LE grand VOYagE

 

 

L

ongtemps, j’avais vécu sur la Terre, où j’avais vu et vécu bien des choses.

Et, à présent que la Grande Porte se présentait devant moi, j’étais pénétré de toutes sortes de puissants ressentis.

Je savais que mon temps sur Terre était, désormais, compté. En tant que largement nonagénaire, j’avais déjà atteint un âge avancé et je regardais le long Chemin de ma vie derrière moi, tout en sachant que, bientôt, je pourrais contempler non seulement la dernière ligne droite qui venait de se passer mais aussi tout ce qui avait encore précédé.

Je voyais que, en dépit de l’illusion de la croire longue lorsque l’on est jeune, la vie terrestre était, en réalité, même pour un presque centenaire, très brève.

Je voyais aussi mes fautes et mes lacunes, clairement posées devant moi.

Je savais, déjà, que l’esprit doit, tout le temps, être éveillé, et que si l’on est trop superficiel, l’on est, de ce fait, automatiquement écarté de l’Essentiel.

Et là, je me tenais, conscient, au bord du tombeau, prêt à faire le grand Saut.

J’y pensais depuis longtemps ; je m’étais familiarisé à l’idée ; je savais que c’était inéluctable, que la mort fait partie de la vie, mais intérieurement j’étais serein.

J’étais intérieurement satisfait, car j’avais toujours souhaité vivre longuement, ne partir qu’à l’instant où mon âme aspirerait au détachement, au lieu que ce soit mon corps qui me lâche

Et, là, je sentais qu’il en était bien ainsi, que ma vie terrestre avait été bien remplie, que j’avais accompli le programme de mon incarnation.

Certes, il y avait des ombres au tableau. J’étais conscient de mes faiblesses ; je voyais très bien là où j’avais succombé à la tentation, là où je n’avais pas pris la bonne décision, là où j’avais ouvert la porte au karma refluant et ce qui s’en était ensuivi…

Oui, j’aurais pu faire mieux en cette vie ; je n’avais pas relevé tous les défis, j’étais encore retombé dans certaines vieilles ornières dans lesquelles je m’étais déjà embourbé lors de mes incarnations antérieures.

D’une part, je la voyais cette femme fatale, sombre, pernicieuse pour moi, et que mon destin m’avait obligé à croiser de nouveau. Elle venait vers moi pour régler ses comptes et je ne le savais pas. J’étais tombé dans les filets de sa séduction ; je lui avais ouvert ma porte et elle en avait profité pour s’engouffrer et durablement saccager ma vie. Personne, et de loin, ne m’avait fait autant de mal qu’elle.

Les séquelles avaient été longues à surmonter ; après des mois terribles et des années très dures, avaient suivi plus de deux décennies d’empoisonnements divers… Mais, peu à peu, je m’en étais sorti et avais retrouvé la Sérénité et même la Joie de vivre. Tardivement, j’avais rencontré une compagne qui, elle, partageait réellement tous les idéaux et méritait mon Amour… Le reste avait été oublié et même effacé…

Surtout, intérieurement, je lui avais complètement pardonné à cette femme, m’en remettant entièrement, loin des si arbitraires juridictions terrestres, à la Justice Divine auto-active pour rendre à chacun son dû, dans la Justice compensante.

Je savais, en effet, que selon les Lois des Nombres, le mot « Pardonner » vibre dans le Nombre parfait 999, de sorte que, pour l’être humain, cela puisse constituer un véritable Accomplissement… Le jour où j’avais compris cela, j’étais tombé à genoux, bouleversé d’émotion et de gratitude, tant j’étais reconnaissant envers le Grand Créateur d’avoir créé des Lois permettant à l’être humain de se juger et de se racheter lui-même…

Sur le Plan spirituel, je savais que j’avais été plusieurs fois prêtre de diverses églises chrétiennes au cours de mes vies antérieures et que je devais me débarrasser du manteau et surtout du masque de la fausse dévotion…

