Léopold ENGEL
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MALLONA
La Planète explosée


PREFACE
de la deuxième édition allemande (1961)
par M. KAHIR


Témoignages d'une catastrophe d'une incommensurable ampleur, les débris d'une planète anéantie continuent d'orbiter sans cesse dans notre système solaire, tels des corps cosmiques d'où s'est retirée la vie. Là où, aujourd'hui encore, des nuées d'astéroïdes poursuivent leurs cycles éternels, il dut se produire, à une époque préhistorique, une tragédie sur laquelle est tombé le voile d'un mystère apparemment insondable.

Ce n'est d'abord que par déductions logiques que les astronomes ont pu élaborer une hypothèse relative à un tel événement cosmique. Les traces gigantesques de cet événement ne commencèrent en effet à émerger de la nuit que lorsque la photographie astronomique apporta de plus en plus de preuves du bien fondé de la théorie.

En feuilletant les pages d'un ouvrage quelconque d'astronomie, on pourra prendre connaissance des renseignements suivants : les astéroïdes, que l'on nomme aussi planétoïdes, sont un groupe de très petites planètes qui se distinguent par une masse et un diamètre exceptionnellement réduits. C'est le cycle qu'elles parcourent autour de notre soleil (bien que leur orbite soit très irrégulière), qui justifie leur qualité de planète. Leurs orbites se situent pour la plupart dans un espace compris entre l'orbite de Mars, et celui de Jupiter. On connaît aujourd'hui presque 2 000 de ces astéroïdes dont le décompte et le recensement a été plus particulièrement effectué par l'institut Képler de Berlin.

Assez tôt, on supposa qu'il existait des proportions entre les distances qui séparent le soleil et les différentes planètes de son système. C'est ainsi que le célèbre astronome du XVIIème siècle J. Kepler parvint à élaborer ses trois lois planétaires. En 1766, le Professeur Titius, de Wittenberg, établit une série à laquelle l'astronome Bode, principalement, donna son adhésion. Cette classification des planètes, connue sous le nom de "Série de Titius-Bode", exige, entre les orbites de Mars et de Jupiter, l'existence d'une planète qui demeura cependant invisible dans le ciel nocturne.

Ce n'est qu'en 1801, à Palerme, que Piazzi y découvrit, non pas une vraie planète aux dimensions normales, mais un petit corps cosmique, semblable à une planète, dont le diamètre est estimé à 760 km. On la nomma "Cérès". Au cours des six années qui suivirent, on découvrit encore trois autres petites planètes, Palas, Junon et Vesta, dont les diamètres sont évalués entre deux cents et cinq cents kilomètres. A cause des dimensions trop réduites du grand nombre des planétoïdes non encore observés à cette époque, la prochaine planète naine, Astrée, ne fut découverte qu'en 1845. Et ce n'est que depuis l'utilisation de la photographie astronomique que surgirent du fond du firmament ces nuées d'astéroïdes dont le recensement total peut être aujourd'hui considéré comme à peu près terminé.

A l'exception des quatre relativement gros planétoïdes qui ont été découverts en premier, il s'agit en général de corps cosmiques de très petites dimensions dont le diamètre varie, en plus ou en moins, autour de dix kilomètres. Leur orbite est extrêmement irrégulière. Par exemple, Eros peut se rapprocher de notre Terre à moins de 600 000 km (moins du double de la distance qui sépare la Terre de la Lune) tandis qu'Hidalgo poursuit sa course par moment loin au-delà de l'orbite de Jupiter. De même, l'angle d'inclinaison des astéroïdes sur l'écliptique est le plus souvent beaucoup plus important que celui des autres grandes planètes. On estime que la masse totale de tous ces mondes en miniature atteint à peine la millième partie de la masse terrestre.

Bien que l'opinion scientifique contemporaine se soit arrêtée à cette estimation, due à l'état actuel de l'observation, cela ne signifie point que, à l'origine, la masse totale de tous ces astéroïdes n'ait pas été beaucoup plus élevée. Car le plus grand nombre de tous ces débris errants a dû être capté depuis longtemps par le soleil ou d'autres planètes. Il est possible que les deux petites lunes de la planète Mars (Deimos et Phébus), de même que les corps cosmiques particulièrement petits que sont les satellites de Jupiter, de Saturne et d'Uranus soient constitués de tels débris cosmiques, captés par le champ gravitationnel de ces planètes.

