Le Sixième Commandement.

« Tu ne dois pas briser un mariage ! »

 

« J'ai trouvé plus amère que la mort
la femme dont le cœur est un piège et un filet,
et dont les mains sont des liens ;
celui qui est agréable à Dieu lui échappe,
mais le pécheur est pris par elle. »

- Le roi Salomon, Ecclésiaste VII, 26 -

 

Le sixième Commandement – bien qu’ils le soient tous ! – est probablement l’un des plus méconnus par les êtres humains. Dans la Tradition catholique on l’énonce ainsi « Tu ne commettras pas d’adultère ! ». Mais qu’est-ce qu’un adultère ? Le mot français évoque la relation avec l’état adulte, de sorte que l’on en vient à penser qu’il faut être adulte pour pouvoir transgresser ce Commandement. Cela n’est assurément pas faux, car un enfant, alors qu’il peut aussi mentir (transgression du huitième Commandement) ou voler (transgression du septième), ou même tuer (transgression du cinquième Commandement) ne peut, en effet, pas commettre d’adultère, mais cette première impression ne nous dit rien sur la réelle nature de la transgression signifiée par l’adultère.

Le terme allemand « Ehebruch » est bien plus explicite, car il signifie « brisure/rupture de mariage ». Là aussi, ce premier constat pourrait, toutefois, encore induire en erreur si l’on en venait à penser que l’interdiction de rompre le mariage s’appliquerait aux personnes mariées elles-mêmes. Le Commandement ne concerne pourtant pas les mariés eux-mêmes mais bien des tiers. Il vise donc les tentatives d’immixtion dans un couple véritablement marié, c’est-à-dire considéré comme marié par l’Auteur des Commandements, ce qui peut, à l’arrivée, se révéler encore assez différent du point de vue simplement humain.

La définition courante de l’adultère est celle-ci :

« L'adultère est le terme juridique et religieux pour désigner une relation amoureuse ou sexuelle entre un homme et une femme non mariés entre eux mais dont au moins l'un des deux est marié par ailleurs. »

Dans son sens le plus strict, l’on considère que l'adultère consommé exige l’existence d'un rapport sexuel entre les deux êtres humains adultères. L'adultère est alors souvent considéré comme un motif de divorce aux torts de celui qui le commet.

Pourtant, cet « adultère »-là n’a que peu à voir – voire rien – avec le sixième Commandement. En réalité, l’infidélité conjugale n’est pas visée par le sixième Commandement mais plutôt par le neuvième, qui dit : « Ne convoite pas la femme de Ton prochain ! ». Il suffit donc, ici, de faire pivoter le 6 pour qu’il se transforme en 9 pour que soit rétablie la juste perspective…

Le point de vue divin des Commandements, sixième & neuvième, est, toutefois, aussi, dans les deux cas, inverse du point de vue humain.

En effet, le neuvième Commandement ne vise pas l’infidélité dans le couple (par exemple, la femme qui se détourne de son mari pour avoir une aventure sexuelle avec un autre homme) mais celui par qui le danger arrive de l’extérieur en essayant de séduire une femme qui n’est pas la sienne, donc le séducteur. De ce point de vue, c’est plutôt lui qui se comporte ici en infidèle, qu’il soit ou non marié de son côté, car il est déjà, de ce seul fait, infidèle aux Commandements, à la Spiritualité, à la Morale, etc.

Avec le sixième Commandement ne sont pas, non plus, visés les époux eux-mêmes mais, de nouveau, celui ou celle qui, de l’extérieur, essaye de briser un mariage ou même seulement une union pas encore consacrée par le mariage (fiançailles ou état marital). En ce cas, le moyen d’aboutir à la brisure – ou rupture – du mariage ou de l’union peut aussi être le sexe mais pas seulement… En fait, tous les moyens sont « bons » - ou, plutôt, mauvais ! - dès lors où, par là, le résultat consistant en la brisure du mariage est atteint.

Le mot « brisure » est, ici, le mieux adapté, car il donne l’image d’une cassure arrivant de l’extérieur, tandis que le mot « rupture » donne plus facilement l’image d’une cassure effectuée, de l’intérieur, par les mariés ou l’un des mariés eux-mêmes. Mais si quelqu’un rompt lui-même son mariage ce n’est plus de l’adultère mais une simple action en divorce, ayant pour but la clarification d’une situation fausse depuis le départ - ou ensuite devenue fausse - par la dissolution volontaire d’une union devenue - ou reconnue - sans véritable raison d’être.

Le Commandement, dans son énoncé véritable, dit donc, plus clairement que « Tu ne dois pas commettre d’adultère » - énoncé qui, en français, peut, aujourd’hui, facilement être compris de travers - : « Tu ne dois pas briser un mariage ». Tu ne dois pas briser non pas Ton mariage (car il se pourrait que Tu aies de bonnes raisons pour cela !) mais le mariage de deux autres personnes, et cela quelle que soit la cause conduisant à la brisure.