Il est très grave d’endosser un habit avec lequel l’on ne vibre pas intérieurement de façon intégrale…, car ainsi l’on dupe son prochain ; l’on joue un rôle ; l’on n’est pas réellement celui que l’on affiche être en direction de l’extérieur…

Cette fois, j’étais obligé, l’ego en pénitence, de vérifier, depuis les fondations, le bien-fondé et la solidité de ma construction et d’agir dans la discrétion. Je n’étais pas sur le devant de la scène, mais je m’activais grandement dans la coulisse, de sorte à déterminer quand même ce qui se passait sur la scène, sans que les spectateurs sachent qui il y avait, véritablement, derrière ce qu’ils voyaient…

Ce rôle m’avait bien convenu, car, dans le fond, cette fois, je n’aspirais pas à être vu, mais seulement à être entendu, peu importait, après tout, d’où venait cette voix…

Et dans la discrète solitude de mon cabinet de travail, j’avais beaucoup et longuement travaillé pour rendre accessible aux êtres humains de bon vouloir l’authentique Parole de Dieu dans ma langue maternelle, et cela m’avait donné de grandes Joies, souvent vécues dans la solitude, mais parfois aussi partagées…

J’avais pu aussi élaborer diverses choses à partir d’elle et même réaliser des œuvres personnelles. Dans le fond, de ce point de vue, j’avais été comblé, car j’avais même trouvé, dans la jeune génération, plusieurs qui non seulement étaient prêts à valoriser l’héritage mais avaient même commencé à le faire…

Au moment où je me tenais sur le grand Seuil, il y avait quand même des signes d’espérance pour l’avenir de la planète et d’une partie de son humanité, ce qui renforçait encore ma Sérénité, alors que mon regard se portait déjà vers de nouveaux champs d’action, dans des Mondes plus éthérés…

Alors, comment cela allait-il se passer, maintenant ?

Je savais qu'un genre de la Création ne peut toujours être reconnu que par le même genre. Je me tenais encore, à ce moment-là, dans le Genre le plus inférieur, celui que l’on peut appeler le genre du gros-matériel.

Après avoir longuement contemplé, de mon balcon, la nuit étoilée au-dessus de la montagne, j’allais m’allonger dans le hamac situé en plein air, sur ce même balcon… La nuit était douce, et il me semblait que c’est là que j’étais le mieux, encore mieux que dans mon lit doré, dans ma chambre boisée, pour partir

Ma douce épouse, un peu plus jeune, que j’avais pourtant imaginer me survivre, aspirant plus tôt que moi à la vie supra-terrestre, était doucement partie quelques années plus tôt, tandis que je sentais avoir encore à faire sur Terre pour porter mon œuvre à son complet achèvement, et c’était donc à moi qu’il avait incombé de porter son gracile et encore gracieux corps dans la terre fraîche…

Tant, depuis l’instant de son décès, je sentais son âme constamment présente autour de moi, cela n’avait pas été difficile de me séparer de son enveloppe désormais inanimée. Le grand poète l’avait bien dit : « Si vous n’aimez que des corps, alors vous perdrez tout, mais si vous aimez les âmes, alors vous les retrouverez… »

Bien qu’en fait il n’y ait jamais réellement eu de séparation, l’instant des retrouvailles approchait, je le sentais. Ce seraient des retrouvailles animiques ; certes, j’avais souvent ardemment serré son enveloppe charnelle contre la mienne, mais, à travers elle – je le sentais clairement et elle aussi - c’est bien son âme que je cherchais à appréhender, et j’avais même, dans une certaine mesure, l’impression d’y parvenir…

J’étais donc, tranquille, dans mon hamac, le corps en repos et l’âme détendue, à regarder encore le ciel, ce soir-là magnifiquement étincelant. Je savais que, terrestrement, je ne bougerais plus et que c’était donc que notre fille, Justine, qui, à quelques encablures, habitait un chalet en contre bas, retrouverait mon enveloppe vide, lorsqu’elle me rendrait son habituelle visite, le lendemain matin…

Du genre gros-matériel de la Création, j’étais donc sur le point de passer ensuite dans le genre fin-matériel.

