création opèrent de façon complètement indépendante, sans se soucier des lois et des concepts humains. Ce qui est lié ou délié sur Terre n’est, en ce cas, nullement lié ou délié dans les Cieux ! Il ne viendra certes pas à l’idée d’un être humain réellement doué de bon sens de s’imaginer qu’une faute réelle – ce qui sera, souvent, bien différent d’une faute considérée comme telle par les êtres humains – soit, sans plus, effacée de son compte débiteur en regard des Lois de Dieu, au moment même où l’intellect humain déclare l’être humain considéré comme exempt de la faute pour laquelle il a été inculpé, ou bien que se trouve terrestrement achevée la punition que ce même intellect a estimé comme étant convenable et suffisante !

L’on peut donc dire que, du fait des faux agissements et des fausses pensées des êtres humains, cela fait de longs millénaires que le monde de la justice humaine est complètement séparé du Monde de la Justice Divine.

Ils devaient pourtant former un unique Monde, uniquement régi par les Lois de Dieu. Mais pour cela il faudrait que la Terre, elle aussi, ainsi que toute la Création matérielle, fasse{nt} partie du Royaume de Dieu, et, en cette heure, c’est encore loin d’être le cas…

Pour que, sous l’effet de la justice humaine, un rachat soit déjà terrestrement possible pour un véritable coupable, il fau{drai}t que le châtiment qu’il a à subir concorde exactement avec celui que lui donne{raie}nt les Lois de Dieu dans la Création. 

Certes, cela peut parfois se produire, mais, en ce cas, c’est quasiment « par hasard »…

Au stade où nous sommes de notre réflexion, apparaît le principe que tout être humain a grandement intérêt à devenir capable de se forger un bon jugement - surtout lorsqu’il veut exercer la fonction de juge !

 

Que faut-il faire
pour exercer un sain jugement ?

 

1) Pour bien juger un être humain, une situation, un acte (surtout lorsqu’il s’agit d’un délit), il faut et il suffit de :

DÉVELOPPER SON INTUITION.

Un bon juge ne peut être qu’un être humain d’Intuition qui jugera non seulement avec des lois et des règlements - si excellents puissent-ils être (ce qui est loin d’être toujours le cas !), mais d’abord et avant tout, avec le cœur.

Il faut donc cultiver en soi la Faculté de « sentir » avec l’Intuition, celle de sonder les reins et les cœurs - autant qu’un être humain puisse le faire ! -, comprendre les mobiles et les actes.

Peu à peu, le jugement deviendra plus précis, jusqu’à finir par être 100% intuitif, donc alors seulement infaillible.

Il est, en effet, exclu qu’une Intuition soit fausse. C’est en effet impossible, à condition que... ce soit vraiment elle qui, en l’être humain, parle !

Il ne s’agit donc pas de prendre son imagination pour son Intuition, car l’une n’est pas l’autre. Si l’Intuition est totalement fiable, l’imagination est, quant à elle, au contraire, très faillible.

2) Quelles sont les conditions pour être un bon juge ?

Nous l’avons déjà souligné, le bon juge doit prendre l’AMOUR pour base. Ce que nous n’avons pas encore fait, c’est de préciser le genre de l’Amour en question, de quelle sorte d’Amour il s’agit là.

La plus grande part de l’Amour a pour nom « Sévérité ». De là découle le proverbe : « Qui aime bien, châtie bien ! » Nulle part sans doute, ce proverbe vient aussi à propos qu’ici. Le véritable Amour veut le véritable bien de l’être aimé, c’est-à-dire son Bien spirituel, car c’est le seul qui soit durable. Tout le reste, c’est-à-dire tout ce qui est terrestre, est passager, éphémère et voué à une disparition plus ou moins proche.

3) Que se passe-t-il si la justice humaine et la Justice Divine coïncident ? Quels sont les avantages ?

Si la justice humaine et la Justice Divine coïncident, cela signifie que la justice humaine devient, est alors ce qu’elle doit être en vérité : un Instrument de la Justice Divine, un instrument, mais un instrument conscient, conscient qu’il n’est plus aveugle mais guidé, que la Justice Divine s’accomplit à travers lui, dans le sens même où cela apparaît aussi du point de vue terrestre.