Quant à l'opinion des savants relativement à l'origine de ces astéroïdes, plusieurs hypothèses sont avancées: Les uns pensent qu'ils sont constitués par des masses de matériaux abandonnés par d'anciennes comètes lors de leur passage dans notre système solaire; d'autres qu'ils proviennent d'un anneau nébulaire qui devait autrefois entourer le soleil; d'autres enfin, - en particulier Olbers qui, dès 1830, émit le premier cette hypothèse - qu'ils sont les débris d'une planète qui aurait explosé jadis pour des raisons inconnues. Telle est la raison pour laquelle cette hypothétique planète reçut depuis le nom de "planète d'Olbers". L'astronomie contemporaine accorde néanmoins à cette dernière hypothèse la plus grande probabilité. Mais l'éloignement d'un tel événement dans l'espace et dans le temps le soustrait évidemment à toute tentative de démonstration matérielle.

Il n'en est que plus remarquable que nous ayons pu obtenir, en provenance d'une tout autre source que l'observation de la nature matérielle, quelques informations relatives à cette ancienne catastrophe du monde cosmique, catastrophe qui autrement se soustrairait à toute reconstitution.

Ce thème est apparu tout d'abord à plusieurs reprises dans l'œuvre d'un mystique autrichien nommé Jacob Lorber qui, vers le milieu du siècle dernier, reçut par la voie de l'inspiration des messages relatifs à de nombreux mystères de la création. Dans son œuvre intitulée "Le Grand Evangile de Jean", œuvre qui comprend dix volumes, on trouve à plusieurs reprises des indications au sujet d'une ancienne grande planète de notre système solaire. Cette planète, à la suite des menées d'une humanité techniquement très évoluée, mais devenue moralement foncièrement mauvaise, fut la proie de la folie destructrice de l'humanité qui l'habitait.

Il est en l'occurrence d'un grand intérêt de confronter les indications de Lorber relatives à la constitution de cette planète, et les constatations de l'astronomie au sujet des astéroïdes actuellement connus. Lorber écrit entre autre ce qui suit:

"Au début de la sixième période terrestre, cette planète, plus tard anéantie, orbitait, entourée de ses quatre satellites, entre Mars et Jupiter. Au point de vue dimensions, elle était proche de Jupiter, mais elle possédait cependant une atmosphère plus haute, de même qu'une inclinaison de ses pôles plus accentuée, ce qui lui conférait une orbite plus oblique autour du soleil. Lorsqu'intervint sa destruction, son explosion divisa l'ensemble de la planète en de nombreux morceaux plus ou moins volumineux. Seuls ses quatre satellites demeurèrent entiers [Ce sont les 4 plus gros astéroïdes encore aujourd'hui observables. (Note de M. Kahir)]. Mais, du fait qu'il avaient perdu leur centre gravitationnel, leur mouvement sombra dans le désordre, et ils s'éloignèrent de plus en plus les uns des autres parce que, à la suite de l'explosion, ils subirent une forte poussée due à la déflagration. Les débris de la planète centrale se dispersèrent dans le vaste espace compris entre Mars et Jupiter. Un grand nombre de plus petits débris s'éloignèrent encore davantage. Quelques uns tombèrent sur Jupiter, d'autres sur Mars, quelques-uns même sur la Terre, la Lune, Mercure, Vénus et le Soleil. Sur les débris, il n'y a plus de vie organique, seulement l'érosion et une lente désintégration."

Lorsque Lorber écrivit ces lignes reçues par métagnose, aux environs de 1850, à l'exception des quatre grands astéroïdes découverts entre 1801 et 1807 et de quelques autres planétoïdes repérés en 1845, il n'existait pas encore la moindre trace des très nombreux débris cosmiques qui par la suite étonnèrent tant les astronomes.