Je savais déjà que ce genre fin-matériel, qui est le lieu de séjour normal des trépassés appelés à se réincarner, appelé « Au-delà » par de nombreux êtres humains se trouvant dans l’« En-deça », était encore, lui aussi, comme son nom l’indique, de genre matériel, mais d’une matière extrêmement fine, comparée à la matière vraiment grossière du plan terrestre…

Je me sentais totalement prêt et, grâce au détachement, commençais déjà à voir et à entendre diverses impressions lumineuses dans ce qui allait, pour moi, se révéler être le premier palier de l’Au-delà…, ce qui m’inspira confiance. Alors, intérieurement, je m’abandonnais complètement à l’aspiration de mon âme, tendant, de par les effets conjugués des Lois de la Pesanteur spirituelle et du Genre Semblable, à rejoindre le point précis de l’Au-delà correspondant à sa propre légèreté et à son propre genre

Dès lors où j’eus intérieurement lâché, cela ne traîna pas ; aussitôt je sentis, précurseur du détachement du vaisseau âme, un fourmillement me parcourir, puis, très vite, d’un coup même, je fus hors de mon corps… De la station partiellement allongée, je ressentis le besoin de me mettre en station verticale, ce qui se produisit instantanément. Je regardais plus bas en dessous de moi, et je vis mon corps, usé et blanchi, reposer, yeux fermés, sur le hamac…

Je savais que cette enveloppe désertée n’était plus moi et la regardai, une dernière fois, sans émotion particulière.

Je vis aussi, tel une ombre, un corps intermédiaire, d’aspect translucide, qui ressemblait à mon corps terrestre, flotter à quelques mètres au-dessus de lui. C’était celui que ceux qui ont connaissance de ces choses appellent le « corps astral ».

Il était relié, comme par un cordon ombilical de couleur argentée, à mon corps terrestre, tandis que j’étais moi-même – j’étais bien conscient que mon « Je » n’était, désormais, ni dans l’un ni dans l’autre ! – encore relié à ce corps astral…

Le corps astral se compose, en fait, toujours de matière grossière mais de matière grossière moyenne. C’est le plan le plus proche du plan gros-matériel absolu, celui de la réalité dite « physique », lorsque l’on s’en éloigne. Je le savais avec ma tête – ce qui, en réalité, n’est pas un Savoir - lorsque j’étais encore sur Terre. À présent, je pouvais le vérifier avec ma propre expérience-vécue

Le corps astral est comme un modèle pour le corps gros-matériel, aussi appelé corps physique, car il doit, toujours, nécessairement précéder tout ce qui doit se former dans la lourde matière grossière.

Par contre, pour quelqu’un qui, comme je venais de le faire, quittait la Terre, ce corps intermédiaire n’avait plus d’utilité et allait bientôt se dissoudre en ses éléments constitutifs gros-matériels moyens originels…

Je me rendais compte que, lors de la séparation de mon âme – c’est-à-dire de moi, désormais ! -, celle-ci, en tant que la partie mobile, avait – c’était, en tous cas, mon impression ! - lors de sa sortie, entraîné avec elle mon corps astral en l'éloignant de mon corps terrestre. C’était, en fait, un « dépouillement » : mon corps astral s’était déshabillé de mon corps terrestre, puisque, comme pour tout être humain, les deux n’avaient jamais fusionné, mais que mon corps astral s’était, durant le temps de mon incarnation, coulissé dans mon corps terrestre, un peu comme le tube plus petit d’un télescope se glisse dans un plus grand.

Toute mon aspiration était, désormais, déjà tournée vers ce nouveau Monde – cette Terra incognata - que j’avais une ardente soif d’explorer…

Je tendais donc à m’éloigner de cet endroit - que j’avais pourtant tellement aimé - et de ces deux corps qui, de façon générale, me retenaient encore sur la Terre, car je savais que ma Bien-Aimée m’attendait plus haut

En tentant de m’éloigner, conscient que mon corps terrestre ancré sur Terre était définitivement immobile et qu’il ne bougerait pas aussi longtemps que personne n’y toucherait, je m’aperçus que mon corps astral, attaché, au niveau de l’ombilic, à mon corps terrestre autant qu’à moi-même, avait – ce qui ne me plaisait guère - une légère tendance à me suivre, mais que cette tendance diminuait au fur et à mesure que je m’éloignais, de sorte qu’il tendait, à la longue, à rester plus près de mon corps gros-matériel, auquel il restait solidement attaché, qu’à me suivre, ce qui faisait qu’au bout du compte je n'entraînais pas ainsi ce corps astral très loin avec moi.

