LES 7 DERNIÈRES PAROLES
DU CHRIST

 

 

Récit d’un Témoin oculaire
présent au Golgotha

 

« Qu’est-ce qu’un être humain
qui n’est pas un écho du Temps ? »

 

« Il a pleuré le Coupable,

Tu as pleuré le Coupable

La femme aussi pleurait le Coupable

Et pourtant le Coupable n’était Autre

Que Celui Qui était Dieu. »

 

 

Sous la croix, c’est là que je me trouvais ; je venais d’arriver ; il y avait le Sauveur en haut, sous les brûlants rayons du Soleil, il y avait moi et il y avait la femme, là, à ma droite, à côté de moi. C’était comme une Relation triangulaire entre nous trois, mais je n’en comprenais pas la Signification.

J’entendis :

« Il a pleuré le Coupable, Tu as pleuré le Coupable, la femme aussi pleurait le Coupable, et pourtant le « Coupable » n’était Autre que Celui Qui était Dieu. »

Mais qui d’autre que moi pleurait le soi-disant « Coupable » ? Et qui était cette femme qui Le pleurait aussi ? Certes, je pleurais le reconnu « Coupable » par la « justice » des hommes et la femme à côté de moi Le pleurait aussi…

C’était pourtant le plus grand et parfait Innocent de toute l’Histoire !

Mais qu’avaient donc fait les êtres humains ? Quelle Tragédie insensée ! Quelle incroyable, monstrueuse, horrible chose avaient-ils commise ! Je cherchais des mots assez forts pour exprimer tout mon désespoir, toute mon indignation et toute ma révolte et n’en trouvais pas…

Comment Dieu, Son Père, dont Il était une indissociable Partie, pourrait-Il nous pardonner cela ? Je cherchais, dans ma pauvre tête en feu, comment cela pouvait être tout simplement possible et je ne trouvais pas…

J’étais consterné par ce que je voyais et, en même temps, j’étais conscient que je vivais un Drame Cosmique. J’étais beaucoup plus concerné qu’« aux premières loges » : j’étais sur la scène, dans le Drame lui-même.

En effet, malgré ma hâte et l’aide de Markus, j’étais arrivé trop tard… Il y avait de l’insurrection sur les routes de Jérusalem et elles étaient fort encombrées.

Mon régisseur me l’avait rapporté, Marie-Madeleine était venue me voir, mais, déjà je n’étais plus là.

À présent, j’étais enfin là à Ses pieds, agenouillé devant Lui ; mon Sauveur était encore là, mais, désormais, ce n’était plus, au mieux, qu’une question de quelques heures et Il nous quitterait pour toujours. À cette pensée, je me mis à trembler comme une feuille. Déjà, Il semblait être dans un autre Monde…

Soudain, je me mis à penser – je ne sais pourquoi – à Jacob « celui qui ne voulait pas aller jusqu’au chemin de la Côte de Dieu ».

Et voilà que d’autres peurs m’étaient montrées… J’étais secoué par l’épouvante à la vue des horribles conséquences du crime de Déicide !

Au pied de la croix se trouvait la Tunique de Jésus. C’était une étoffe brune tout d’une pièce, sans aucune couture. Non loin de là, les soldats qui avaient procédé à l’exécution étaient tranquillement en train de la jouer aux dés !

Mon Seigneur, pour la première fois depuis qu’Il était là, parla. Et la première Chose qu’Il dit, ce fut :

- « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! »[1]

Depuis qu’Il était sur la croix, c’était la première Parole qu’Il prononçait. Et c’était encore une incroyable Parole d’Amour !

Je ressentis un immense soulagement. Tout n’était donc pas encore irrémédiablement perdu

Ce que cette seule Parole allait déclencher dans tout l’Univers-Cosmique, nous ne pouvions, alors, pas encore le savoir. La plus grande Prière d’Intercession de tous les temps. Et le Père, Qui est L’Amour, allait, oui, l’entendre.

Grâce à cette Parole, le Fils de l’Homme, le Consolateur Que, peu auparavant, Jésus avait Lui-même annoncé, était, à l’Époque du Jugement, autorisé à venir non pas seulement sur les nuées mais jusque sur la Terre..., afin d’y apporter, une dernière fois, avant le Jugement, la Parole du Père à ceux qui voudraient encore L’entendre.