C’est là, à tous égards, un énorme avantage :

       Pour les juges : ils travaillent alors dans la conscience d’être l’Outil de la Justice Divine, qu’ils sont utilisés par Elle, et pour eux c’est merveilleux. Ils ne sont plus ceux qui déterminent, mais seulement ceux qui exécutent. Leur métier n’est plus un métier, c’est une vocation : « Der Beruf » (= la profession), comme l’on dit en allemand, devient « Die Berufung », c’est-à-dire la Vocation, l’Appel, la Mission. Ils apprennent ainsi à être à l’écoute de leur Voix intérieure, ils deviennent comme Salomon ou le roi Louis IX (dit « Saint Louis »), rendant la Justice avec Sagesse et Equité. Ainsi, ils ne risquent plus de s’enferrer eux-mêmes dans les mailles d’un karma complexe, en rendant des jugements arbitraires. Il n’est plus nécessaire de faire de longues années d’études pour apprendre des lois et des règlements compliqués, il suffit tout simplement de développer en soi la vraie Sagesse et la compréhension du prochain.

A propos des lois humaines, nous avons déjà vu que les lois d’un seul état sont tellement nombreuses et complexes que la vie entière d’un citoyen de l’état considéré ne suffirait pas à les connaître, si bien que n’importe quel citoyen peut être pris en infraction si quelqu’un veut le « coincer », puisqu’il lui est impossible de connaître toutes les lois auxquelles il est pourtant censé être assujetti, puisque l’on dit toujours, à ce sujet : « Nul n’est censé ignorer la loi! » Quelle aberration réside dans ce fait !

       Pour les justiciables également, il n’y a qu’avantages à être soumis à une justice terrestre qui soit un exact reflet de la Justice Divine. Ils peuvent, en effet, - s’ils le veulent - savoir que les décisions rendues sont parfaitement justes. Ils peuvent donc savoir que, déjà sur la Terre, la Justice Divine peut les atteindre à travers la justice des hommes. Ceci est de nature à leur éviter de mauvaises surprises après leur décès, puisque déjà la plus grande partie des fautes commises peut alors être expiée sur la Terre. Le rapport de causalité entre l’acte et sa répercussion est beaucoup plus facilement établi. Le délai entre l’acte (« nouement ») et le nouement s’en trouve également considérablement raccourci. Cela permet aussi de repartir plus vite sur une base plus neuve, dès l’existence considérée ou la suivante.

Et puis, bien sûr, cela constitue indubitablement une incitation plus grande à pratiquer la Vertu.

       Pour les citoyens, c’est en outre une assurance que la Vérité et le vrai bon Droit triompheront toujours, ce qui ne peut que renforcer en eux la bonne considération et la crédibilité de l’institution judiciaire.

 

Conclusion

 

Il est très important de s’exercer à reconnaître ce qui est juste au cours des circonstances concrètes de la vie quotidienne, car cela développe non seulement un jugement sain mais aussi globalement l’Intuition et c’est excellent pour développer la personnalité spirituelle globale. Il faut renoncer à vouloir juger son prochain avec son intellect et son jugement personnel. Il faut au contraire se mettre à l’écoute de sa Voix intérieure et des Guides spirituels qui parlent par elle, car ils sont une partie de notre conscience.

Il nous faut comprendre notre prochain et non point le juger. Or, comprendre signifie pardonner.

Cela ne signifie nullement que ceux qui ont la tâche d’éduquer au nom de la société ne doivent pas sévir lorsqu’il est nécessaire de le faire, mais cela signifie que tout jugement humain - s’il veut aussi être en concordance avec la Justice Divine - doit être entièrement débarrassé de toute trace de l’« ego » du juge.

Cela signifie que le juge mette concrètement en application la Parole Biblique: « A Moi la vengeance, à Moi la rétribution ! » (Deutéronome XXXII, 35) (C’est Yahvé qui parle). C’est-à-dire qu’il ne soit plus alors un homme qui juge, mais qu’il soit devenu uniquement un Instrument de la Justice transcendante, Laquelle dépasse l’humain, infiniment !

 

Pierre Le Dantec

 



[1] Observation tout à fait révélatrice à cet égard, en certaines langues, comme, par exemple, en langue allemande, il y a aussi, du reste, deux mots également bien distincts pour désigner l’une et l’autre  : la vraie Justice se dit « Gerechtigkeit », tandis que l’institution judiciaire humaine se dit « Justiz ».

[2] Pour plus de détails sur l’effet de ces Lois, en particulier ici celle de la Pesanteur spirituelle, nous renvoyons à notre étude, également disponible sur ce même site de « L’Appel des Hauteurs »  : « La Loi de la Pesanteur et le Destin ».

[3] Voir la célèbre fable « Le loup et l’agneau ».

[4] Voir, à ce sujet, le Diaporama « L’être humain et sa libre volonté ».