Ainsi retenu par le cordon d’argent non encore coupé, je compris que j’étais un peu pressé de partir et que j’avais encore à faire sur Terre. Alors je décidai d’attendre un peu avant de m’en aller, afin de voir ce qui allait se passer sur Terre, et prendre congé de Justine, ainsi que de mes Amis plus jeunes encore sur Terre, et qui ne manqueraient pas de venir me dire Adieu.

Un peu fatigué, je m’allongeai de nouveau et m’endormis… Lorsque je me réveillai, j’aperçus Justine qui montait la côte à pied en direction du chalet… Elle chantait gaiement une chanson des montagnes qui parlait d’Amour et d’edelweiß…

Elle entra sans frapper (j’avais pris la précaution, la veille, de laisser la porte non verrouillée) par la porte arrière du côté adossé à la montagne, comme elle le faisait d’habitude et, ne me voyant pas, comme d’habitude, en train de travailler à mon bureau, héla :

- « Père, père bien-aimé, où êtes-vous ? »

C’est alors que son attention fut attirée par une enveloppe blanche, posée, bien en évidence, sur mon bureau, et sur laquelle était écrit ce seul mot :

Justine

Elle s’approcha, ouvrit l’enveloppe et lut la missive, datée de la veille, lui apprenant ainsi qu’elle était ma légataire universelle et que j’étais parti pour l’Autre Monde…

Elle se précipita alors sur le balcon et aperçut, sur la gauche, mon corps immobile, paisible sur le hamac.

Je vis dans ses yeux qu’elle savait déjà qu’il en était bien ainsi. Son père n’était plus là. Elle regarda mon corps un instant, n’y toucha pas, regarda intensément autour d’elle, comme pour chercher à me voir, et rentra dans la maison.

J’assistai encore à l’inhumation de mon enveloppe, dans la terre du petit cimetière montagnard. C’était mon Ami Pierre qui officiait. Il était habillé de vert et je l’entendis dire :

« Réjouissez-vous avec cette Âme, vous qui pouvez vous appeler ses Amis de la Terre! Un jour, vous la retrouverez. » (…) 

« Que cette Âme se libère maintenant de tous les fardeaux de l'enveloppe terrestre et qu'elle s'élève joyeusement vers les Hauteurs Lumineuses de l'éternel Devenir. Que nos vœux l'accompagnent dans cette ascension! Amen! »

Puis, au bord de la tombe, il ajouta :

« Rendons maintenant à la Terre l'enveloppe terrestre abandonnée! »

Je vis le sac en drap blanc contenant mon corps, ce bon serviteur que j’avais parfois surmené mais qui m’avait quand même si bien servi près d’un siècle durant, être doucement descendu dans la terre, tandis que, remises aux participants par Justine, les Roses rouges de l’Amour et de l’Amitié tombaient dessus, une à une…

Lorsque l’assistance des quelques dizaines d’Amis se fut dispersée et que la cavité fut rebouchée, au bout de ce temps seulement, je parvins enfin à me défaire complètement de mon corps astral, et donc aussi du corps terrestre rendu à la Terre en vue du recyclage, parce que le cordon était coupé. À partir de ce moment-là, je cessai de voir le cadre terrestre dans lequel j’avais vécu la fin de ma vie et pus mieux me concentrer sur mon nouvel entourage…

J’avais donc déposé, alors, par la mort terrestre, mon corps gros-matériel, je l’avais laissé sur Terre ; alors, avec lui, je le vérifiais, j’avais aussi déposé tous les organes des sens de mon corps gros-matériel, parce qu'ils appartenaient – je m’en rendais nettement compte - uniquement à l'enveloppe, la coquille vide, maintenant abandonnée.