De ce fait, à cet instant, le Destin de la Terre changea. Elle ne serait pas détruite à cause de Golgotha, mais elle serait préservée pour l’humanité, qui, reconnaissant, en temps opportun, la Parole du Fils de l’Homme envoyé par Dieu, pourrait alors encore expérimenter le Royaume de Mille Ans à venir…

À ce moment-là, il était vrai que le centurion romain qui commandait la cohorte ne paraissait vraiment pas savoir ce qu’il faisait. Il errait, allait de la croix à ses soldats assis en train de jouer la Tunique aux dés, un peu à l’écart, puis des soldats jusqu’à la croix, hagard, perdu. Pitoyable…

Deux autres croix entouraient la croix centrale. Deux larrons étaient fixés à chacun d’elles. Un spectacle contrasté.

La tête de Jésus s'était affaissée, Son menton reposait sur Sa poitrine. Personne ne remarquait à quel point Il souffrait. Il ne criait pas et rien que cela, à côté de moi, dressa de nouveau la populace contre Lui.

-  « Si Tu es le Fils de Dieu, aide-Toi Toi-même ! Mais Tu en as seulement aidé d’autres ! Voyez, Il ne peut pas S’aider Lui-même ! Descends de la croix ! »

Tels étaient les quolibets qui montaient vers le Crucifié. Et le larron de gauche, suspendu à côté de Lui, gigotait comme un beau diable et tirait sur les cordes avec lesquelles il était ligoté et il Le raillait encore dans les spasmes de l’agonie. C’était horrible à voir, et encore plus à entendre !

Mais un corbeau arriva et se mit à lui picorer le crâne, ce qui, déjà, le fit taire. Puis, de deux coups de bec bien ajustés, il lui creva les deux yeux. On ne l’entendit plus. Déjà, le Jugement s’était abattu sur lui.

Mais ce n’était pas tout. Car ce mauvais larron, plusieurs fois, se réincarna sur Terre, et, à chaque fois, il était, oui, stigmatisé !

Lorsqu’il revint sur la Terre, à l’époque du Fils de l’Homme, c’était, chose à peine croyable, oui, une femme, la stigmatisée de Konnersreuth, Therese Neumann. Et personne ne lui dit clairement qui elle avait été et pourquoi elle devait régulièrement vivre dans son corps les souffrances de la passion.

Cela seul aurait réellement pu l’aider, mais les « hommes d’église », autour d’elle, la considéraient comme une « privilégiée », oui une « comblée de Grâces », ils la vénéraient comme une … « sainte » ! Quelle stupide présomption ! Comment Dieu Omnijuste traiterait-Il les autres s’Il traitait Ses « privilégiés » en les faisant ainsi saigner et se tordre de douleur sur une couche de grabataire… !?!

Par ce comportement totalement illogique et égoïste, les gens d’église, par cette fausse vénération, ont alors empêché le rachat de l’âme de ce mauvais larron.

Quant à tous les autres railleurs, sans exception, qui se trouvaient là, je peux vous dire que, depuis deux mille ans, ils ont tous été marqués et ont tous durement expié leur faute, que quelques-uns ont reconnue mais pas tous, de loin s’en faut.

Aujourd’hui à l’époque présente, grâce à Sa Parole, avant le dernier Retour du Fils de l’Homme, une dernière chance de rachat leur est offerte. Mais si, alors, Jésus n’avait pas dit « Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! », ils n’auraient plus eu aucune chance du tout !

Alors, du côté droit, gémit une voix douloureuse ; c’était celle de l’autre larron, se trouvant de Son côté droit, et qui, lui, était tout dans la repentance et, sur la croix, parvenait enfin à la reconnaissance de Jésus :

-                  « Seigneur, souviens-Toi de moi, lorsque Tu seras dans Ton Royaume ! »

Et Jésus, lui répondant, parla, de nouveau, pour la deuxième fois:

- « En vérité, je Te le dis : Aujourd'hui même, Tu seras dans le Paradis ! »[2]

Après cette deuxième Parole, de nouveau le crépuscule L'enveloppa. Comme dans un épais brouillard, Jésus ne voyait pas ceux qui, sous la croix, pleuraient. Seulement une fois encore, Il Se réveilla et, à travers le sang et la transpiration qui coulaient devant ses yeux, Il S’efforça de regarder les visages de ceux qui, autour de Lui, s’affligeaient. Alors Il vit Marie – qui, auparavant, n’était pas encore là - et, à côté d'elle, Jean, et, doucement, Il leur dit :

- « Vois, Femme, c’est Ton fils. Et voilà Ta mère, Jean ! »[3]

C’était Sa troisième Parole.

Ensuite, un orage d’une incroyable violence se déchaîna, de noirs nuages recouvrirent le Ciel et le lieu fut envahi par l’obscurité, seulement interrompue par de perçants éclairs déchirant la diurne nuit.

