L'intellect peut-il aider
à la progression spirituelle?

 

 

Il est opportun de comparer la situation de l'intellect en regard de la quête spirituelle avec celle qu'a la technique - qui procède de l'intellect - en regard de la création artistique.

 

L'essence de l'art, c'est l'inspiration[1]; dans le processus de l'inspiration - de nature spirituelle - l'intellect, en tant que tel, n'a rien à voir; la technique ne vient qu'après. Quel est son but? Donner à l'esprit l'instrument, l'outil nécessaire, pour traduire cette inspiration sur le plan terrestre, gros-matériel. Il ne sert, en effet, pas à grand chose à l'artiste d'avoir une inspiration extraordinaire, s'il ne sait pas la rendre tangible pour les autres. Que sert au musicien d'avoir de la musique "plein la tête", s'il ne sait pas l'écrire ou la jouer? Que sert au poète que sa muse lui raconte "des tas de choses", s'il ne trouve pas les mots pour en faire part aux autres? Que sert au peintre de voir des images splendides, s'il n'arrive pas à les restituer sur une toile? Personne d'autre que lui ne pourra en profiter!

 

Mais dans les mondes plus élevés de l'Au-delà, la technique intellectuelle est inutile, puisque tout prend forme immédiatement et spontanément[2]. Ce n'est que sur Terre que l'artiste a besoin d'une technique pour transmettre son inspiration et c'est bien pourquoi l'outil intellectuel nous est donné sur la Terre, mais, en tant que tel, il ne participe nullement à la quête spirituelle ni non plus à la démarche artistique.

 

Aussi à la question: « La domination de l'intellect est-elle un "passage obligé" de l'évolution spirituelle? », nous répondons catégoriquement: « NON! »

 

Lorsque l'intellect domine chez l'être humain (ce qui est aujourd'hui la règle, hélas), ce n'est que lorsque l'esprit est parvenu à s'en libérer - par un éveil intérieur suffisant - au moins jusqu'à un certain degré que l'ascension spirituelle devient possible. La quête spirituelle s'accomplit non pas "grâce à", mais bien plutôt "malgré" l'intellect, qui ne peut jamais "faire partie intégrante" de nous, donc de l'esprit - seul "Je" réel -, mais il n'est et ne demeurera qu'un outil devant rester à sa place, alors qu'il essaie toujours de prendre la première en asservissant l'esprit. C'est ce que l'on appelle "l'inversion des lumières": alors que la Lumière de l'esprit doit se trouver "en haut" et celle de l'intellect "en bas", en dessous, l'intellect, chez la majorité des êtres humains, a pris la première place, et ils le prennent même pour leur "Je" (le "Moi Supérieur"), alors qu'il n'est, en fait, que leur "ego", le reflet.

 

En bref: Un puissant intellect aux facultés brillantes n'est nullement nécessaire pour parvenir à l'ascension spirituelle. Bien souvent même, s'il n'est pas maîtrisé par l'esprit (ce qui est fréquent), il s'avère être un puissant obstacle à l'évolution de celui-ci, qui se retrouve comme dans "un sac ficelé à son sommet par l'intellect".

 

Si la virtuosité intellectuelle était nécessaire à la progression spirituelle, celle-ci serait hors de portée des "petits", des "humbles" sans instruction poussée, des "simples en esprit" dont Jésus a pourtant dit que le Royaume des Cieux "est à eux". Jésus qui, précisément, n'a pas choisi Ses Disciples parmi les docteurs de la loi érudits ni parmi les scribes, mais, au contraire, parmi les gens simples (des pêcheurs) qui n'avaient pas à lutter contre l'opinion que la voie spirituelle est compliquée à suivre, ainsi que le croyaient les "doctes cerveaux" qui passaient tout leur temps à étudier de vieux manuscrits poussiéreux. L'intellect n'est pas un obstacle s'il est sous la maîtrise de l'esprit, mais son rôle doit se limiter à transmettre l'information.

 

Quant à la réflexion, elle doit être spirituelle, c'est-à-dire intuitive. Certes la réflexion fait intervenir la pensée, mais cette pensée doit être globale, holistique. L'intellect y participe, mais il se laisse alors guider; il ne fonctionne plus "dans le vide", il est conduit de l'intérieur par la sensibilité de l'esprit. Il réfléchit sur ce que l'esprit éprouve. Il assure la liaison et la continuité des différents états d'âme ressentis mentalement; il devient alors sentiment (senti-mental).

 

Nul besoin donc, bien au contraire, de vouloir nous empêcher de réfléchir et de penser, car c'est là une voie de progression, mais il faut simplement que cette réflexion soit "conduite de l'intérieur"!

 

Suivant en cela les Lois de la Création, nous reconnaîtrons alors bien vite quelle place doit occuper, en réalité, l'intellect et laquelle revient à l'esprit !

 

 

Christian Perrac

 

 



[1] Voir sur ce site les deux textes de Marco Caldi : "La Force de l'Art" et "L'Inspiration".