Je vous le dis, mes chers Amis, à ce moment-là je pus vérifier que le Processus du mourir terrestre n'est rien d'autre que le dépouillement de l'enveloppe la plus extérieure – l’on pourrait encore dire la carapace ou l’écorce – qui, à l’esprit incarné, rend possible de voir et d'agir dans la matière-grossière.

Mais, peu après le dépôt du corps, l’on se trouve normalement dans ce que, d’un point de vue terrestre, l’on a pris l’habitude d’appeler l’« autre Monde », mais qui, en réalité, se compose des plans de la matière-fine.

Ici, mes organes des sens gros-matériels ne m’étaient plus d’aucune utilité. Je ne pouvais plus agir qu'avec les organes des sens de mon corps fin-matériel subsistant, maintenant, pour moi, comme étant mon écorce la plus extérieure. Je voyais avec les yeux de mon corps fin-matériel, j’entendais avec mes oreilles fin-matérielles, je sentais avec mon nez fin-matériel, je pouvais toucher avec mes mains fin-matérielles, etc...

Je réfléchis alors pour savoir avec quels organes des sens j’avais pu encore voir et entendre Justine et mes Amis, lors de la cérémonie de l’Inhumation… Mes yeux fin-matériels pouvaient-ils encore voir la matière grossière ? Je crois que oui.

Ce qui m’avait surpris, c’était de prendre conscience que j’étais passé – une véritable naissance à l’envers - de la matière grossière à la matière fine, de la manière la plus simple et la plus naturelle du monde, tant les transitions en étaient imperceptibles, les deux Mondes n’étant pas solidement reliés entre eux, mais ne faisant que s'engrener l’un dans l’autre.

Ma nouvelle vie était d’un genre très différent. Depuis que j’avais quitté la Terre, j’avais deux enveloppes en moins. Cela, je le savais, mais combien m’en restait-il ? Je savais que mon noyau lui-même était, est et sera toujours spirituel. Chaque enveloppe de l’être humain équivaut à un corps. J’étais, maintenant, dans mon corps fin-matériel. Même si j’ai conservé le même depuis des millions d’années, je sais qu’un jour je quitterai aussi mon corps fin-matériel. Mon noyau spirituel, au cours de l'évolution vers le Devenir-Conscient-de-moi, deviendra toujours plus humain. Ce que je voulais, désormais, c’est continuer à évoluer pour m’élever vers la Lumière.

Au fil des années, au fur et à mesure de l’Ascension, je me rendais compte que mon « nouveau » corps fin-matériel – qui, en fait, était bien plus ancien que ne l’avait été mon corps terrestre, s'idéalisait toujours plus, de sorte qu’il devenait toujours plus beau en l’Honneur du Créateur.

Lors de rares incursions en mission dans les sous-mondes – ou mondes infernaux -, cependant, j’ai eu l’occasion de me rendre compte que c’est exactement l’inverse qui se passe : les corps fin-matériels deviennent d’une laideur extrême, jusqu'à en arriver même aux plus grotesques déformations, que je préfère ne pas décrire ici, tant cela peut agir de repoussante manière !

Sur Terre, vous avez pu voir qu’il n’en va pas de même : l'enveloppe gros-matérielle, c’est-à-dire le corps physique, ne soutient pas le rythme de l’évolution, progressive ou régressive. Le corps terrestre, qui fait partie d’une époque d’évolution de l’esprit, n'a à coopérer à l’évolution du Noyau qu'un temps minime en regard de l’évolution globale s’étalant sur des millions d’années, et ne peut, dans la lourdeur et la compacité du plan terrestre gros-matériel, être soumis qu'à de tout à fait minuscules modifications. Autrement dit, il arrive qu'un être humain extérieurement beau soit intérieurement laid, donc mauvais, et aussi qu’un être humain terrestrement laid abrite une très belle âme. C’est, entre autres, la signification du mythe de la Belle et la Bête.