Il suffit donc de se référer à l’énoncé allemand : « Du sollst nicht ehebrechen ! » pour avoir tout de suite la juste notion. L’on peut ici constater qu’en allemandincomparables justesse et précision de la langue allemande ! - existe même le verbe « ehebrechen » signifiant à soi tout seul, plus clairement que « adultère », : « briser un mariage ». Du coup, cela semble tout de suite évident qu’il ne peut s’agir là de son propre mariage mais bien de celui d’autres personnes.

Le Commandement a donc pour but non pas d’interdire le divorce – lequel n’est pas une faute en soi mais juste, au plus, un constat d’échec – ou même l’infidélité – laquelle, conduit, elle, à des fautes comme la tromperie, le mensonge, la convoitise - mais de protéger les Unions/Mariages existant comme tels devant Dieu.

Cela nous donne tout de suite à penser que les fausses unions ne sont donc, quant à elles, pas protégées. Cela ne signifie pas, pour autant, que les séducteurs auraient le droit de convoiter des femmes mal mariées, car la convoitise, en tant que telle, est clairement toujours condamnée non par le sixième mais par le neuvième Commandement. De plus, la Clarté, la Loyauté, la Droiture, l’Honnêteté d’une personne mal mariée exigent d’elle qu’elle quitte clairement une situation fausse avant de s’engager dans une nouvelle.

La difficulté réside ici dans le fait qu’en fonction de la législation différente des pays, la lenteur et les aléas des procédures judiciaires, les situations particulières (présence d’enfants, etc.), il peut, parfois, être, pour une personne mal mariée, très long et très difficile de s’extraire d’un faux mariage, de sorte à devoir longtemps attendre avant de complètement pouvoir « refaire sa vie », ce qui aura parfois comme résultat que, beaucoup de candidats au divorce, trop faibles pour résolument s’engager dans la voie du Nouveau, finiront même par y renoncer

Il faut aussi considérer que le sixième Commandement protège non seulement l’existence des vrais Mariages mais aussi, simplement, la Paix - et donc l’Harmonie - devant exister dans toute véritable Union.

Dans le cas d’une union, donc d’un couple – marié ou non –, où n’existe aucune réelle Harmonie il est clair que toute tentative d’intrusion extérieure ne pourrait pas arriver à briser ou même seulement à perturber ce qui n’existe pas déjà. En de tels cas le sixième Commandement ne s’applique pas, car un Commandement Divin ne se règle pas en fonction des conceptions et des dispositions humaines terrestres, mais, bien au contraire, en fonction de la Volonté Divine.

Un vrai Mariage existe donc uniquement là où l'harmonie et la paix règnent comme une évidence naturelle. Là où chacun, dans le couple, cherche, toujours uniquement, à ne vivre que pour son ou sa Bien-Aimé(e), à lui causer de la Joie. L'égoïsme et l’ennui sont, dès lors, complètement exclus de la vie quotidienne du couple, de même, aussi, que le périlleux besoin de distraction (« Que ferais-je bien pour me distraire de cette ennuyeuse situation ? ») ou encore le fait de s’imaginer ne-pas-être-compris. Ces fausses attitudes sont les fossoyeurs de tout véritable bonheur !

Lors d’un faux amour l’autre vit pour lui-même et non pour l’autre, et, peu importe avec qui il sera – qu’il change ou non de partenaire -, il ne sera jamais heureux aussi longtemps qu’il ne saura pas véritablement aimer.

Lors du véritable amour - lequel, dans un couple, concerne l'âme et non le corps -, cependant, le joyeux Don de soi est, lui aussi, une évidence, de sorte que la frustration de l'un des deux est complètement exclue. À ce sujet, le célèbre écrivain-aviateur Antoine de Saint-Exupéry a fort justement écrit : « Je reconnais l’Amour véritable au fait qu’il ne peut être lésé ».

Prenons, maintenant, le cas d’une union où n’existent ni la paix ni l'harmonie, une telle union ne mérite pas d'être appelée mariage, car, en réalité, elle ne l’est pas. C’est, en fait, uniquement – tel le « PACS »[1] - une association purement terrestre, qui n’a, devant Dieu, aucune valeur et, d’un point de vue spirituel, ne signifie donc rien.

Le sixième Commandement, pour s’appliquer, stipule donc un véritable mariage. Un autre mariage – donc une simple association terrestre, destinée à profiter des avantages purement terrestres que confère une telle association - n'est donc pas protégé par le Commandement. Cela a pour conséquence que la tentative de défaire, de l’extérieur, un mariage qui n’en est pas un est une faute beaucoup moins lourde que de s’attaquer à un vrai Mariage. Malgré cela, c’est à chacun, dans le mariage, de prendre conscience de la valeur – ou de l’absence de valeur – de son union, de sorte que de tierces personnes, sauf demande de conseil caractérisée, n’ont, de façon générale, pas à s’en mêler, parce que cela ne les regarde pas…

Quant à celui qui, de quelque manière que ce soit – qu’il s’agisse de convoitise sexuelle ou de toute autre chose -  trouble un vrai mariage il se charge d’une grosse culpabilité. La sexualité doit elle-même être sacrée, c’est-à-dire qu’elle ne doit jamais être séparée de l’authentique Amour.

