LETTRE À MA SŒUR
CATHOLIQUE


Bien chère sœur selon la chair et que je souhaiterais aussi selon l'esprit,

 

Tu te dis "catholique" et ne veux entendre parler de rien d'autre, mais as-tu réfléchi au fait que le mot "catholique" signifie "universel" (en grec) et que celui ou celle qui se dit "catholique" devrait, par conséquent, précisément faire preuve de l'ouverture la plus grande dans sa spiritualité ?

Lorsque tu dis « Là où Dieu vous a semé, il faut savoir fleurir », as-tu réfléchi au fait que "savoir fleurir" signifie précisément un dépassement de la condition originelle ? Comment est-il possible, en effet, de reconnaître une fleur dans une graine, si celle-ci ne germe pas, ne grandit pas et ne s'épanouit pas ? « Si le grain ne meurt... », dit l'Apôtre Paul, il ne peut porter du fruit. De quelle "mort" s'agit-il ici, si ce n'est la mort d'une forme dépassée pour faire place à une forme plus belle et plus riche ? As-tu jamais réfléchi au fait que Jésus n'était pas "catholique", qu'Il n'a jamais employé ce mot et n'a jamais demandé à personne de le devenir ?

As-tu réfléchi au fait que Jean le Baptiste - que toutes les églises chrétiennes (l'église catholique aussi !) reconnaissent comme un authentique "Baptiseur" (puisqu'il a même baptisé Jésus !) - ne baptisait dans aucune religion et qu'il n'était pas un prêtre, ni pour le culte juif ni pour le culte catholique, ni pour aucun autre ?

As-tu réfléchi au fait que Jésus était Juif et que, bien qu'étant Juif, c'est pourtant en tant que transgresseur apparent du Judaïsme - qu'Il fut accusé de renier et de vouloir abolir - qu'Il ne fut pas reconnu par ses contemporains comme étant l'un des leurs ?

As-tu réfléchi au fait que Ses pires ennemis ne furent pas les Romains mais bien Ses compatriotes et coreligionnaires, et, en particulier, la classe des Prêtres avec leurs chefs (le Sanhédrin) et les Pharisiens "bien-pensants" de l'époque ?

As-tu réfléchi au sens profond de la Parabole des Vierges Folles et des Vierges Sages, demandant aux Chrétiens authentiques de maintenir de l'huile dans leurs lampes, afin de reconnaître l'Epoux lorsqu'Il viendrait ?

As-tu réfléchi au fait que la Venue de Jésus Lui-même avait été progressivement annoncée dans la religion juive depuis Abraham, presque deux mille ans plus tôt, et que, malgré cela, Jésus ne fut pas reconnu par le Peuple qui avait été préparé pour cela par le Ciel au cours d'une Conduite très patiente de Yahweh au cours de toutes ces années ? Et que cela a constitué pour eux une immense faute ?

As-tu réfléchi au fait de savoir pourquoi une telle chose a pu se produire ? N'était-ce tout simplement pas parce que les Juifs s'étaient fait "dans leurs têtes" une représentation toute différente de cet Accomplissement ? Parce qu'ils avaient rêvé que Jésus sortirait de leurs rangs, qu'Il serait comme eux (ce qui les dispensait de devoir faire l'effort de devenir comme Lui voulait qu'ils soient !). Que, pour le moins, Il ferait partie du Sanhédrin, et que, de préférence, Il en serait le Grand Prêtre, le "Pape" de l'époque. Constatant cela, Jésus ne déclara-t-Il pas avec amertume que « Nul n'est Prophète en son pays ! » ?

Il n'est, dès lors, pas difficile de comprendre que les "bons Juifs" de l'époque aient jugé plus important d'être "fidèles à la foi de leurs pères", de "fleurir dans leur religion d'origine", bref de "rester juifs", plutôt que de se préoccuper des discours d'un agitateur sur la voie publique qui, Lui, n'était pas un bon Juif !