Lorsque j’étais sur la Terre, donc dans la matière grossière, je portais simultanément en moi les enveloppes de tous les genres de {la} Création. Je savais déjà, grâce à l’Enseignement Universel descendu sur Terre, que chaque enveloppe, donc chaque corps des différents genres, possède aussi ses propres organes des sens tout à fait pour lui-même.

Alors, je pouvais vérifier que mes organes gros-matériels ne pouvaient être actifs que dans le genre semblable à eux-mêmes, donc dans le genre gros-matériel. Pourtant, parfois, en de rares circonstances, il m’est alors arrivé de pouvoir voir et surtout entendre non seulement la matière grossière moyenne, c’est-à-dire là où se trouvent les corps astraux, mais même jusqu'à la matière grossière fine.

Une fois, je me souviens avoir assisté à une séance de spiritisme. Le médium était extraordinaire. C’était un médium dit « à incorporations » ; il était capable de faire surgir des ectoplasmes, c’est-à-dire des esprits décédés désincarnés, revêtus d’une légère couche d’une curieuse substance visible à l’œil terrestre, et même, dans une certaine mesure, tangible

Je sais, aujourd’hui, étant donné le degré que j’ai atteint, que les matérialisations de décédés terrestres ne sont rien d'autre que des phénomènes durant lesquels, grâce aux extraordinaires irradiations du sang d'un médium approprié, les trépassés terrestres, qui portent normalement leur corps fin-matériel, s'entourent, encore en plus, d'une enveloppe de matière grossière fine.

Ceci est probablement l'unique exception où des êtres humains terrestres sont parfois capables de voir clairement avec leurs organes gros-matériels, ce qui est normalement du domaine de la matière grossière fine, de le toucher, le sentir, etc…, parce que se produit une liaison particulièrement forte et donc une condensation de la matière grossière fine, grâce aux extraordinaires irradiations sanguines du médium. Malgré toute la finesse de l’ectoplasme, il ne s'agit, en définitive, toujours que du genre semblable à leurs propres organes des sens, donc encore de {la} matière grossière.

En ce qui concerne la Matière Grossière fine, elle aussi fait partie de l’« Astral », mais, dans cette logique, l’on pourrait la nommer « Astral supérieur », par opposition à l’« Astral inférieur » des corps astraux. L’Astral supérieur, c’est le Monde où se forment les formes-pensées des êtres humains. Je n’y ai pas longuement stationné après ma mort, mais je peux encore vous dire que le peu que j’y ai séjourné m’a suffi pour comprendre la signification de cette Parole de l’Apocalypse de Jean : « Car leurs œuvres les suivent »[1]

Chaque être humain, sur Terre, accomplit des actes. Banalité que de le dire ! Ce qui est déjà moins banal, c’est de savoir que les paroles et même les pensées sont aussi des actes !

À chaque fois, je vous le dis, que vous émettez une pensée contenant la Force vitale de l’Intuition animique, cette pensée prend forme ! Ces formes – je peux vous le dire – ne sont pas une « vue de l’esprit » (en l’occurrence, elles seraient plutôt une vue de l’âme !), mais bien une réalité. Quand il est dit « leurs œuvres les suivent », c’est littéralement exact ! Nous les traînons avec nous ou après nous sans le savoir, car nous sommes tout aussi reliés à elles, par un cordon de nutrition, que je l’étais à mon corps astral par le cordon d’argent !

Mais, ce n’est pas parce que nous sommes « morts » (si tant est que la mort  existe…) que ces formes cessent d’exister pour nous. Car, lorsque nous sommes incarnés, alors même que nous ne les voyons pas, elles nous influencent déjà beaucoup plus que nous ne l’imaginons ou voulons {nous} l’avouer, mais lorsque, libérés de la protection illusoire du corps terrestre, nous sommes dans l’Au-delà, nous sommes directement confrontés à elles … nos œuvres !

