ESPRIT, OÙ ES-TU ?



- " L'Esprit souffle où Il veut ; nul ne sait où il va,
Mais sais-Tu d'où il vient, quel est son canevas ?",
Suite à ce mot d'"Esprit" je devins très perplexe,
L'Esprit ! N'était-ce pas, pour moi, par trop complexe ?

Je partis en quête : Toi, Esprit, es-Tu ?
Mon âme Te cherche, ne sois pas trop têtu !
Dis-moi comment Tu es, quelle est donc Ton essence,
Où dois-je Te chercher, après autant d'errance ?

Es-Tu dans ma tête, ou bien alors dans mon cœur ?
L'Amour vient-il de Toi ? Mais d'où vient la rancœur ?
Puisque Ta Nature nous demeure inconnue,
Pourquoi tous ces humains Te portent-ils aux nues ?

J'allai voir un prêtre puis je lui demandai :
Qu'est-ce donc que l'Esprit ? Pouvez-vous le sonder ?
Comment peut-on savoir le fond de sa Nature ?
A la faim de l'Esprit, donnez-vous sa pâture ?

Le prêtre m'observa, avec un air surpris :
- "Centre-toi sur l'âme ! Laisse tomber l'Esprit !"
Ce n'était que cela son obscur catéchisme,
Il parlait de l'âme, mais l'esprit faisait schisme.

Alors, je visitai un renommé spirite,
Et dis : Toi, spirite, si cela ne t'irrite,
Fais moi voir un esprit que je vois ce que c'est,
Avec beaucoup d'esprits j'aimerais bien danser !

Il questionna la table : "Esprit, dis, es-Tu là" ?
"Réponds, réponds-moi donc, d'appeler je suis las !"
L'esprit se décida à agiter la table,
Mais je trouvais cela tout à fait lamentable !

Ô pur Esprit, pourquoi es-Tu si inconnu ?
Pourquoi, par les humains, n'es-Tu pas reconnu ?
Ces questions me hantaient ; je cherchais les réponses,
Mais partout où j'allais, ce n'étaient que des ronces !

Il est quelque chose que je n'ai pas compris :
Si quelqu'un affirme : "Cet homme est plein d'esprit !"
Du fait de son humour, alors cela veut dire
Qu'un jeu de mots serait "spirituel" ! De quoi rire !!!

Si un homme cherche son esprit dans sa tête,
Et s'imagine ainsi qu'il n'est pas du tout bête,
Il considère alors son puissant intellect
Comme étant son vrai "Je", négligeant son affect !

Maître cerveau s'en va sur son homme perché,
Et "là-haut" se trouve tout à fait bien juché,
Il commande et domine, en tout se croit le maître,
L'Être pour lui n'est rien ; seul compte le paraître !

Mon Esprit, je Te cherche, et ma question est bête :
Mon Esprit, dis-le-moi, serais-Tu dans ma tête ?
(...) A Ton grand silence je comprends mon erreur,
Et perçois mon cerveau comme un vrai... imposteur !

L'Esprit tout humilié, à lui doit se soumettre,
Car en tout l'intellect veut être le seul maître,
Il étouffe l'Esprit, le jette dans un sac,
Puis s'allonge dessus comme sur un hamac !

Esprit, si Tu n'es pas mon intellect penseur,
Dois-je alors Te chercher du côté de mon cœur ?
Que reste-t-il de moi lorsque mon corps repose ?
Du point de vue du poids, semble-t-il, "pas grand chose" !

Ce "Plus-Léger" est-il donc le plus important
Et le seul existant ? Dois-je attendre ce Temps
Du Départ pour savoir le Secret de l'Esprit,
Pour savoir ce qu'il est et connaître son prix ?

Où dois-je Te trouver, Toi que ceux-là ignorent,
Où dois-je donc percer ? Où faut-il que je fore ?
Si les prêtres, non plus, ne Te connaissent pas,
Si les spirites sont loin d'aller dans Tes pas ?

Avec qui donc vais-je pouvoir vivre l'Esprit ?
Oh ! d'absolu mon cœur est tellement épris !
Alors, autour de Moi, éveillé, je regarde,
Et comprends que je dois me tenir sur mes gardes !

Alors que je cherchais partout à l'extérieur,
Je comprends soudain que Tu es à l'intérieur !
Il faut que j'aille en moi pour qu'enfin je Te trouve,
Et là, je m'enivre de tout ce que j'éprouve !

Objet de Nostalgie, Point central de mon Être,
En moi, Toi seul est vrai, bien loin de tout paraître,
Si je suis mon Esprit, mon intellect n'est rien,
Mon Esprit est en moi le plus précieux des Biens !


Pascal Desjardins