La Prière



Ressentant fort en moi le besoin de prier,
Oui, de Toi, Ô mon Dieu, en une "humble" Prière,
Je me suis approché, et Tu me souriais,
Me faisant comprendre que mon âme, trop fière,
Tellement exigeante et remplie de tourments,
Faisait encore obstacle à la Liaison parfaite :

« Tu dis que Tu M’aimes, pourtant Ton cœur Me ment,
Et ainsi Ton Amour ne peut être une Fête.

- Moi, Te mentir ? Mais Seigneur, je m’en garderais bien !

- Alors, si, en Mes Lois, Tu as pleine Confiance,
Toutes ces demandes dont Ton cœur est plein,
D’où viennent-elles donc, sinon de Ta défiance ?
Ne peux-Tu donc venir vers Moi comme un Enfant,
Qui vient à son cher Père avec ce qui l’oppresse ?
Et rien d’autre ! Que sont ces caprices d’enfants ?
Ne sais-Tu pas qu’à Moi, Ton Père, rien ne presse ?
Que Je suis Dieu, Vivant ! Éternel ! Omnipotent !
Que J’ai, oui, tout créé, que Ma Magnificence
Couvre tout l’Univers, et les Cieux tout autant !
Que tout ce qui vit, oui, partout, sans fin, M’encense,
Que Je sais tout de Toi et Toi si peu de Moi !
Que Moi, Ton Créateur, vois toutes Tes faiblesses,
Que Me sont familiers chacun de Tes émois,
Que Tu ne peux cacher ce qui, souvent, T’oppresse !

- Seigneur, je le vois bien : Tu es Tout et moi rien,
Je ne suis pas digne d’être devant Ta Face !
Mais le Maître accepte à ses pieds son bon chien,
Alors, j’espère, enfin, que, quoi que Toi Tu fasses,
Je saurais pour le moins, comme le fait mon chien,
Que Tu considères mon désir ou l’efface,
Reconnaître, humble, que c’est pour mon vrai Bien,
Et que Ma Tâche est de T’offrir, en moi, la Place ! »

Lorsque la Joie bouillonne en mon cœur éperdu,
Alors, Dieu, je sais que, sans Toi, je serais perdu !
Ce n’est que lorsque, Toi, rempli de Gratitude,
Je Te prie, que se voit, en moi, l’humanitude,
Ou bien lorsque, accablé d’une grande douleur,
Répandant sur mes joues l’abondance des pleurs,
Je reconnais enfin quelle est ma petitesse,
Mon néant, mon vide, ma "grande"… petitesse !
Je sais que ma prière ne va pas jusqu’à Toi,
Pas plus souvent que je ne grimpe sur le toit,
Mais je sais qu’elle sait, oui, avec certitude,
Trouver, dans l’Au-delà, ses sœurs vers l’Altitude !

« Devenez des Enfants !» a dit le Fils Divin,

« Demandez au Père du Pain et puis du Vin !
Soyez toujours sérieux au cours de la Prière !
Sérieux avant de vous agenouiller par terre !
Calme et Pureté sont absolument requis,
Si, vraiment, vous voulez tenir pour un acquis
Que votre prière, semblable à une bulle,
S’élève vers le Haut, légère comme un tulle !
Car Là-Haut tout est pur, Là-Haut, tout est Radieux!
Et seul le Pur trouve accès au Lumineux !
Alors arrive l’exaucement de la Prière,
Qui conduit vers le Mieux, la Vie et la Lumière ! »

Pascal Desjardins