Et nous devons les reconnaître ! Elles nous laissent partir tout de suite, avec un clin d’œil, lorsqu’elles sont belles et bonnes, mais lorsqu’elles sont laides et mauvaises, elles nous retiennent jusqu’à ce que nous les ayons reconnues pour ce qu’elles sont : nos enfants dégénérés, et que nous les rejetions comme telles !

Des fois, cela prend du temps avant que nous voulions le reconnaître, car le cher « moi » en prend un grand coup et il ne renonce pas si facilement à l’édifice de ses affectionnées vanités

Au cours de mes débuts dans le Monde de matière fine, je dus apprendre à correctement me servir des organes des sens de mon enveloppe fin-matérielle. Pendant mon séjour sur Terre, elle n’avait, pendant un siècle, que très peu servi, et, là, tout à coup, il fallait que mes yeux voient et que mes oreilles entendent, car yeux et oreilles qui étaient restés sur Terre ne me servaient plus à rien… C’est la même chose que, comme tous les nourrissons, j’avais dû faire, en sens inverse, avec les organes de mon corps gros-matériel, à mon arrivée dans la matière grossière. La matière fine est, toutefois, dans son genre très différent, loin d’être aussi pesante et balourde que la matière grossière, elle est, de ce fait, beaucoup plus souple et mobile. Il découle de cela qu’il me fut bien plus rapide et plus facile d’apprendre à correctement utiliser les organes de mon corps fin-matériel. Je suppose que ce sera encore bien plus rapide et plus facile, le jour où je devrai déposer mon corps fin-matériel sur le dernier Plan du Fin-Matériel, d’apprendre à bien utiliser les organes des sens de mon corps entéallique le plus extérieur, lors de mon arrivée – ou de ma naissance - dans le Monde entéallique.

En fait, je me rendais compte que, bien que l’on dise que l’on meurt seul, ce qui, d’un sens, est indubitablement vrai, on n’est, quand même, jamais vraiment abandonné, car, au seuil de la mort, l’on peut déjà apercevoir le début de l’Au-delà, en direction de ceux qui vous attendent, tandis qu’une fois dans l’Au-delà, l’on peut encore jeter un regard rétrospectif sur ceux que l’on quitte… Il n’y a pas de gouffre à franchir, mais seulement une progression continue.

Je crois qu’il est maintenant clair pour chacun que, en règle générale, la matière grossière ne peut être "appréhendée" qu'avec la matière grossière, la matière fine uniquement avec la matière fine, l'entéallique uniquement avec l'entéallique et le spirituel uniquement avec le spirituel. En cela il n'y a pas de mixture.

Je me souviens, quand même, avoir vu, lorsque j’étais sur Terre, apparemment avec les yeux gros-matériels, des choses qui n’avaient pas l’air d’être gros-matérielles, mais lorsque j’avais les yeux fermés j’en déduisais que cela devait être avec mes yeux fin-matériels. En fait, je ne pouvais pas voir simultanément avec les deux, mais bien successivement. Lorsque je voyais avec mes yeux fin-matériels, mes yeux gros-matériels étaient, soit complètement, soit partiellement fermés, et inversement.

Je suis conscient que beaucoup de bêtises sont dites, dans les cercles spirites, au sujet des possibilités ou impossibilités de vision{s} ou d’écoute des différents genres, et c’est pour cela que, ce soir, je préfère vous le dire, à vous qui m’écoutez.

En fait, plus nous prenons conscience, plus nous voyons que la grande Vision de l’ensemble du merveilleux Tissage existant dans la Création peut uniquement être donnée par Quelqu’un Qui voit tout et sait donc tout. Car voir, c’est sa-voir. Autant donc vous dire que Celui Qui va vous la donner, ce n’est pas moi qui vous parle maintenant.

 

Sachez simplement ceci : Lorsqu’un voyant vous parle, pour apprécier correctement sa clairvoyance, il est nécessaire de savoir avec quel œil le clairvoyant, à chaque fois, regarde, à quel domaine, par conséquent, sa vision appartient et jusqu'où il s'y est développé.

Celui qui veut juger ou condamner les clairvoyants, celui-là doit connaître la Création entière, réellement la connaître ! Sinon, il doit se taire !