Le même cas se présenta pour la planète Neptune, dont la dimension, la constitution, l'éloignement, le temps de révolution, etc., sont minutieusement décrits dans l'œuvre de Lorber intitulée "Le soleil naturel" œuvre dont la parution prouvée date de 1842, alors que cette même planète fut aperçue pour la première fois à Berlin en 1846 par l'astronome Galle. Celui-ci la trouva d'ailleurs presque exactement au point annoncé par les calculs de Leverrier, et le jour même où Leverrier publiait son ouvrage, c'est-à-dire quatre ans après la parution du livre de Lorber. Voilà de bien singulières "coïncidences" !

A ceux qui doutent encore de l'existence des facultés parapsychologiques de l'être humain, ces faits historiquement prouvés devraient donner quelque peu à réfléchir. Le lecteur intéressé par ce qu'écrivit Lorber au sujet de l'humanité qui habita la planète anéantie, et au sujet des raisons de son explosion, pourra en prendre connaissance dans l'ouvrage intitulé "Vision Spirituelle du Cosmos" ["Der Kosmos in geistiger Schau". Ouvrage non traduit en français].

Une image complémentaire de cette description cosmique fut reçue au début de ce siècle par Léopold Engel qui vivait alors à Berlin. A bien des égards, Engel fut un esprit très proche de Lorber. Son livre intitulé "Mallona" - le présent ouvrage - fut écrit à l'aide d'une méthode de perception plus ou moins semblable à celle de Lorber, mais d'une façon néanmoins quelque peu différente. Il se servit d'un médium, ou paragnoste, qui possédait au plus haut degré cette faculté que les parapsychologues nomment la vision psychométrique. Dans son avant-propos, l'auteur donne toutes les indications sur la manière dont son livre fut écrit. L. Engel rassembla en un tout chronologiquement ordonné la longue suite de clichés qui se déroulèrent devant l'œil spirituel de la voyante, comme un film vivant, qu'elle décrivit par moment dans une transe médiumnique fort animée.

C'est ainsi que ce livre donne une parfaite image rétrospective d'un événement éloigné dans l'espace, l'image d'une catastrophe cosmique qui se déroula à une époque perdue dans la nuit des temps : l'anéantissement d'une planète par le genre humain qui l'habitait et à qui elle devait servir de séjour jusqu'à ce que les hommes aient parachevé leur évolution spirituelle. Un des mystères de la création fut ainsi dévoilé aussi bien à Lorber qu'à Engel. Le rôle que devait jouer cette ancienne planète est aujourd'hui dévolu à notre Terre où fut transplantée une partie des esprits humains qui habitèrent la planète explosée. Une fois de plus, l'occasion leur est offerte d'atteindre le but devant lequel échoua jadis l'humanité de Mallona.

La planète détruite continue cependant de parler aujourd'hui encore un langage bouleversant, dans le firmament accessible à nos regards - il suffit de vouloir comprendre ce langage ! Ce champ de ruines dans notre voisinage cosmique n'est-il pas un grave avertissement aux habitants de la planète Terre ? C'est pourquoi les clichés spirituels qui vont suivre devraient inciter l'humanité contemporaine à connaître et à respecter l'inébranlable ordre naturel, afin de ne pas sombrer par leur propre faute dans le même désastre que les citoyens du monde de Mallona, que la tyrannie et l'avidité conduisirent à leur perte avec leur séjour cosmique.

Ce livre, "Mallona", doit être considéré comme un grave, et sans doute comme un dernier avertissement à notre humanité parvenue à un tournant cosmique. Car, pour la Terre, le temps aujourd'hui est arrivé dont le Christ aurait dit - selon l'interprétation de Lorber dans son "Grand Evangile":

"Les générations futures de votre Terre inventeront, elles aussi, d'effroyables explosifs, en plus d'une foule de moyens de destruction. Et ils causeront bien des ruines sur la Terre. Mais Dieu veillera à ce qu'ils ne les utilisent pas à de trop grandes profondeurs. C'est pourquoi un anéantissement total de votre planète n'aura pas lieu, bien que d'immenses destructions locales seront à coup sûr provoquées. Les hommes seront pris d'angoisse, de peur et d'une affliction indescriptibles ; beaucoup sécheront de frayeur et seront dans la crainte des malheurs qui fondront sur la Terre..." [A rapprocher avec les paroles de Jésus dans les Evangiles cf. Mathieu XXIV]