Les Entéaux[4] exprimaient ainsi la céleste Colère, avec laquelle ils ne faisaient qu’un. Jadis, Jésus, à Qui ils obéissaient, les avait, quelque temps plus tôt, apaisés sur le Lac. à présent, ils ne se laissaient apaiser par rien…

Au même moment, à Guizeh se déclenchait un violent tremblement de terre, qui, secouant la Grande Pyramide, fissura, dans la Salle du Jugement, les dalles du plafond – de soixante-quinze tonnes chacune - …

Ensuite, ce fut silencieux. Les ténèbres durèrent trois heures.

Après cela, Jésus ouvrit encore une fois les yeux et dit:

- « J’ai soif ! »[5]

C’était Sa quatrième Parole.

Il voulait de l'eau ; car Il avait, en effet, grand soif.

Sur un signe du centurion, un soldat romain se leva de son jeu de dés et, parce que Jésus devait boire la coupe jusqu’à la lie, Lui tendit, au bout d'une perche, une éponge imbibée de vinaigre, à laquelle Jésus S’humecta les lèvres ; puis tout fut, de nouveau, comme avant...

Jésus vivait dans un état encore à peine conscient. Une fois encore, Lucifer, le prince des ténèbres, s'approcha de Lui. Jésus, dont la Partie Divine S’était retirée à Gethsémani, S’en effraya et S’écria :

- « Eli, Eli, lama sabbachtani ! »[6]

C’était Sa cinquième Parole. Certains crurent qu’Il appelait le Prophète élie, mais il n’en était rien.

Alors le Malin disparut et Jésus vit, à perte de vue, des Légions d'Aides lumineux. Il les reconnut, tous ceux qui L'avaient escorté jusque sur cette Terre, et une Joie bienheureuse Le remplit.

Ses lèvres exhalèrent alors un léger:

« Tout est accompli ! »[7]

 

C’était Sa sixième Parole, mais pas encore la dernière, car, encore pus tard, juste avant de définitivement quitter la Terre, Il dit Sa septième et dernière Parole :

- « Père ! entre Tes Mains Je remets Mon Esprit. »[8]

 

À partir de ce moment-là, j’entendis, à l’intérieur de moi, encore d’autres Paroles :

 « Si vous faites de la Parole votre chair et votre sang, vous devenez un avec Elle, et étant donné que la Parole et Moi Nous sommes Un, vous devenez aussi un avec Moi et Mon Frère. »

 « Si les Paroles du Fils de l’Homme se rendent, un jour, dépendantes des Paroles du Fils de Dieu, ce sera pour les « frayer » et les éclairer… »

« Avec un caractère nouveau, une Vie nouvelle arrive; tout est nouveau, désormais… Une Rédemption nouvelle est en attente… »

« Il faut aller, maintenant, jusqu’à acquérir une capacité absolue de Rédemption. »

Avec ce Trésor comme Viatique, je m’apprêtais à quitter le Lieu pour revenir pour la descente du Corps, lorsqu’un soldat, s’approchant de la croix pour y accomplir son office, me bouscula sans égards et enfonça, ultime blessure, sa lance dans le côté droit du Crucifié.

- « Il est bien mort ! », dit-il, avec l’expression de la satisfaction du devoir accompli. Puis il repartit.

J’allais partir à mon tour, lorsque j’aperçus le centurion s’approcher ; à son tour, il tomba, à côté de moi, à genoux devant la croix et, complètement bouleversé, d’une voix haute et claire, dit :

- « En Vérité, Celui-ci était le Fils de Dieu ! »

Incrédules, ses soldats le regardèrent. C’est lui qui, peu auparavant, avait « gagné » la Tunique et, tandis qu’il la portait sur son bras, il dit :

- « Je la donnerai à Ses Disciples. Elle témoignera, à travers les millénaires, de Son Sacrifice. »

Dans ma tête résonnait, sans cesse, la Parole : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » et je me disais et me répétais, en redescendant vers la Ville :

« Jamais Il n’aurait dit cela s’Il était venu sur Terre pour y être crucifié ! Cela ne faisait pas partie de Sa Mission d’être ainsi traité. Cela n’était pas prévu. Il ne faudra jamais oublier cela : Cette crucifixion est un horrible crime, un lâche assassinat et rien d’autre ! J’en témoignerai devant l’humanité. »

 

 

Joseph de Tislivaliz



[1] Luc XXIII, 34.

[2] Luc XXIII, 43.

[3] Jean XIX, 26-27.

[4] Êtres de la Nature.

[5] Jean XIX, 28.

[6] « Père, pourquoi m'as-Tu abandonné ? » - Matthieu XXVII, 46 et Marc XV, 34.

[7] Jean XIX, 30.

[8] Luc XXIII, 46.