Parmi les clairvoyants, il y a donc ceux qui ont une vision de la matière grossière fine, ceux qui ont une vision de la matière fine et aussi, beaucoup plus rarement, quelques-uns qui ont une vision de l'entéallité. Tout cela avec, à chaque fois, l'œil du même genre.

Celui qui me voit présentement me voit avec son œil fin-matériel et il m’entend avec son oreille fin-matérielle. N’allez pas vous imaginer autre chose !

Je ne suis pas un pur esprit, mais un être fin-matériel, sinon personne, actuellement, sur Terre, ne pourrait me voir !

La raison pour cela est qu’une vision réellement spirituelle est, jusqu’à présent, demeurée fermée aux êtres humains de cette Terre, car lorsqu’ils croient voir des Réalités spirituelles, ce ne sont, en réalité, sans qu’ils puissent faire la différence, que des Images parlantes qui leur sont montrées par des Esprits plus hauts et plus forts qu’eux !

Un Voyant réellement spirituel devrait déjà être un être spécialement appelé pour cela, quelqu’un qui, pour un objectif très précis, soit comblé de la Grâce de pouvoir aussi ouvrir son œil spirituel, déjà au cours de sa vie terrestre. Rarissime !

Celui qui me voit maintenant peut juste reconnaître un degré de la matière fine ; s’il se développe bien, peut-être, avec le temps, arrivera-t-il à en voir plusieurs. Il me voit donc avec ses yeux fin-matériels qui sont maintenant ouverts. Et c’est pour cela que ses yeux gros-matériels sont fermés. Ça ne lui servirait à rien de les ouvrir, car, alors, il ne pourrait même pas vous voir en même temps que moi !

Autrefois, il y avait des êtres humains qui étaient capables de voir les Dieux, c’est-à-dire les grands Entéaux, donc de voir avec les yeux de leur corps entéallique. À présent, hélas, il n’y en a plus !

La rupture de la liaison avec les êtres entéalliques est, d’ailleurs, une catastrophe pour le genre humain !

Je suis content d’avoir pu, en ce Jour de Fête, par l’intermédiaire de Christian, voyant et médium parlant, vous parler, et vous faire part d’un peu de mon expérience-vécue depuis que j’ai quitté la Terre. Ce n’est pas parce que l’on est « mort » que l’on devient instantanément sachant et que l’on sait plein de choses que l’on ignorait sur Terre - à part le fait qu’il est toujours en vie, le « mort » ne sait pas grand chose de plus… - mais, en s’élevant spirituellement, l’horizon s’élargit et, simultanément, grâce à l’expérience-vécue, le Savoir, lui aussi, s’agrandit…

Je dois vous dire que j’ai revu ma bien-aimée Cora, qui fait une très belle évolution dans ce Monde et je sais que je reviendrai bientôt sur la Terre, car j’ai encore à y faire et à y mûrir, mais seulement au cours de la prochaine période qui s’annonce, celle du Royaume de Dieu sur Terre ! J’espère, à ce moment-là, en retrouver plusieurs parmi vous, en particulier Toi, Christian, qui me prête Ta bouche, Toi Justine et Toi Pierre. Je vous souhaite, d’ailleurs, beaucoup de Bonheur à tous les deux…

Je dois maintenant vous quitter, car j’ai aussi beaucoup à faire de ce côté-ci, mais – essuie Tes larmes, Justine ! - je reviendrai. Et rappelez-vous : le faux concept de séparation, c’est uniquement l’être humain d’intellect dualiste qui l’a créé. En réalité, tout est un, dans la Création de Dieu. C’est pour cela que des deux côtés, mus par l’Amour, nous pouvons encore nous voir et nous entendre.

À bientôt !, cela, moi, je vous le dis, moi que vous avez connu sur Terre sous le nom de Jean. À présent, je porte un autre Nom, que je vous révèlerai une autre fois…

Portez-vous bien et prenez soin de vous !

Que le Créateur vous bénisse !

 

Jacques Lamy



[1] Apocalypse, Chapitre XIV, verset XIII.