Le Commandement est déjà transgressé si quelqu’un essaye de séparer, avant même leur mariage, deux êtres s'aimant d’un véritable Amour de l’âme. C’est pourtant ce que font, très souvent, non pas un{e} potentiel{le} amant{e} les parents de l’un ou l’autre des jeunes gens, lorsque le mariage pouvant résulter du rapprochement de leur fils ou fille avec une autre jeune personne de l’autre sexe n'est pas conforme à leurs propres désirs.

Souvent, en effet, les parents rêvent, pour leur enfant, d’un « beau/bon mariage », c’est-à-dire d’un mariage apportant à leur progéniture, sinon l’amour, la richesse et/ou la gloire, richesse ou gloire pour leurs enfants moins bien nés à leurs yeux, et dont ils espèrent, parfois aussi, qu’une part retombera aussi sur eux… Par conséquent, si leur enfant regarde dans une autre direction que le « beau parti » qu’ils avaient envisagé pour lui/elle, alors « adieu veaux, vaches, cochons, couvées » ! Cela risque d’être la fin de leurs illusions quant à la possibilité que leurs enfants soient « mieux lotis » qu’eux-mêmes ou, au contraire, qu’ils fassent eux-mêmes, sans déchoir, un mariage « conforme à leur rang ».

Alors ils s’y opposent, empêchant ainsi leur enfant de pouvoir s’unir à son « âme-sœur » en la demandant en mariage, ce qui, en vérité, est un crime contre l’esprit.

Dans tous ces « mariages arrangés » point d’Amour de l’âme, et sans Amour de l’âme, même au milieu d’une « cage dorée », point de {véritable} Bonheur !

Et si - si tant est que cela soit possible - un individu, que ce soit par envie, badinage ou autre motif impur, apporte consciemment la discorde ou même la zizanie dans un mariage conclu au Ciel, alors il se charge lourdement. Le pur amour entre deux êtres humains doit, pour tous, être sacré, il doit, à tous, inspirer respect et considération, mais pas la convoitise ! Car, en vérité, les vrais Mariages sont conclus au Ciel et se tiennent donc sous la protection du Créateur Lui-même !

Prenons le cas où, vis-à-vis d’un couple ainsi protégé d’En Haut, un être humain, homme ou femme, se sente attiré par la femme ou le mari de son prochain… Alors, que doit-il faire ? Il doit, tout simplement, mettre en pratique la maxime « Courage, fuyons ! », donc se détourner d’une personne qui, terrestrement, appartient déjà à quelqu’un d’autre (spirituellement, tous les êtres humains n’appartiennent qu’à leur Créateur). Il n’a le droit de regarder, avec un clair regard, qu’en direction des êtres humains qui n’appartiennent animiquement encore à personne et sont donc disponibles.

Si quelqu’un cherche sérieusement et de façon suffisamment persévérante, alors il trouvera, lui aussi,  de façon absolument assurée et conforme à la Volonté Divine, un être humain fait pour lui, avec lequel il sera alors tout aussi heureux qu’il aurait pu l’être avec la personne initialement envisagée si celle-ci n’avait pas déjà été liée, et, surtout, sans devoir auparavant se charger d'une lourde faute, qui, jamais, ne pourrait lui apporter un bonheur véritable et – surtout - durable.

La grande faute de nombreux êtres humains, bien souvent, est de s'efforcer d’obéir au sentiment (le senti-qui-ment !), de l'entretenir et de le cultiver en eux de force, jusqu'à ce que, celui-ci se renforçant, ils finissent par en être obsédés. C’est le début qu’il faut surveiller, le moment où la tentation se met en place…

Le sixième Commandement, tout comme le quatrième, s’adresse donc, tout d’abord, aux parents avant même de s’adresser aux enfants, qu’il concerne pourtant aussi. Car les enfants, eux aussi - aussi étonnant que cela puisse paraître - peuvent provoquer la zizanie entre leurs parents et, à ce titre, peuvent donc, également, se rendre coupable, oui, d’adultère !

La paix et l'harmonie existant entre deux êtres humains ne doivent jamais être détruites. Car la Volonté Divine suscite, partout, l’Accord de la céleste Harmonie. Celui qui, sur le chemin de son destin, veut demeurer libre de toutes entraves dommageables ne doit jamais l’oublier.

 

Jean Kerven

 

Les autres Commandements

 

 



[1] En France : « Pacte d’Assistance Civile et Solidaire », appelé par certains « mariage au rabais ».