C'est donc précisément parce qu'ils étaient de bons Juifs qu'ils refusèrent d'examiner le Message du Fils de Dieu et allèrent même jusqu'à réclamer Sa mort sur la Croix ! Les catholiques d'aujourd'hui se seraient-ils comporté et se comporteraient-ils encore différemment ? La question ne semble pas hors de propos, puisque Jésus Lui-même n'hésita pas à la poser en demandant : « Lorsque le Fils de l'Homme viendra, trouvera-t-Il la foi sur Terre ? »

Et, aujourd'hui, comment les "catholiques" se représentent-ils - précisément - l'Accomplissement des Prophéties de Jésus concernant la Venue du Fils de l'Homme, du Consolateur, de l'Esprit de Vérité ? Sans doute sont-ils convaincus que Celui qui est annoncé par Jésus comme devant compléter Son Enseignement (« Lorsque le Consolateur viendra, l'Esprit de Vérité - que le monde ne connaît pas - Lui, vous conduira dans toute la Vérité ») et devant accomplir ces Prophéties doit être "catholique" ! Que ce serait bien qu'Il soit évêque ou cardinal ou, encore mieux, le Pape en personne ! Pour le moins, il faudrait qu'Il soit désigné par lui aux "fidèles", n'est-ce pas ? Sinon, comment pourraient-ils Le reconnaître ? Certains pensent peut-être que l'Evénement ne manquera pas d'être annoncé au journal télévisé ?...

Il n'est donc pas surprenant que, prévoyant cela, Jésus ait prophétisé et questionné tout à la fois en disant : « Lorsque le Fils de l'Homme viendra, trouvera-t-Il la foi sur Terre ? » Il n'a pas dit que Celui qui serait envoyé par le Père serait catholique et issu de la hiérarchie de l'église ! Celui qui s'enferme dans sa religion comme dans un blockhaus n'est-il pas comme les vierges folles de la Parabole ? Ne se prive-t-il pas lui-même de sa propre liberté de "voir et reconnaître" ?

Mais, au fait, qui a dit : « Viens et vois ! » ? Cela ne te rappelle-t-il rien ? Qu'y a-t-il derrière cette invitation ? Dogmatisme et fermeture, ou bien appel au libre examen devant permettre à chacun(e) de se forger, en toute liberté et responsabilité personnelles, sa propre Conviction, basée sur sa propre démarche intérieure, visant à accepter d'examiner, sans a priori ni parti pris, ce qui se présente à lui/elle ?

Sinon, il semble clair qu'un refus a priori et systématique de tout "ce qui n'est pas catholique" risque bien de conduire directement à la même erreur tragique commise par les Juifs il y a deux mille ans ! Comment est-il possible d'être un(e) bon(ne) Chrétien(ne) sans vouloir se soucier de guetter l'Accomplissement des éminentes Prophéties de Jésus ?

Et que déclara Jésus aux Juifs de Son époque qui se montraient incapables de reconnaître les Signes des temps, de venir et de voir ? Telles sont quelques-unes des questions que pose un frère à sa sœur, "catholique" mais, peut-être, dans le fond, plus soucieuse de la Vérité que du dogme ? Qu'en est-il exactement ? Jésus, Lui, ne S'inquiéta pas de confessions religieuses, n'est-ce pas ?

Que signifie cette volonté de se promener dans la vie avec des œillères ?

Oh ! ces questions ne lui sont pas posées pour qu'elle lui réponde à lui, mais seulement pour qu'elle y réponde à elle-même ! Car, ce n'est pas d'"avoir raison" qui importe ici, mais bien d'effectuer une réelle démarche de vie, sur le chemin de sa vie...

"Chemin de vie"… ?!? Faut-il s'arrêter à ce qui est décrété par une institution humaine, ou bien faut-il poursuivre jusqu'à atteindre ce qui est réellement attendu des Chrétiens par le Christ ? A toi de répondre !


En toute fraternité,      
ton frère affectionné.

Jacques