Sans doute ces lignes n'annoncent-elles pas un anéantissement du monde, à l'encontre de ce que prédisent maints faux prophètes d'aujourd'hui. Cependant, même la plus vive imagination est incapable de se représenter les conséquences que sont capables d'avoir pour l'humanité des catastrophes qui n'auront "QUE" des dimensions continentales. Il importe de se préparer intérieurement et matériellement à de tels événements. Car tous les prophètes authentiques, c'est-à-dire ceux qui ont puisé à des sources véritablement spirituelles depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, se sont accordés à prévoir une évolution de la culture humaine jusqu'à un tournant cosmique qui décidera de la pérennité de l'humanité. Incontestablement, l'aspect diabolique [Voir à ce propos LA DANSE AVEC LE DIABLE, LA CUISINE DU DIABLE et LES DERNIERES CARTES DU DIABLE par Günther SCHWAB, Editions du Courrier du Livre, Paris] de notre époque technocratique a été prévu, époque où l'usage pernicieux de l'énergie nucléaire permet à présent de voir se préciser dans un proche avenir la réalisation de semblables pré-visions.

Il se trouvera certainement plus d'un lecteur qui branlera la tète devant ce que de telles idées peuvent présenter d'étrange; plus d'un qui cherchera à prouver à l'aide d'objections astronomiques, physiques, archéologiques, et sans doute même théologiques, que le récit de Mallona n'est pas digne de foi et qui cherchera même à réfuter l'existence des phénomènes supra-sensoriels. Que chacun prenne à l'égard de ces faits la position que lui permet sa capacité de compréhension. Car les enseignements spirituels issus de la Tradition et de la Prophétie ne veulent pas imposer de nouveaux dogmes de foi, mais ils veulent au contraire unir les fruits de la recherche scientifique et les enseignements religieux avec les plus anciennes connaissances, dont les œuvres d'un Jacob Böhme, d'un Swedenborg et d'un Lorber attestent l'existence, de même que les écrits de Leopold Engel.

Malgré de gigantesques télescopes, malgré l'analyse spectrale et la photographie céleste, jamais ces instruments matériels n'ont permis de jeter un regard sur l'essence profonde de l'univers cosmique. Et ce ne sera pas davantage possible dans l'avenir parce que ce qu'il y a d'essentiel dans le Macrocosme repose, telle une reproduction, dans l'être intime du Microcosme, c'est-à-dire dans l'esprit humain.

"Tout ce qui passe n'est que symbole !" disait Goethe. Et c'est ainsi que le sens profond du drame de la fin d'une planète est, certes, une réalité, mais n'est, simultanément, que le reflet de la Vérité éternelle qui agit derrière elle...

Aujourd'hui, l'homme de notre Terre se trouve également sous le signe de l'atome. Il est à nouveau placé à une croisée des chemins où son choix pourrait le conduire - non seulement lui mais son séjour terrestre, notre mère la Terre - à une destinée définitive.

Levons donc un regard lucide vers ces insistants signes célestes de notre domaine planétaire, vers ces nuées d'astéroïdes, signes visibles du caractère périssable du monde cosmique, œuvres issues de mains humaines qui furent maudites. Ils constituent un avertissement et une exhortation à nos contemporains responsables de leurs actes.

Graves et solennelles, les planètes poursuivent leur course dans l'Harmonie des Sphères. Seul, le plus grand sujet d'étonnement de la création, l'Homme, est capable de le troubler par son libre arbitre, en y introduisant la dysharmonie.

Cependant, la Volonté de Dieu est inscrite dans l'ordre cosmique, et Son Amour répare à nouveau ce que Lucifer a dévasté dans l'Homme et par l'Homme.

M. KAHIR

Introduction
par Jean CHOISEL