MODERNE SCIENCE
DE L'ESPRIT



C’est l’histoire d’un gars qui cherchait la Lumière.
Il pensait La trouver en faisant des prières.
Quand il eût récité moult « paters » et « aves »,
Il voulut obtenir plus que ce qu’il avait.

Alors, il se tourna, ah ! chose épouvantable !,
Oui, vers, dans son salon Louis quatorze, la table !
Invoqua les esprits, conversa avec les morts,
Et se jugea bientôt en cela le plus fort !

Parfois, il se servait de lettres et de chiffres
Et pensait : ce que dit ce mort, je le déchiffre !
Mais il ne savait pas, non, ce pauvre insensé,
Qu’un autre, oui, achevait le discours commencé !

Il croyait pourtant bien lire son oncle Eugène
Mais ne le voyait pas, houspillant ce sans-gêne
Qui avait pris sa place à ce jeu du oui-ja
Pour pousser le verre vers le « nein » ou le « ja » !

Il ne le savait pas que l’oncle, sous l’empire,
Etait Napoléon, il s’attendait à pire…
La réponse obtenue, toujours plus, l’étonnait,
Et il était très fier, oui, d’être si bien né !

Bientôt, il ne put plus, du tout, rien faire d’autre
Que toujours consulter tous ces si bons apôtres,
Qui, sur tout, savaient tout, oui, si bel et si bien,
Qu’avec eux seulement il conservait des liens.

Les esprits m’ont parlé, disait-il, l’air superbe,
Je sais tout de la vie et tout autant du Verbe !
Jésus, à ma table, vient prendre le café,
Et Il me révèle ce que, Là-Haut, Il fait !

Ainsi succomba-t-il à la grandiloquence,
Aucun n’était dupe de sa fausse éloquence,
Par la folie seule cela pouvait finir,
Et quand on l’interna… prit fin son avenir !

Moralité : Amis qui cherchez la Lumière,
Trouvez-La dans la Veille et dans la vraie Prière,
Mais pas dans la science moderne des esprits !
Car qui croyait prendre, c’est bien lui qui est pris !


Pascal Desjardins